CMJN de base
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Résumé<br />
Jusqu’à présent, le système du GATT/<strong>de</strong> l’OMC a plutôt<br />
été axé sur la libéralisation du commerce <strong>de</strong>s «choses» – tout<br />
d’abord les marchandises, puis les capitaux et les services.<br />
La libre circulation <strong>de</strong>s «personnes» ou <strong>de</strong> la main-d’œuvre, y<br />
compris les migrations économiques, <strong>de</strong>meure une liberté qui<br />
n’est pas assez encouragée (si ce n’est dans le cadre limité du<br />
mo<strong>de</strong> 4 au titre <strong>de</strong> l’AGCS). Or, les économistes nous disent<br />
que les gains potentiels <strong>de</strong> cette «quatrième liberté» sont<br />
bien plus importants que tous les avantages qui pourraient<br />
être tirés d’une libéralisation plus poussée du commerce <strong>de</strong>s<br />
marchandises ou <strong>de</strong>s services. Toutefois, comment concilier<br />
ces avantages économiques et les coûts <strong>de</strong> nature politique,<br />
sociale et culturelle qui sont souvent évoqués? L’OMC<br />
peut-elle et <strong>de</strong>vrait-elle jouer un plus grand rôle en la matière?<br />
Si oui, comment les règles <strong>de</strong> l’OMC <strong>de</strong>vraient-elles interagir<br />
avec les activités menées, par exemple, par l’Organisation<br />
internationale du travail (OIT) ou l’Organisation internationale<br />
pour les migrations (OIM)? Les migrations <strong>de</strong>vraient-elles<br />
plutôt rester du domaine exclusif <strong>de</strong>s politiques nationales?<br />
Que faudrait-il pour parvenir à un grand compromis dans<br />
le cadre duquel les pays riches seraient prêts à ouvrir leurs<br />
marchés du travail? S’il est trop diffi cile d’arriver à un accord<br />
entre les 153 Membres <strong>de</strong> l’OMC, cette question <strong>de</strong>vrait-elle<br />
faire l’objet d’accords <strong>de</strong> libre-échange ou d’accords<br />
bilatéraux? Le groupe d’experts a présenté les données<br />
économiques disponibles et a examiné comment concilier les<br />
avantages et les inconvénients <strong>de</strong>s migrations économiques.<br />
Il a en outre examiné quelles étaient les meilleures stratégies<br />
pour faire progresser la question au niveau international, et a<br />
passé en revue les différentes enceintes et les divers outils<br />
normatifs existants.<br />
1.<br />
Exposés <strong>de</strong>s experts<br />
Le modérateur a proposé d’engager la discussion à<br />
partir <strong>de</strong>s questions posées aux intervenants plutôt qu’à partir<br />
d’exposés ex cathedra. À son avis, cette façon <strong>de</strong> procé<strong>de</strong>r<br />
favoriserait le débat et ai<strong>de</strong>rait à rapprocher les points <strong>de</strong> vue<br />
<strong>de</strong>s intervenants sur le sujet <strong>de</strong>s migrations économiques.<br />
Le modérateur a d’abord rapi<strong>de</strong>ment présenté le thème<br />
du débat. Il a souligné que l’OMC avait relativement réussi à<br />
libéraliser le commerce <strong>de</strong>s «choses» mais que, s’agissant <strong>de</strong>s<br />
fl ux <strong>de</strong> travailleurs, les résultats avaient été assez mo<strong>de</strong>stes,<br />
comme le montraient les engagements relatifs au mo<strong>de</strong> 4<br />
au titre <strong>de</strong> l’AGCS. L’objectif du débat était d’examiner ce<br />
décalage et <strong>de</strong> voir comment intensifi er la coopération<br />
internationale sur les migrations économiques.<br />
(a) Données économiques démontrant les<br />
avantages <strong>de</strong> la libéralisation du mouvement<br />
<strong>de</strong>s personnes<br />
Pour lancer le débat, le modérateur a proposé que les<br />
intervenants discutent d’abord <strong>de</strong>s effets positifs potentiels <strong>de</strong>s<br />
migrations économiques. Il leur a plus précisément <strong>de</strong>mandé<br />
<strong>de</strong> démontrer les avantages économiques éventuels d’une<br />
libéralisation accrue du mouvement <strong>de</strong>s personnes.<br />
M. Joel Trachtman a souligné que les modèles <strong>de</strong><br />
simulation et les exemples tirés <strong>de</strong> l’histoire <strong>de</strong> l’économie<br />
