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CMJN de base

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l’agriculture, la pêche et le souci du développement. La<br />

raison <strong>de</strong> ce choix est que ce sont <strong>de</strong>s domaines où, lorsqu’il<br />

s’agit <strong>de</strong> défi nir l’»intérêt national» <strong>de</strong> la Norvège en matière<br />

<strong>de</strong> libéralisation du commerce, les opinions diffèrent et sont<br />

quasiment opposées dans le pays. Dans le cas <strong>de</strong> l’agriculture,<br />

la Norvège a <strong>de</strong>s intérêts défensifs en matière <strong>de</strong> libéralisation;<br />

un environnement diffi cile et <strong>de</strong> mauvaises conditions <strong>de</strong><br />

production font que l’agriculture norvégienne est vulnérable à<br />

la concurrence étrangère et aux importations alimentaires. Dans<br />

le cas <strong>de</strong> la pêche, la Norvège est le <strong>de</strong>uxième exportateur<br />

mondial <strong>de</strong> poissons et <strong>de</strong> produits à <strong>base</strong> <strong>de</strong> poisson. Avec<br />

sa longue faça<strong>de</strong> maritime, ses importants stocks <strong>de</strong> poissons<br />

et un secteur piscicole en plein essor, elle est très compétitive<br />

sur les marchés internationaux. Elle a donc <strong>de</strong>s intérêts offensifs<br />

en matière <strong>de</strong> libéralisation du commerce pour le poisson et les<br />

produits à <strong>base</strong> <strong>de</strong> poisson. Le troisième point est l’intérêt <strong>de</strong><br />

la Norvège pour les pays en développement. Il peut paraître<br />

curieux <strong>de</strong> considérer cela comme un «intérêt national», mais<br />

c’est une question qui fi gure en bonne place dans les débats<br />

du Parlement, ce qui peut être considéré comme le refl et d’une<br />

politique étrangère généralement axée sur le développement,<br />

la Norvège aspirant à être, pour ainsi dire, une «superpuissance<br />

humanitaire». Reste à savoir si cette politique est compatible<br />

avec les autres intérêts du pays et comment elle <strong>de</strong>vrait être<br />

mise en balance avec eux, et sur ce point, les avis divergent.<br />

Pendant les négociations du Cycle <strong>de</strong> Doha, il est apparu<br />

que différents groupes d’intérêts nationaux exerçaient une<br />

infl uence croissante sur les positions adoptées par les États<br />

Membres. Alors que dans les négociations du Cycle d’Uruguay,<br />

on supposait que les autorités nationales utilisaient les accords<br />

commerciaux internationaux comme un moyen d’effectuer <strong>de</strong>s<br />

réformes au niveau national, dans le Cycle <strong>de</strong> Doha, l’infl uence<br />

<strong>de</strong> divers groupes d’intérêts nationaux, notamment les groupes<br />

exposés à la concurrence <strong>de</strong>s importations ou <strong>de</strong>s exportations,<br />

les parlements nationaux, les organisations <strong>de</strong> la société civile,<br />

<strong>de</strong>s ministères et d’autres organismes semble s’être renforcée.<br />

Le processus <strong>de</strong> négociation n’en est que plus compliqué, car<br />

l’emboîtement <strong>de</strong>s questions transversales est plus manifeste.<br />

Les effets d’emboîtement jouent un rôle crucial dans <strong>de</strong><br />

nombreuses approches théoriques <strong>de</strong> l’étu<strong>de</strong> <strong>de</strong>s négociations<br />

internationales, <strong>de</strong> même que dans les jeux à <strong>de</strong>ux niveaux. Ils<br />

peuvent en principe se manifester au niveau national comme<br />

au niveau international et à l’intersection entre les <strong>de</strong>ux (effets<br />

d’emboîtement synergique).<br />

Dans un article fondateur intitulé «Diplomacy and domestic<br />

politics: the logic of two level games», Robert D. Putnam (1988)<br />

soutient que, dans <strong>de</strong>s négociations internationales, les politiques<br />

extérieures et intérieures sont étroitement liées et interagissent<br />

<strong>de</strong> diverses façons. Selon lui, les aspects politiques <strong>de</strong>s<br />

négociations internationales <strong>de</strong>vraient être considérés comme<br />

un jeu à <strong>de</strong>ux niveaux. Au lieu d’expliquer la politique extérieure<br />

par <strong>de</strong>s facteurs purement nationaux («<strong>de</strong>uxième image») ou<br />

la politique intérieure par <strong>de</strong>s facteurs purement internationaux<br />

(«<strong>de</strong>uxième image inversée»), «il peut être utile <strong>de</strong> considérer<br />

les négociations internationales comme un jeu à <strong>de</strong>ux niveaux».<br />

