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CMJN de base

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(d) Vera Thorstensen, Conseillère économique à la<br />

Mission permanente du Brésil auprès <strong>de</strong> l’ONU<br />

Mme Vera Thorstensen a d’abord souligné qu’elle avait<br />

accepté l’invitation en sa qualité d’universitaire, et que, <strong>de</strong> ce fait,<br />

elle ne se sentait pas tenue d’employer le langage diplomatique.<br />

En tant qu’universitaire, elle était très préoccupée par la<br />

multiplication incontrôlée <strong>de</strong>s accords régionaux.<br />

Certains aspects <strong>de</strong>s accords régionaux peuvent être<br />

compatibles avec le système commercial multilatéral, à savoir:<br />

l’accès aux marchés, pour lequel ils sont plus effi caces; les<br />

services, où l’on pourrait libéraliser davantage <strong>de</strong> secteurs;<br />

et certaines règles, concernant par exemple les subventions,<br />

l’antidumping et les subventions à l’agriculture, qui ne peuvent<br />

pas faire partie <strong>de</strong>s accords régionaux en raison <strong>de</strong>s possibilités<br />

<strong>de</strong> contournement. Pour le reste, Mme Thorstensen considère<br />

que c’est un peu l’anarchie. Dans le domaine <strong>de</strong> la propriété<br />

intellectuelle, les tenants <strong>de</strong>s accords régionaux négocient <strong>de</strong><br />

nouvelles règles qu’ils imposent aux pays désireux d’adhérer<br />

aux accords. Ces règles en matière <strong>de</strong> propriété intellectuelle<br />

diffèrent d’un système régional à l’autre et sont parfois<br />

incompatibles entre elles.<br />

Dans les domaines où il n’y a pas <strong>de</strong> règles multilatérales,<br />

comme l’investissement, la concurrence, les clauses sociales et<br />

l’environnement, on constate que les accords régionaux utilisent<br />

<strong>de</strong>s systèmes complètement différents. S’agissant <strong>de</strong>s règles<br />

d’origine, il n’y a pas d’accord multilatéral sur les règles d’origine<br />

préférentielles parce que les Membres ont décidé <strong>de</strong> ne pas<br />

en discuter à l’OMC. Il existe <strong>de</strong>ux régimes différents pour les<br />

règles d’origine préférentielles, fondés l’un sur la valeur ajoutée<br />

et l’autre sur le changement <strong>de</strong> classifi cation tarifaire. Le coût <strong>de</strong><br />

la mise en œuvre <strong>de</strong> ces <strong>de</strong>ux régimes différents est énorme. De<br />

plus, compte tenu <strong>de</strong> la réduction <strong>de</strong>s droits <strong>de</strong> douane, certains<br />

secteurs – comme les textiles, les technologies <strong>de</strong> l’information<br />

et l’acier – utilisent les règles d’origine pour créer <strong>de</strong>s obstacles<br />

au commerce. Pour l’essentiel, les accords régionaux suivent<br />

<strong>de</strong>ux voies différentes. Pour les pays tiers auxquels ni l’une ni<br />

l’autre ne s’appliquent, l’application <strong>de</strong>s <strong>de</strong>ux séries <strong>de</strong> règles<br />

d’origine a un coût énorme.<br />

Mme Thorstensen a ensuite évoqué la situation à l’OMC. En<br />

1996, un comité avait été créé pour étudier la compatibilité <strong>de</strong>s<br />

accords régionaux avec les Accords <strong>de</strong> l’OMC. Dix ans plus tard,<br />

le comité a conclu que sa tâche était impossible, et il a été chargé<br />

<strong>de</strong>s questions <strong>de</strong> transparence. Les Membres ne veulent pas<br />

examiner les accords régionaux au sein <strong>de</strong>s comités <strong>de</strong> l’OMC.<br />

Ce qui risque d’arriver, c’est que la question fi nisse par être<br />

soumise au mécanisme <strong>de</strong> règlement <strong>de</strong>s différends, et que ce<br />

soit au bout du compte l’Organe d’appel qui établisse les règles<br />

applicables aux accords régionaux, parce que les Membres ont<br />

décidé <strong>de</strong> ne pas en parler dans le cadre du comité.<br />

Et pourtant, il existe un mandat prévoyant l’examen <strong>de</strong>s<br />

accords régionaux à l’OMC. Malheureusement, il n’y a aucune<br />

volonté politique <strong>de</strong> procé<strong>de</strong>r à cet examen; la volonté politique<br />

est plutôt <strong>de</strong> laisser les accords régionaux se multiplier sans<br />

