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196<br />
(d) S.E. M. Mario Matus, Ambassa<strong>de</strong>ur du Chili<br />
auprès <strong>de</strong> l’OMC<br />
Le Chili est-il satisfait <strong>de</strong> l’Accord sur l’agriculture,<br />
dans sa version actuelle?<br />
À cette question, M. l’Ambassa<strong>de</strong>ur Matus a répondu<br />
que ce que nous avions fait durant le Cycle d’Uruguay s’était<br />
limité à inscrire l’agriculture dans le système <strong>de</strong> l’OMC fondé<br />
sur <strong>de</strong>s règles. Ce travail refl était la situation d’alors mais ne<br />
s’apparentait pas réellement à une libéralisation <strong>de</strong>s échanges.<br />
De ce point <strong>de</strong> vue, le Chili n’était pas satisfait du tout <strong>de</strong> l’Accord<br />
sur l’agriculture issu du Cycle d’Uruguay.<br />
À la question <strong>de</strong> savoir si le G-20 et les autres pays<br />
exportateurs pourraient nourrir la planète <strong>de</strong> <strong>de</strong>main, si les<br />
pays importateurs perdaient <strong>de</strong>s parts <strong>de</strong> marché après<br />
Doha, l’Ambassa<strong>de</strong>ur a expliqué que le G-20 réunissait <strong>de</strong>s<br />
exportateurs et <strong>de</strong>s importateurs et que, le plus souvent, les<br />
positions communes qui se dégageaient mettaient l’accent sur<br />
la concurrence à l’exportation, les subventions à l’exportation et<br />
les subventions intérieures. Sur ces différents plans, le G-20 a<br />
une position très ferme et ambitieuse. En revanche, en ce qui<br />
concerne l’accès aux marchés, les positions du G-20 concilient<br />
les intérêts <strong>de</strong>s pays exportateurs et <strong>de</strong>s pays importateurs. Pour<br />
les pays du G-20 qui exportent et le Groupe <strong>de</strong> Cairns, la réponse<br />
est assurément oui: nous pouvons nourrir le mon<strong>de</strong> <strong>de</strong> <strong>de</strong>main,<br />
car nous ne cherchons pas seulement à assurer l’accès aux<br />
marchés, nous voulons également établir <strong>de</strong>s règles claires pour<br />
le secteur agricole, <strong>de</strong>s règles qui ne puissent pas engendrer <strong>de</strong><br />
distorsions. Si nous y parvenons, nous pourrons produire plus<br />
et le système sera en outre beaucoup plus équitable et fera<br />
en sorte qu’il existe <strong>de</strong>s incitations susceptibles <strong>de</strong> pousser les<br />
pays en développement à produire et à exporter les produits<br />
alimentaires pour lesquels ils sont compétitifs.<br />
À propos <strong>de</strong> la légitimité <strong>de</strong>s droits ou <strong>de</strong>s restrictions à<br />
l’exportation, le Chili considère que la question n’est pas tant <strong>de</strong><br />
savoir si elles sont légales ou légitimes, car il est normal qu’un<br />
pays dont la population a faim envisage le recours à une forme<br />
ou à une autre <strong>de</strong> restrictions à l’exportation. En fait, plus <strong>de</strong><br />
40 pays en appliquent déjà. La vraie question est celle <strong>de</strong>s<br />
effets que peut avoir une telle décision à moyen et long termes.<br />
Pour le Chili, il est clair qu’il ne faut pas décréter <strong>de</strong> restrictions<br />
à l’exportation parce qu’elles sont sources <strong>de</strong> distorsions <strong>de</strong> la<br />
production intérieure, la réaction naturelle étant, à moyen terme,<br />
<strong>de</strong> diminuer la production. Dans certains pays traditionnellement<br />
exportateurs, la production <strong>de</strong>s <strong>de</strong>nrées visées par <strong>de</strong>s restrictions<br />
à l’exportation a déjà diminué; par conséquent, à moyen et à<br />
long terme, les restrictions à l’exportation sont mauvaises pour<br />
la sécurité alimentaire.<br />
S’agissant <strong>de</strong>s biocarburants, il est clair qu’ils ont un impact<br />
sur la sécurité alimentaire. Au Mexique, par exemple, compte<br />
tenu du prix du maïs, une augmentation <strong>de</strong> la production <strong>de</strong><br />
biocarburants, en tout cas avec les techniques actuelles, se<br />
sol<strong>de</strong>rait par une aggravation <strong>de</strong> l’insécurité alimentaire. Un<br />