Putnam établit une distinction analytique entre <strong>de</strong>ux phases<br />

du processus. La première (niveau-I) se déroule au niveau<br />

Forum public <strong>de</strong> l’OMC «Un commerce tourné vers l’avenir»<br />

international, entre les délégations nationales qui négocient.<br />

La secon<strong>de</strong> (niveau-II) a lieu au niveau national et consiste<br />

en l’examen par le Parlement <strong>de</strong> la ratifi cation du résultat <strong>de</strong>s<br />

négociations. Ce n’est peut-être pas une <strong>de</strong>scription empirique<br />

correcte <strong>de</strong> ce qui se passe dans la réalité, mais l’important<br />

c’est l’interaction entre ces <strong>de</strong>ux niveaux. D’après Putnam, les<br />

consultations et les pourparlers au niveau national débouchent<br />

sur la position initiale qui sera adoptée au niveau international,<br />

position qui sera peut-être modifi ée mais qui sera <strong>de</strong> nouveau<br />

soumise au niveau international pour ratifi cation. Il fait valoir<br />

que si la négociation au niveau international infl ue sur la position<br />

initiale adoptée au niveau national, les perspectives <strong>de</strong> ratifi cation<br />

nationale infl uent elles aussi sur les discussions et la négociation<br />

au niveau international. En fait, selon lui, l’attente d’un refus au<br />

niveau national peut conduire à l’abandon <strong>de</strong>s négociations au<br />

niveau international, sans qu’il y ait d’intervention formelle du<br />

niveau national.<br />

Un autre aspect important <strong>de</strong> cette interaction est que,<br />

si l’issue possible <strong>de</strong>s négociations internationales coïnci<strong>de</strong><br />

largement avec la possibilité d’une ratifi cation au niveau national,<br />

la conclusion d’un accord au niveau international sera plus<br />

probable. C’est ce que M. Putnam appelle l’«option gagnante»,<br />

qu’il défi nit, pour un pays donné, comme étant «l’ensemble <strong>de</strong><br />

tous les accords possibles (au niveau international) susceptibles<br />

<strong>de</strong> «gagner», c’est-à-dire d’obtenir la majorité nécessaire parmi<br />

les parties prenantes lorsqu’ils sont soumis au vote». Selon M.<br />

Putnam, les déterminants <strong>de</strong> l’option gagnante pour un pays<br />

sont essentiellement nationaux et comprennent les institutions<br />

politiques nationales, la répartition <strong>de</strong>s pouvoirs, les préférences,<br />

les coalitions nationales possibles et les stratégies suivies par<br />

le «négociateur en chef» ou, dans le cas <strong>de</strong> la Norvège, par le<br />

gouvernement.<br />

La Norvège est une démocratie constitutionnelle. Les<br />

affaires étrangères sont offi ciellement la prérogative <strong>de</strong> l’exécutif,<br />

c’est-à-dire du gouvernement. Mais cette prérogative est<br />

modifi ée par le principe du parlementarisme, la pratique<br />

constitutionnelle et les précé<strong>de</strong>nts judiciaires. La version<br />

norvégienne du parlementarisme a un caractère négatif: le<br />

gouvernement doit être accepté par le Parlement, mais il n’a<br />

pas besoin d’un vote <strong>de</strong> confi ance positif. De plus, il est tenu <strong>de</strong><br />

consulter le Parlement avant et parfois pendant les négociations<br />

pour obtenir un soutien majoritaire pour les traités importants.<br />

Six partis politiques sont représentés au Parlement: la Gauche<br />

socialiste, le Parti du centre, le Parti travailliste, le Parti libéral,<br />

le Parti populaire chrétien, le Parti conservateur et le Parti du<br />

progrès. Depuis la première tentative <strong>de</strong> lancement d’un nouveau<br />

cycle <strong>de</strong> négociations à Seattle en 1999, la Norvège a eu quatre<br />

gouvernements différents, dont trois étaient minoritaires.<br />

Le but déclaré <strong>de</strong>s quatre gouvernements dans les<br />

négociations sur l’agriculture était <strong>de</strong> préserver une marge<br />

<strong>de</strong> manœuvre nationale en matière <strong>de</strong> politique agricole, en<br />

ayant recours aux mesures nécessaires pour maintenir une<br />

production agricole viable dans tout le pays. C’est ce que l’on<br />

a appelé le «mandat» du Parlement. Mais les implications <strong>de</strong><br />

ce mandat en termes <strong>de</strong> dépenses publiques et <strong>de</strong> politique<br />

agricole varient d’un parti à l’autre. Les trois partis qui critiquent

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