aucun contrôle. C’est la situation à laquelle nous sommes<br />

Forum public <strong>de</strong> l’OMC «Un commerce tourné vers l’avenir»<br />

confrontés. Est-ce une bonne ou une mauvaise chose? Nous<br />

avons une crise fi nancière, nous avons une crise alimentaire,<br />

et nous risquons d’avoir une crise <strong>de</strong> l’OMC, si elle perd sa<br />

raison d’être à cause <strong>de</strong> la prolifération incontrôlée <strong>de</strong>s accords<br />

régionaux.<br />

(e) Simon Evenett, Professeur, Commerce<br />

international et développement économique,<br />

Université <strong>de</strong> Saint-Gall (Suisse)<br />

M. Evenett a commencé par dire que, si certains exposés<br />

portent sur ce qui est et d’autres sur ce qui <strong>de</strong>vrait être, son<br />

intervention porterait sur ce qui pourrait être. Il souhaitait se<br />

projeter dix à 15 ans plus tard en se <strong>de</strong>mandant à quoi pourraient<br />

servir <strong>de</strong>s accords commerciaux régionaux dans un mon<strong>de</strong> où<br />

le Cycle <strong>de</strong> Doha aurait été achevé et où les réductions tarifaires<br />

en découlant auraient été mises en œuvre. En d’autres termes,<br />

quelle pourrait être, dans l’avenir, la <strong>base</strong> <strong>de</strong> la réciprocité dans un<br />

accord régional? Selon M. Evenett, la réponse à cette question<br />

serait probablement très différente <strong>de</strong> ce qu’elle est aujourd’hui.<br />

Se projetant dans l’avenir, M. Evenett a supposé que les<br />

pays industrialisés auraient un taux <strong>de</strong> droit maximal <strong>de</strong> 8<br />

pour cent. Cela signifi e que le risque <strong>de</strong> détournement <strong>de</strong>s<br />

échanges résultant d’un ACR avec un partenaire du Nord serait<br />

très limité. Si les grands pays en développement continuent<br />

d’abaisser leurs droits, le volume <strong>de</strong>s échanges susceptibles<br />

d’être détournés serait très faible. Le débat sur la création<br />

d’échanges, le détournement <strong>de</strong>s échanges et les règles<br />

d’origine perdra alors <strong>de</strong> son intérêt. Quel serait alors le rôle <strong>de</strong>s<br />

ACR? Certaines choses, comme la libéralisation <strong>de</strong> l’agriculture,<br />

sont particulièrement diffi ciles à faire dans le cadre <strong>de</strong>s ACR.<br />

Il resterait certains services et diverses mesures internes, qui<br />

ont souvent une forte composante réglementaire. Si l’on songe<br />

à ce que seront les ACR dans dix ans, la principale question<br />

pour les négociateurs est sans doute <strong>de</strong> savoir comment utiliser<br />

ces accords et leur processus <strong>de</strong> négociation pour améliorer le<br />

climat <strong>de</strong>s affaires dans les pays et pour renforcer leur structure<br />

réglementaire.<br />

Certains négociateurs commerciaux sont en avance sur les<br />

autres. Plusieurs ACR signés au cours <strong>de</strong>s dix <strong>de</strong>rnières années<br />

contiennent <strong>de</strong>s dispositions qui exigent expressément la mise en<br />

place d’organismes <strong>de</strong> réglementation convenablement fi nancés<br />

et indépendants. Ce nouveau potentiel <strong>de</strong>s ACR – la mise<br />

en place d’une réglementation qui ai<strong>de</strong> à promouvoir l’activité<br />

économique et l’entreprise – mérite plus ample réfl exion. Quelles<br />

sont les conséquences multilatérales <strong>de</strong> ces dispositions? Il<br />

est étonnant <strong>de</strong> voir que bon nombre d’entre elles n’entraînent<br />

aucune discrimination à l’encontre <strong>de</strong> partenaires commerciaux<br />

car elles sont généralement appliquées sur une <strong>base</strong> NPF. Cela<br />

dissipera <strong>de</strong> nombreuses préoccupations au sujet <strong>de</strong> l’inci<strong>de</strong>nce<br />

<strong>de</strong>s ACR sur le système commercial multilatéral.<br />

Mais certains problèmes subsisteront, parce qu’il pourrait<br />

y avoir plusieurs modèles réglementaires concurrents, qu’il<br />

serait ensuite diffi cile d’agréger dans un quelconque accord<br />

multilatéral. Cependant, à un horizon <strong>de</strong> dix ans, la <strong>base</strong> <strong>de</strong>s<br />

ACR aura sensiblement changé. Il s’agira alors <strong>de</strong> savoir

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