CMJN de base
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le plus la politique agricole actuelle (le Parti du progrès, le<br />
Parti conservateur et certains éléments du Parti travailliste)<br />
ne parviennent pas à forger une alliance sur les questions<br />
agricoles en raison du clivage droite-gauche qui caractérise<br />
la vie politique norvégienne. C’est ce clivage qui détermine la<br />
composition et la formation du gouvernement. Les coalitions<br />
gouvernementales qui comprennent le Parti du centre (ancien<br />
Parti agraire) semblent faire passer l’agriculture avant l’AMNA.<br />
Les divergences entre les positions <strong>de</strong> <strong>base</strong> <strong>de</strong>s partis sur<br />
la politique agricole, mais aussi la pondération entre les<br />
intérêts offensifs et les intérêts défensifs, infl uent donc sur les<br />
décisions du gouvernement. À plusieurs reprises pendant les<br />
négociations, le Parti du progrès, les conservateurs et parfois<br />
les travaillistes ont fait valoir que, en mettant trop l’accent<br />
sur les positions défensives dans l’agriculture, on risquait<br />
<strong>de</strong> compromettre les intérêts offensifs dans le domaine <strong>de</strong><br />
l’AMNA. Dès le début, le poisson et les produits à <strong>base</strong> <strong>de</strong><br />
poisson ont occupé une place centrale dans les positions <strong>de</strong><br />
négociation <strong>de</strong> la Norvège, représentant peut-être l’intérêt<br />
offensif le plus important dans le domaine <strong>de</strong> l’AMNA. Les<br />
intérêts <strong>de</strong> la Norvège dans les domaines <strong>de</strong> l’agriculture et<br />
<strong>de</strong> l’AMNA semblent cependant contredire ceux <strong>de</strong> nombreux<br />
pays en développement, en particulier le G-20 et l’AMNA-11.<br />
Les contradictions entres les positions norvégiennes et les<br />
préoccupations <strong>de</strong>s pays en développement sont mises<br />
en relief par les partis politiques les plus réformistes du<br />
Parlement. De plus, les ONG norvégiennes qui s’occupent<br />
<strong>de</strong> l’environnement et du développement sont divisées sur<br />
la question. Certaines adoptent l’optique du G-20, d’autres<br />
celle du G-33, affi rmant que ces principes sont universels et<br />
<strong>de</strong>vraient partant compter également pour la Norvège.<br />
En dépit <strong>de</strong> leurs divergences, les quatre gouvernements<br />
successifs ont tous suivi plus ou moins la même stratégie <strong>de</strong><br />
négociation: défendre tous les intérêts norvégiens, offensifs<br />
et défensifs, à savoir une libéralisation totale pour l’AMNA<br />
et la plus gran<strong>de</strong> protection possible pour l’agriculture. Les<br />
concessions et le processus horizontal dans le cadre <strong>de</strong><br />
l’engagement unique seront principalement déterminés par<br />
les principaux acteurs (à savoir le G-7). Il est donc important<br />
pour un petit pays <strong>de</strong> faire connaître ses problèmes et ses<br />
préoccupations particulières, tout en étant constructif et créatif<br />
dans les négociations.<br />
Toutefois, en juillet 2008, la Norvège semblait plus ou<br />
moins prête à accepter ce que plusieurs pays croyaient être<br />
<strong>de</strong>s modalités convenues. En bref, les modalités proposées<br />
représentaient un compromis acceptable entre les intérêts<br />
offensifs et défensifs et les questions <strong>de</strong> développement (PDD).<br />
Le résultat était jugé très problématique pour l’agriculture, mais<br />
même le Parti du centre avait accepté l’accord, malgré une<br />
certaine opposition interne. Pour l’AMNA, le résultat semblait<br />
acceptable, bien que les discussions ne soient pas allées<br />
aussi loin que certains l’auraient voulu et aient éludé certains<br />
points essentiels comme les actions sectorielles. Toutefois,<br />
l’association <strong>de</strong>s agriculteurs souhaitait que le gouvernement<br />
rejette la proposition et a été heureuse <strong>de</strong> voir qu’il n’y avait<br />
fi nalement aucun accord. Certaines ONG norvégiennes ont<br />
