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CMJN de base

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temps, ce projet <strong>de</strong> juillet 2008 revenait aussi à faire cinq pas<br />

en arrière par rapport aux règles existantes:<br />

1. Aucune véritable discipline n’a été proposée pour<br />

les prohibitions, taxes et autres restrictions à l’exportation<br />

qui, comme l’a indiqué la Banque mondiale, accentuent<br />

l’insécurité alimentaire sans même entraîner <strong>de</strong> baisse<br />

effective <strong>de</strong>s prix intérieurs.<br />

2. Même en vertu <strong>de</strong>s nouvelles propositions, la<br />

quasi-totalité <strong>de</strong> l’ai<strong>de</strong> alimentaire internationale risque<br />

<strong>de</strong> relever <strong>de</strong> ce qui sera désormais la «catégorie sûre»,<br />

même si «l’ai<strong>de</strong>» en question s’apparente en réalité à un<br />

écoulement <strong>de</strong>s excé<strong>de</strong>nts et à une perturbation <strong>de</strong>s<br />

échanges commerciaux, et qu’il s’agit donc <strong>de</strong> mesures<br />

fort semblables aux subventions à l’exportation.<br />

3. Il n’existe pas <strong>de</strong> réel engagement à maintenir les<br />

niveaux d’ai<strong>de</strong> alimentaire en pério<strong>de</strong> <strong>de</strong> hausse <strong>de</strong>s prix<br />

<strong>de</strong>s produits <strong>de</strong> <strong>base</strong>; un graphique particulièrement<br />

consternant qui fi gure dans le rapport sur l’ai<strong>de</strong> alimentaire<br />

publié en 2007 par le Programme alimentaire mondial<br />

montre que les pics <strong>de</strong>s prix <strong>de</strong>s produits alimentaires<br />

coïnci<strong>de</strong>nt avec les pério<strong>de</strong>s où l’ai<strong>de</strong> alimentaire atteint<br />

<strong>de</strong>s creux historiques.<br />

4. Depuis plusieurs dizaines d’années, les pays riches<br />

qui accor<strong>de</strong>nt <strong>de</strong>s subventions font baisser les cours<br />

mondiaux, ce qui explique les contraintes qui pèsent sur<br />

l’offre et qui empêchent les producteurs <strong>de</strong>s pays pauvres<br />

<strong>de</strong> réagir à la hausse <strong>de</strong>s prix <strong>de</strong>s produits alimentaires<br />

en augmentant la production. Ces mêmes pays riches<br />

pourraient néanmoins continuer à cibler le soutien <strong>de</strong>s<br />

prix, à <strong>de</strong>s niveaux historiques, sur <strong>de</strong>s produits <strong>de</strong> <strong>base</strong><br />

spécifi ques, y compris sur <strong>de</strong>s matières premières qui<br />

servent à produire <strong>de</strong>s biocarburants, mais qui sont aussi<br />

<strong>de</strong>s aliments <strong>de</strong> <strong>base</strong> dans les pays en développement.<br />

5. Pour fi nir, les perdants du Cycle <strong>de</strong> Doha ne vont<br />

pas être dédommagés par un engagement contraignant<br />

visant à mettre en place un programme d’«Ai<strong>de</strong> pour le<br />

commerce».<br />

M. Ahmad est d’accord avec le modérateur au sujet <strong>de</strong> ces<br />

cinq lacunes. Le projet <strong>de</strong> modalités concernant l’amélioration<br />

substantielle <strong>de</strong> l’accès aux marchés, les réductions<br />

substantielles du soutien ayant <strong>de</strong>s effets <strong>de</strong> distorsion <strong>de</strong>s<br />

échanges et l’élimination progressive <strong>de</strong>s subventions à<br />

l’exportation constituent un grand pas en avant. Par exemple, il<br />

a d’ores et déjà été convenu lors <strong>de</strong> la Conférence ministérielle<br />

<strong>de</strong> Hong Kong que toutes les formes <strong>de</strong> subventions à<br />

l’exportation seraient éliminées d’ici à 2013. Par conséquent,<br />

il y aura un alignement sur les produits industriels, pour lesquels<br />

les subventions à l’exportation sont interdites <strong>de</strong>puis 50 ans.<br />

S’agissant <strong>de</strong>s subventions intérieures ayant <strong>de</strong>s effets <strong>de</strong><br />

distorsion <strong>de</strong>s échanges, il est entendu qu’elles seront réduites<br />

<strong>de</strong> 70 à 80 pour cent dans les principaux pays développés.<br />

Cet objectif semble extrêmement ambitieux. Néanmoins,<br />

sachant que les subventions américaines ont été ramenées à<br />

environ 8 milliards <strong>de</strong> dollars par an, dans un contexte <strong>de</strong> prix<br />

