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CMJN de base

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les marchés et les règles du commerce international doivent<br />

permettre à <strong>de</strong> telles politiques d’exister. L’agriculture doit être<br />

traitée dans un cadre international faisant <strong>de</strong>s droits humains,<br />

en particulier du droit à l’alimentation, la priorité. Mme Glipo a<br />

conclu en ces termes: «L’agriculture doit revenir à sa fonction<br />

première, être une source <strong>de</strong> vie, au lieu d’être une source <strong>de</strong><br />

profi ts colossaux pour les multinationales.»<br />

(b) Brad McDonald, Représentant du Fonds<br />

monétaire international (FMI) à Genève<br />

M. Brad McDonald a souligné que la crise alimentaire<br />

mondiale appelait <strong>de</strong>s solutions et une coopération à l’échelle<br />

mondiale. Son appréciation se fondait sur <strong>de</strong>s étu<strong>de</strong>s récentes<br />

du FMI ayant analysé cinq facteurs clés susceptibles d’avoir<br />

conduit à la situation actuelle. L’un <strong>de</strong> ces facteurs était le<br />

niveau historiquement bas <strong>de</strong>s stocks pour les principales<br />

cultures vivrières. Ces toutes <strong>de</strong>rnières années, la volatilité<br />

<strong>de</strong> l’offre a contribué à un déstockage très important. Qui<br />

plus est, la faible progression <strong>de</strong>s ren<strong>de</strong>ments, la <strong>de</strong>man<strong>de</strong><br />

croissante d’huile <strong>de</strong> maïs et <strong>de</strong> colza pour la production <strong>de</strong><br />

biocarburants, la hausse du coût <strong>de</strong> l’énergie et <strong>de</strong>s engrais,<br />

le phénomène marqué <strong>de</strong> remplacement <strong>de</strong>s cultures – sous<br />

l’impulsion <strong>de</strong> la <strong>de</strong>man<strong>de</strong> et <strong>de</strong> l’offre – et les restrictions<br />

provisoires aux exportations <strong>de</strong> <strong>de</strong>nrées alimentaires imposées<br />

par environ 35 pays ont également joué un rôle.<br />

M. McDonald a également traité <strong>de</strong>s effets que la<br />

spéculation sur les produits <strong>de</strong> <strong>base</strong> avait sur la crise alimentaire<br />

actuelle. À cet égard, il a déclaré: «En principe, la spéculation<br />

peut induire <strong>de</strong>s écarts positifs ou négatifs entre les cours à<br />

terme et au comptant et les niveaux auxquels ils <strong>de</strong>vraient<br />

être, compte tenu <strong>de</strong>s fondamentaux. La question <strong>de</strong> savoir si<br />

cette possibilité s’est matérialisée est une question empirique<br />

qu’il faut étudier <strong>de</strong> manière rigoureuse, en se fondant sur <strong>de</strong>s<br />

données constatées. Le fait est que les positions spéculatives<br />

et les prix <strong>de</strong>s produits <strong>de</strong> <strong>base</strong> ont évolué <strong>de</strong> concert; il existe<br />

une corrélation positive entre les <strong>de</strong>ux. La question qui se<br />

pose en conséquence est celle <strong>de</strong> l’existence éventuelle d’un<br />

lien causal et, le cas échéant, du sens <strong>de</strong> ce lien. L’analyse<br />

statistique, en tout cas à ce jour, n’apporte que peu d’éléments<br />

démontrant que la spéculation est à l’origine <strong>de</strong> l’infl ation <strong>de</strong>s<br />

prix alimentaires.»<br />

M. McDonald a fait valoir que la politique commerciale,<br />

sans avoir été le facteur <strong>de</strong> déclenchement <strong>de</strong> la crise, pouvait<br />

contribuer à la résoudre. Les pays en développement ne<br />

peuvent pas régler le problème <strong>de</strong> la sécurité alimentaire<br />

en réduisant leurs échanges commerciaux et en misant sur<br />

l’autosuffi sance. Ils doivent envisager d’ouvrir leurs marchés<br />

et c’est en ce sens que les négociations en cours à l’OMC<br />

pourraient les ai<strong>de</strong>r, en diminuant le nombre <strong>de</strong> mesures<br />

ayant <strong>de</strong>s effets <strong>de</strong> distorsion <strong>de</strong>s échanges, en stabilisant le<br />

fonctionnement du marché mondial <strong>de</strong>s produits alimentaires<br />

et en encourageant par là même le développement agricole<br />

et rural dans les pays en développement. Dans ce contexte,<br />

la direction générale indiquée par le PDD (soutien à une<br />

ouverture signifi cative <strong>de</strong>s marchés, traitement énergique <strong>de</strong>s<br />

prohibitions et <strong>de</strong>s restrictions à l’exportation, renforcement<br />