article paru dans Science Magazine en 2008 a établi que les<br />
émissions <strong>de</strong> gaz à effet <strong>de</strong> serre résultant <strong>de</strong> la production<br />
Forum public <strong>de</strong> l’OMC «Un commerce tourné vers l’avenir»<br />
d’éthanol <strong>de</strong> maïs et même <strong>de</strong> cellulose étaient supérieures<br />
aux émissions produites par les combustibles fossiles et que le<br />
bilan en termes d’effet <strong>de</strong> serre était donc sans intérêt. Au fi nal,<br />
le recours accru aux biocarburants – en tout cas, répétons-le,<br />
avec les techniques actuelles – s’est donc traduit par une<br />
augmentation <strong>de</strong>s problèmes d’environnement.<br />
(e) S.E. M. Arsene Balihuta, Ambassa<strong>de</strong>ur <strong>de</strong><br />
l’Ouganda auprès <strong>de</strong>s Nations Unies/<strong>de</strong> l’OMC<br />
Quel effet l’Accord sur l’agriculture a-t-il eu sur la<br />
sécurité alimentaire en Ouganda?<br />
En réponse à cette question, M. l’Ambassa<strong>de</strong>ur Balihuta<br />
a souligné que, pour certains pays du mon<strong>de</strong> tels que ceux<br />
du Sahel, qui faisaient face à un défi cit alimentaire chronique,<br />
l’insécurité alimentaire n’était pas un problème nouveau, mais<br />
que les médias en avaient davantage parlé en raison <strong>de</strong> la<br />
crise alimentaire. L’Ouganda n’est pas satisfait <strong>de</strong> l’Accord sur<br />
l’agriculture parce qu’il n’a pas discipliné le subventionnement.<br />
Le subventionnement important pratiqué dans certains pays<br />
développés a, dans une certaine mesure, contribué à retar<strong>de</strong>r<br />
le développement du secteur agricole dans les pays les moins<br />
avancés (PMA). De leur côté, les PMA n’ont pas non plus<br />
développé ni adopté les mo<strong>de</strong>s <strong>de</strong> production capitalistiques<br />
mo<strong>de</strong>rnes et ne s’emploient pas à mo<strong>de</strong>rniser l’agriculture en<br />
concertation avec leurs paysans. Le problème fondamental<br />
rési<strong>de</strong> dans les structures <strong>de</strong> production en Ouganda: la plupart<br />
<strong>de</strong>s paysans produisent pour subvenir à leurs besoins et ne sont<br />
pas en mesure <strong>de</strong> produire davantage.<br />
À la question <strong>de</strong> savoir si l’Ouganda pouvait augmenter<br />
ses exportations <strong>de</strong> produits agricoles, y compris vers <strong>de</strong>s pays<br />
non européens où il bénéfi cie déjà d’un accès préférentiel,<br />
M. Balihuta a confi rmé que l’Ouganda avait effectivement accru<br />
ses exportations à <strong>de</strong>stination <strong>de</strong> ses partenaires commerciaux,<br />
nouveaux et anciens. Depuis 1986, il exporte davantage<br />
vers l’UE, la Chine et le Japon grâce à l’environnement plus<br />
favorable créé au cours <strong>de</strong>s 20 <strong>de</strong>rnières années avec l’ai<strong>de</strong><br />
<strong>de</strong> ses partenaires <strong>de</strong> développement. Si <strong>de</strong>s exportations <strong>de</strong><br />
produits agricoles traditionnels tels que le café, le coton et le thé<br />
ont effectivement augmenté, l’Ouganda n’est en revanche pas<br />
parvenu à exporter davantage <strong>de</strong> produits à plus forte valeur<br />
ajoutée.<br />
Projet <strong>de</strong> modalités pour le Cycle <strong>de</strong> Doha<br />
Lors <strong>de</strong> la <strong>de</strong>uxième discussion, les participants ont débattu<br />
du rôle éventuel <strong>de</strong> l’OMC et d’autres solutions fondées sur les<br />
échanges commerciaux pour améliorer la sécurité alimentaire<br />
dans le mon<strong>de</strong>. Le modérateur, M. Häberli, a exposé son point<br />
<strong>de</strong> vue, à savoir que le projet <strong>de</strong> modalités <strong>de</strong> juillet 2008<br />
pour l’ensemble <strong>de</strong> résultats concernant l’agriculture, si on<br />
l’envisageait uniquement sous l’angle <strong>de</strong> la sécurité alimentaire,<br />
constituait un grand pas en avant, parce que l’accès aux marchés<br />
était singulièrement amélioré et que les subventions étaient plus<br />
strictement disciplinées dans les pays développés. En même