élevés <strong>de</strong>s produits <strong>de</strong> <strong>base</strong> et par rapport aux 48 milliards <strong>de</strong><br />

dollars actuellement inscrits dans leur liste, <strong>de</strong> nombreux pays<br />

estiment que, même après une réduction <strong>de</strong> 70 pour cent, les<br />

États-Unis disposeront encore d’une marge très confortable<br />

pour accroître leurs subventions ultérieurement. Dans le cas<br />

<strong>de</strong>s droits aussi, il a été convenu que les pays développés les<br />

abaisseraient en moyenne <strong>de</strong> 54 pour cent, voire <strong>de</strong> 70 pour<br />

cent pour les plus élevés. Là encore, il s’agit d’objectifs assez<br />

audacieux, mais les ambitions pourraient être largement<br />

modérées par le nombre <strong>de</strong> produits sensibles encore à<br />

déterminer et le traitement dont ils feront l’objet.<br />

Toutes ces mesures sont positives. En revanche, le<br />

Cycle <strong>de</strong> Doha n’envisage pas un nouveau durcissement<br />

<strong>de</strong>s dispositions existantes en matière <strong>de</strong> prohibitions, <strong>de</strong><br />

restrictions et <strong>de</strong> taxes à l’exportation. Dans le sillage <strong>de</strong> la<br />

récente crise alimentaire, beaucoup <strong>de</strong> pays y ont eu recours,<br />

aggravant ainsi la crise. À ce sta<strong>de</strong> déjà très avancé, il est peu<br />

probable que quoi que ce soit d’important puisse être convenu<br />

dans ce domaine.<br />

M. Melén<strong>de</strong>z-Ortiz a souligné que les règles <strong>de</strong> l’OMC<br />

n’avaient pas été conçues dans le but <strong>de</strong> traiter <strong>de</strong>s questions<br />

<strong>de</strong> sécurité alimentaire, mais qu’elles visaient plutôt à réformer<br />

les marchés agricoles dans une perspective commerciale. Par<br />

conséquent, la problématique se complique inévitablement si<br />

nous évaluons les règles <strong>de</strong> l’OMC en fonction d’objectifs <strong>de</strong><br />

sécurité alimentaire.<br />

Si l’on considère le Cycle d’Uruguay et les promesses<br />

qui ont été tenues sur le plan <strong>de</strong> l’accès aux marchés et <strong>de</strong>s<br />

subventions, ainsi que les propositions contenues dans le<br />

projet actuel <strong>de</strong> modalités pour le Cycle <strong>de</strong> Doha, on est forcé<br />

<strong>de</strong> conclure que le niveau <strong>de</strong>s ambitions est très mo<strong>de</strong>ste.<br />

Toutefois, connaissant les efforts <strong>de</strong> négociation qu’il a fallu<br />

déployer pour parvenir au projet <strong>de</strong> modalités <strong>de</strong> juillet,<br />

mieux vaudrait s’efforcer <strong>de</strong> conclure rapi<strong>de</strong>ment le Cycle en<br />

cours. Ensuite, par contre, il faudra s’attaquer aux questions<br />

structurelles en raison <strong>de</strong>squelles il a été diffi cile <strong>de</strong> faire<br />

preuve <strong>de</strong> plus d’ambition. Nous ne pouvons ignorer que nous<br />

vivons dans un mon<strong>de</strong> différent <strong>de</strong> celui qui a vu la conclusion<br />

du Cycle d’Uruguay. Le mon<strong>de</strong> d’aujourd’hui se caractérise<br />

par <strong>de</strong>s paramètres nouveaux et durables qui infl uent sur les<br />

marchés agricoles: évolutions démographiques, inci<strong>de</strong>nce<br />

<strong>de</strong> la résurgence <strong>de</strong>s économies chinoise et indienne sur<br />

les habitu<strong>de</strong>s alimentaires, pénurie d’eau, changements<br />

climatiques, disponibilité <strong>de</strong>s ressources énergétiques, etc.<br />

À cet égard, la crise <strong>de</strong>s prix <strong>de</strong>s produits alimentaires<br />

constitue dans une large mesure un signal d’alarme. Se<br />

tourner vers les outils qui ont servi lors <strong>de</strong>s négociations <strong>de</strong><br />

l’OMC sur l’agriculture et les évaluer à l’aune <strong>de</strong>s facteurs qui<br />

déterminent les hausses <strong>de</strong> prix se révélerait un exercice plutôt<br />

décevant. Premièrement, la question <strong>de</strong>s prix du pétrole et<br />

<strong>de</strong> l’énergie sort à l’évi<strong>de</strong>nce complètement du champ <strong>de</strong>s<br />

négociations sur l’agriculture. S’agissant <strong>de</strong>s très mauvaises<br />

récoltes <strong>de</strong> <strong>de</strong>nrées essentielles faites en Australie, au Canada<br />

et en Asie centrale en 2007/08, nous disposons peut-être <strong>de</strong><br />

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