CMJN de base
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104<br />
<strong>de</strong> réformes graduelles et a libéralisé son vaste marché intérieur,<br />
ce qui a permis à son économie <strong>de</strong> se développer. Si la Chine<br />
n’avait pas ouvert son économie au marché international dans<br />
les années 90, sa croissance aurait stagné. La Corée du Nord<br />
est dans ce contexte un exemple analogue. Il y a aussi <strong>de</strong>s cas<br />
documentés <strong>de</strong> situation d’autarcie dans lesquelles le commerce<br />
n’offre aucun avantage mais <strong>de</strong>s échanges ont lieu parce que<br />
l’un <strong>de</strong>s partenaires peut fabriquer un produit moins cher que<br />
l’autre. C’est pourquoi, sur une longue pério<strong>de</strong>, il est diffi cile <strong>de</strong><br />
réduire la pauvreté en l’absence d’échanges.<br />
La question du commerce et <strong>de</strong> la distribution <strong>de</strong>s richesses<br />
est liée aux perspectives <strong>de</strong> croissance. Dans <strong>de</strong> nombreux<br />
pays, la libéralisation <strong>de</strong>s échanges s’accompagne souvent<br />
d’une aggravation <strong>de</strong>s inégalités <strong>de</strong> revenus. Les étu<strong>de</strong>s ont<br />
montré que, dans certains cas, ces inégalités peuvent atteindre<br />
un niveau tel que les effets <strong>de</strong> la croissance sur la réduction <strong>de</strong><br />
la pauvreté sont réduits à néant. Dans ces cas, il faut adopter<br />
<strong>de</strong>s politiques appropriées pour atténuer l’effet <strong>de</strong> ces inégalités.<br />
Enfi n, M. Newfarmer a reconnu qu’il fallait faire davantage<br />
d’étu<strong>de</strong>s par pays pour formuler <strong>de</strong>s politiques permettant<br />
aux pays, notamment africains, <strong>de</strong> tirer profi t du commerce<br />
mondial.<br />
M. Razzaque Mohammad a formulé quelques observations<br />
fi nales sur la question <strong>de</strong> l’activité économique appropriée. Il<br />
a indiqué que, selon la théorie économique, les pays <strong>de</strong>vraient<br />
commercer sur la <strong>base</strong> <strong>de</strong> leur avantage comparatif. Mais<br />
on observe invariablement qu’un pays à forte intensité <strong>de</strong><br />
main-d’œuvre est mieux à même <strong>de</strong> réduire la pauvreté si le<br />
commerce, ou une activité économique, profi te à son industrie<br />
à forte intensité <strong>de</strong> main-d’œuvre et crée <strong>de</strong>s emplois. Ainsi,<br />
l’augmentation <strong>de</strong>s échanges dans le secteur <strong>de</strong> la confection au<br />
Bangla<strong>de</strong>sh a essentiellement profi té au groupe à faible revenu,<br />
ce qui a contribué au recul <strong>de</strong> la pauvreté, alors que les effets sur<br />
la pauvreté ont été minimes dans les secteurs à faible intensité<br />
<strong>de</strong> main-d’œuvre.<br />
M. Simon Evenett a indiqué, dans ses observations fi nales,<br />
qu’il était très favorable au développement d’institutions<br />
complémentaires, par exemple dans les domaines <strong>de</strong>s<br />
ressources humaines, <strong>de</strong> l’éducation, <strong>de</strong> la sécurité sociale ou<br />
<strong>de</strong> l’infrastructure, mais il hésiterait à dire qu’un pays doit adopter<br />
toutes sortes <strong>de</strong> mesures complémentaires avant d’entreprendre<br />
la libéralisation. Un certain nombre <strong>de</strong> pays ne tireraient profi t<br />
ni <strong>de</strong> la mise en œuvre <strong>de</strong> politiques complémentaires, ni <strong>de</strong><br />
la libéralisation. Certains ont déjà procédé à <strong>de</strong> nombreuses<br />
réformes et les conseillers politiques doivent maintenant<br />
examiner les résultats <strong>de</strong> ces réformes, en tenant compte <strong>de</strong>s<br />
intérêts politiques qui empêchent <strong>de</strong> tirer parti <strong>de</strong>s possibilités<br />
offertes par la mondialisation. S’il est vrai qu’un organisme<br />
extérieur peut soutenir le processus <strong>de</strong> réforme, il faut se<br />
rappeler que les principaux moteurs du développement sont<br />
nationaux, et dépen<strong>de</strong>nt souvent <strong>de</strong> la volonté politique; les<br />
facteurs extérieurs interviennent moins dans le processus.<br />
Pour conclure le débat, M. Selim Raihan a souligné que,<br />
lorsque l’on analyse les effets <strong>de</strong>s réformes commerciales sur la<br />