<strong>de</strong>s règles <strong>de</strong>s disciplines concernant l’ai<strong>de</strong> alimentaire et<br />

exemptions additionnelles pour le soutien interne accordé par<br />

les pays en développement) est la bonne.<br />

(c) Olivier De Schutter, Rapporteur spécial <strong>de</strong>s<br />

Nations Unies sur le droit à l’alimentation<br />

M. Olivier De Schutter a commencé son exposé en<br />

soulignant le paradoxe qui sous-tend la crise actuelle: les effets<br />

à court terme <strong>de</strong> la hausse <strong>de</strong>s prix sont très <strong>de</strong>structeurs pour<br />

les pauvres (<strong>de</strong>s chiffres récents <strong>de</strong> la FAO montrent que le<br />

nombre <strong>de</strong> personnes souffrant <strong>de</strong> la faim a augmenté d’une<br />

manière signifi cative dès la fi n <strong>de</strong> l’année 2007), mais, à long<br />

terme, la hausse <strong>de</strong>s prix pourrait aussi permettre aux paysans<br />

<strong>de</strong> mieux gagner leur vie. Selon M. De Schutter, «le problème<br />

rési<strong>de</strong> moins dans les prix eux-mêmes que dans le fait que les<br />

États qui se sont habitués à <strong>de</strong>s produits alimentaires peu chers<br />

et ont sous-investi dans l’agriculture n’étaient pas préparés à<br />

la fl ambée <strong>de</strong>s prix». Il a également souligné que le problème<br />

essentiel était plus la volatilité <strong>de</strong>s prix que leur niveau. Enfi n,<br />

la question <strong>de</strong> l’écart entre les prix payés aux producteurs et<br />

les prix à la consommation serait elle aussi à traiter en priorité.<br />

Ces paradoxes font qu’il est diffi cile <strong>de</strong> trouver <strong>de</strong>s solutions<br />

globales et cohérentes pour résoudre la crise.<br />

Il existe un consensus à propos du fait que les<br />

politiques <strong>de</strong> libéralisation du commerce conduites à partir<br />

<strong>de</strong>s années 90 ont ruiné le secteur rural <strong>de</strong>s pays en<br />

développement. Le faible niveau <strong>de</strong>s prix agricoles et la<br />

persistance <strong>de</strong> subventions internes importantes dans les pays<br />

industrialisés ne permettaient pas aux agriculteurs <strong>de</strong>s pays<br />

en développement <strong>de</strong> maintenir leur activité; c’est pour cette<br />

raison que l’agriculture a été négligée dans les stratégies <strong>de</strong><br />

développement. Le système actuel n’est pas viable et il va<br />

nous falloir changer radicalement <strong>de</strong> cap.<br />

Pour autant, il n’y a pas <strong>de</strong> consensus sur la façon <strong>de</strong><br />

remédier à la situation. Pour certains, l’agriculture <strong>de</strong>vrait être<br />

traitée comme n’importe quel autre secteur; c’est le point<br />

<strong>de</strong> vue défendu, entre autres, par le Groupe <strong>de</strong> Cairns à<br />

l’OMC. M. De Schutter a souligné que, souvent, la spécifi cité<br />

<strong>de</strong> l’agriculture n’était pas prise en compte par les partisans<br />

<strong>de</strong> cette conception. Dans les pays en développement, 60<br />

à 80 pour cent <strong>de</strong> la population dépend <strong>de</strong> l’agriculture. En<br />

outre, dans nombre <strong>de</strong> ces pays, le secteur agricole se trouve<br />

fréquemment dans l’incapacité <strong>de</strong> répondre aux incitations<br />

du marché car les investissements dans l’agriculture ont été<br />

insuffi sants au cours <strong>de</strong>s <strong>de</strong>rnières décennies.<br />

M. De Schutter s’est intéressé en particulier à trois grands<br />

arguments qui sont avancés pour défendre la contribution <strong>de</strong><br />

la libéralisation du commerce à la sécurité alimentaire et il en<br />

a souligné les limites:<br />

1. Si les échanges sont ouverts, les produits alimentaires<br />

passeront <strong>de</strong>s régions en excé<strong>de</strong>nt aux régions défi citaires.<br />

Mais, en réalité, les produits vont là où est le pouvoir<br />

d’achat. Dans certains pays exportateurs, <strong>de</strong> larges pans<br />

<strong>de</strong> la population souffrent <strong>de</strong> la faim.<br />

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