montraient que la libéralisation <strong>de</strong>s migrations augmenterait<br />
considérablement la richesse mondiale. Sans entrer dans<br />
les détails <strong>de</strong>s modèles économiques, le mouvement <strong>de</strong>s<br />
personnes pourrait accroître la productivité et le bien-être<br />
global. Les modèles <strong>de</strong> simulation montraient que les<br />
migrations économiques auraient <strong>de</strong>s effets positifs sur le<br />
bien-être beaucoup plus importants que la libéralisation<br />
totale du commerce <strong>de</strong>s marchandises. M. Trachtman a<br />
également parlé <strong>de</strong>s enseignements tirés du XIX e et du XX e<br />
siècle, au cours <strong>de</strong>squels les migrations avaient contribué à la<br />
convergence <strong>de</strong>s salaires et au développement.<br />
De l’avis <strong>de</strong> M. Bimal Ghosh, tant le bon sens que la<br />
théorie semblaient montrer que les migrations économiques<br />
<strong>de</strong>s pays riches en main-d’œuvre vers les pays riches en<br />
capitaux et manquant <strong>de</strong> travailleurs étaient bénéfi ques à la<br />
fois pour les pays d’origine et pour les pays d’accueil. Mais<br />
dans la réalité, d’autres facteurs entrent toujours en jeu, ce<br />
qui explique pourquoi les migrations économiques entraînent<br />
à la fois <strong>de</strong>s avantages et <strong>de</strong>s coûts. Le défi consiste à<br />
maximiser les gains tout en limitant les pertes pour toutes les<br />
parties concernées. L’évolution <strong>de</strong>s marchés du travail, <strong>de</strong>s<br />
systèmes <strong>de</strong> sécurité sociale et <strong>de</strong> la démographie montre<br />
que les migrations économiques ont un rôle positif à jouer<br />
dans les pays d’accueil (industrialisés), tout en profi tant aux<br />
pays d’origine (en développement) et à l’économie mondiale.<br />
Prenant <strong>de</strong>s exemples historiques, M. Ghosh a cité l’expérience<br />
<strong>de</strong> l’Italie, <strong>de</strong> la Suè<strong>de</strong> et <strong>de</strong> l’Irlan<strong>de</strong> au milieu du XIX e et au<br />
début du XX e siècle. Il a rappelé que l’émigration avait joué<br />
un rôle crucial dans l’amélioration <strong>de</strong> la situation économique<br />
<strong>de</strong> ces pays et, après la guerre, dans la reconstruction et<br />
la prospérité retrouvée <strong>de</strong> l’Europe occi<strong>de</strong>ntale, dans les<br />
années 50 et 60. Selon lui, la libéralisation <strong>de</strong>s migrations<br />
économiques entraînerait non seulement <strong>de</strong>s gains<br />
d’effi cience et une augmentation générale <strong>de</strong>s revenus mais<br />
aussi une diminution <strong>de</strong>s «pertes» actuelles. M. Ghosh a<br />
ajouté que le coût humain, fi nancier et social <strong>de</strong>s migrations<br />
avait été amplifi é par le décalage entre la pression migratoire<br />
croissante et la diminution <strong>de</strong>s possibilités d’immigration<br />
légale. Il a mentionné l’accroissement <strong>de</strong>s migrations illicites,<br />
y compris le trafi c d’êtres humains, les nombreuses atteintes<br />
aux droits <strong>de</strong> l’homme et l’augmentation du coût du contrôle<br />
<strong>de</strong> l’immigration. Il a conclu qu’en intensifi ant la coopération<br />
internationale pour réduire ce décalage, on réduirait certains<br />
<strong>de</strong> ces coûts.<br />
Mme Mina Mashayekhi a rappelé que le fait <strong>de</strong> faciliter<br />
davantage les migrations temporaires pouvait avoir <strong>de</strong>s effets<br />
positifs considérables sur le développement. Elle a cité<br />
une estimation <strong>de</strong> la Banque mondiale, d’après laquelle un<br />
accroissement <strong>de</strong>s fl ux migratoires économiques représentant<br />
3 pour cent <strong>de</strong> la main-d’œuvre <strong>de</strong>s pays à revenu élevé pouvait<br />
augmenter la production mondiale <strong>de</strong> 365 milliards <strong>de</strong> dollars<br />
EU d’ici à 2025. Comme l’avait dit M. Trachtman, ces gains<br />
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