réduction <strong>de</strong> la pauvreté et sur le développement, il importe <strong>de</strong><br />
Forum public <strong>de</strong> l’OMC «Un commerce tourné vers l’avenir»<br />
distinguer les gains statiques <strong>de</strong>s gains dynamiques (retombées à<br />
court terme et retombées à long terme). Des étu<strong>de</strong>s ont montré<br />
que la libéralisation <strong>de</strong>s échanges peut avoir à court terme <strong>de</strong>s<br />
effets indésirables sur une économie mais qu’à long terme, le<br />
commerce aura <strong>de</strong>s effets positifs sur la croissance si l’économie<br />
ne souffre pas <strong>de</strong> rigidités structurelles. Or, <strong>de</strong> nombreux PMA<br />
et pays à faible revenu souffrent <strong>de</strong> telles rigidités; il leur faut<br />
donc absolument adopter <strong>de</strong>s politiques complémentaires pour<br />
les supprimer et pouvoir récolter les fruits <strong>de</strong> la libéralisation. Il<br />
est probable qu’en l’absence <strong>de</strong> politiques complémentaires, les<br />
effets négatifs à court terme se perpétueront.<br />
3.<br />
Conclusions et voie à suivre<br />
En conclusion, le modérateur, M. Atul Kaushik, a dit qu’il<br />
éviterait <strong>de</strong> formuler <strong>de</strong>s recommandations prescriptives, étant<br />
donné la diversité et l’ampleur <strong>de</strong>s questions abordées par les<br />
experts. Il a toutefois dégagé <strong>de</strong>s principaux arguments avancés<br />
un certain nombre <strong>de</strong> propositions intéressant l’OMC et noté les<br />
points controversés et problématiques qui ont été soulevés.<br />
Bien que les analyses <strong>de</strong>s échanges internationaux<br />
contiennent <strong>de</strong> nombreuses données signalant l’existence<br />
d’indicateurs <strong>de</strong> la libéralisation du commerce, ces étu<strong>de</strong>s ne<br />
font pas apparaître <strong>de</strong> lien fondamental entre la croissance et la<br />
réduction <strong>de</strong> la pauvreté. De même, le commerce en soi n’est<br />
pas forcément favorable à la croissance puisqu’une croissance<br />
positive exige la combinaison <strong>de</strong> plusieurs facteurs clés, comme<br />
la réduction <strong>de</strong> la corruption, l’augmentation <strong>de</strong> l’investissement<br />
et le développement <strong>de</strong> l’infrastructure. Si un pays est en mesure<br />
d’améliorer certains <strong>de</strong> ces facteurs, les liens se renforceront et<br />
les résultats favoriseront à la fois la libéralisation du commerce<br />
et la lutte contre la pauvreté. Néanmoins, comme l’ont indiqué<br />
les experts, il n’y a pas <strong>de</strong> consensus sur les conditions requises<br />
pour assurer la libéralisation <strong>de</strong>s échanges et le recul <strong>de</strong> la<br />
pauvreté.<br />
Plusieurs exposés ont indiqué l’existence d’une forte<br />
corrélation entre l’ouverture commerciale et la croissance.<br />
Néanmoins, comme l’a signalé M. Raihan, les résultats<br />
en termes d’ouverture, <strong>de</strong> réduction <strong>de</strong> la pauvreté et <strong>de</strong><br />
croissance varient selon les pays. En termes <strong>de</strong> productivité<br />
<strong>de</strong>s facteurs, le commerce n’est pas le seul moyen d’obtenir<br />
<strong>de</strong>s résultats positifs, d’autres facteurs, comme l’IED, pouvant<br />
s’avérer plus effi caces. L’ouverture et la réduction <strong>de</strong> la<br />
pauvreté dépen<strong>de</strong>nt <strong>de</strong> la structure <strong>de</strong> l’économie, du type et<br />
du <strong>de</strong>gré <strong>de</strong> protection, et <strong>de</strong>s politiques économiques, pour<br />
ne citer que quelques facteurs. Un autre enseignement peut<br />
être dégagé <strong>de</strong> l’étu<strong>de</strong> <strong>de</strong>mandée par CUTS qui montre que<br />
la libéralisation du commerce profi te généralement aux pays à<br />
vocation exportatrice. En conséquence, les réformes menées<br />
dans ces pays <strong>de</strong>vraient viser en priorité à renforcer les secteurs<br />
compétitifs. Par ailleurs, comme l’a dit M. Razzaque, il n’est<br />
pas tenu compte <strong>de</strong> «la dimension développement» du Cycle<br />
<strong>de</strong> Doha; il faudrait abor<strong>de</strong>r convenablement les problèmes <strong>de</strong><br />
développement dans les négociations.