soutenu les arguments avancés par l’In<strong>de</strong> pour rejeter l’accord<br />
proposé (les MSS) et ont fait valoir que l’AMNA était trop<br />
ambitieux pour les pays en développement. Cependant, le plus<br />
important est que le paquet était acceptable pour la Norvège<br />
au nom <strong>de</strong> son intérêt premier dans les négociations à l’OMC:<br />
préserver et renforcer le système commercial multilatéral.<br />
C’était peut-être l’«intérêt national» le plus important dès le<br />
début. La Norvège est une petite économie, très ouverte et<br />
tournée vers l’extérieur, et le système commercial multilatéral<br />
fi xe les règles communes du commerce mondial et assure aux<br />
biens et services norvégiens l’accès aux marchés <strong>de</strong>s autres<br />
pays à <strong>de</strong>s conditions non discriminatoires. Le système <strong>de</strong><br />
l’OMC est considéré comme le principal pilier du commerce<br />
international et représente peut-être le principal intérêt national<br />
<strong>de</strong> la Norvège.<br />
(c) Carsten Daugbjerg, Professeur, Université<br />
d’Aarhus, Danemark<br />
Quelques observations sur les exposés <strong>de</strong> Dan<br />
Kim et d’Oluf Langhelle<br />
L’exposé <strong>de</strong> Dan Kim a attiré l’attention sur le rôle <strong>de</strong> la<br />
réforme <strong>de</strong>s politiques agricoles dans la crise alimentaire. De<br />
nombreuses étu<strong>de</strong>s <strong>de</strong>s causes <strong>de</strong> la crise alimentaire ont déjà<br />
été publiées, mais, selon M. Daugbjerg, pratiquement aucune<br />
n’analysait l’impact <strong>de</strong> la réforme sur la crise alimentaire.<br />
La principale contribution <strong>de</strong> l’exposé <strong>de</strong> M. Kim est donc<br />
d’avoir mis en évi<strong>de</strong>nce le rôle <strong>de</strong> la réforme <strong>de</strong>s politiques<br />
agricoles.<br />
M. Daugbjerg a dit qu’il était quelque peu sceptique au<br />
sujet du scénario <strong>de</strong> libéralisation totale <strong>de</strong>s marchés et qu’il<br />
ne comprenait pas vraiment pourquoi la libéralisation totale<br />
du marché mondial augmenterait l’offre. Cela pourrait être<br />
le cas à long terme si un nouveau potentiel <strong>de</strong> production se<br />
matérialisait grâce à l’amélioration <strong>de</strong> l’accès aux marchés,<br />
mais à court et moyen termes, la libéralisation mettrait fi n à<br />
une partie <strong>de</strong> la production subventionnée, ce qui entraînerait<br />
une diminution <strong>de</strong> la production et, partant, une hausse <strong>de</strong>s<br />
prix. Il est bon <strong>de</strong> rappeler que les subventions ont souvent<br />
pour but <strong>de</strong> maintenir une production qui ne serait pas rentable<br />
sans cela.<br />
L’idée fondamentale dans les négociations sur le<br />
commerce <strong>de</strong>s produits agricoles à l’OMC est <strong>de</strong> faire en<br />
sorte que le soutien interne ait moins d’effets <strong>de</strong> distorsion <strong>de</strong>s<br />
échanges. Le Cycle d’Uruguay a eu pour principal résultat <strong>de</strong><br />
faire passer les subventions internes dans une catégorie ayant<br />
moins d’effets <strong>de</strong> distorsion <strong>de</strong>s échanges, c’est-à-dire <strong>de</strong> faire<br />
passer le soutien interne <strong>de</strong> la catégorie orange à la catégorie<br />
bleue. Pendant les négociations sur l’agriculture du Cycle <strong>de</strong><br />
Doha, certains font pression pour faire passer les mesures<br />
<strong>de</strong> soutien interne dans la catégorie verte, qui comprend les<br />
programmes <strong>de</strong> soutien interne dont les effets <strong>de</strong> distorsion<br />
sur les échanges ou les effets sur la production sont nuls ou,<br />
au plus, minimes. Les versements au titre <strong>de</strong> ces programmes<br />
seraient découplés <strong>de</strong> la production et, contrairement aux<br />
versements relevant <strong>de</strong>s catégories orange et bleue, ils ne<br />
nécessiteraient pas <strong>de</strong> production. Toutes choses égales par<br />
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