CMJN de base
CMJN de base
CMJN de base
Create successful ePaper yourself
Turn your PDF publications into a flip-book with our unique Google optimized e-Paper software.
190<br />
2. La libéralisation <strong>de</strong>s échanges permettra la répartition<br />
la plus effi cace qui soit <strong>de</strong>s ressources productives. Mais il<br />
reste à savoir à qui cela profi tera. La majorité <strong>de</strong>s personnes<br />
qui souffrent <strong>de</strong> la faim sont <strong>de</strong> petits exploitants agricoles.<br />
Nous risquons <strong>de</strong> perdre le combat contre la faim si nous<br />
ne rétribuons que les producteurs les plus prolifi ques sans<br />
prêter attention aux effets distributionnels <strong>de</strong> la libéralisation<br />
du commerce et <strong>de</strong> la spécialisation <strong>de</strong>s échanges en<br />
fonction <strong>de</strong>s avantages comparatifs.<br />
3. La libéralisation du commerce contribuera à faire<br />
reculer la pauvreté en favorisant la croissance économique.<br />
Néanmoins, certaines étu<strong>de</strong>s montrent que la libéralisation<br />
<strong>de</strong>s échanges accentue les inégalités et la pauvreté dans<br />
certains pays et s’accompagne <strong>de</strong> coûts d’ajustement<br />
dont les effets sur les plus pauvres sont très loin d’être<br />
négligeables. Dans le secteur agricole, en particulier,<br />
la libéralisation du commerce peut être favorable aux<br />
agriculteurs les plus productifs, au détriment <strong>de</strong>s petits<br />
exploitants; or ces <strong>de</strong>rniers représentent l’immense majorité<br />
<strong>de</strong>s agriculteurs <strong>de</strong> la planète.<br />
Étoffer le programme <strong>de</strong> réforme dans le cadre du PDD<br />
contribuera à la sécurité alimentaire uniquement s’il ne rend pas<br />
les petits exploitants encore plus vulnérables et s’ils peuvent<br />
en tirer <strong>de</strong>s bénéfi ces. Pour l’heure, les conditions requises<br />
ne sont pas réunies. M. De Schutter a indiqué être d’accord<br />
avec M. McDonald sur la nécessité d’investir massivement<br />
dans l’agriculture, tout en soulignant qu’il fallait soigneusement<br />
réfl échir avant <strong>de</strong> déterminer si l’investissement <strong>de</strong>vait précé<strong>de</strong>r<br />
la libéralisation ou l’inverse.<br />
C’est là qu’intervient une approche différente <strong>de</strong> la sécurité<br />
alimentaire, qui souligne la nécessité <strong>de</strong> protéger les petits<br />
exploitants <strong>de</strong> la concurrence qu’ils ne seraient pas capables<br />
d’affronter, en visant à la souveraineté alimentaire au niveau<br />
régional. Il n’y a pas d’opposition binaire entre libéralisation <strong>de</strong>s<br />
échanges et fermeture <strong>de</strong>s frontières: il s’agit <strong>de</strong> trouver un<br />
moyen terme et <strong>de</strong> laisser <strong>de</strong>s marges <strong>de</strong> manœuvre aux pays<br />
en développement.<br />
M. De Schutter a conclu son exposé en ces termes: «Je<br />
vais élaborer un rapport consacré à l’impact <strong>de</strong> l’OMC sur le<br />
droit à l’alimentation, dans lequel j’insisterai très fortement sur la<br />
nécessité d’anticiper le fait que, en raison <strong>de</strong> leurs engagements<br />
commerciaux, les États risquaient d’être obligés <strong>de</strong> sacrifi er<br />
leurs obligations en matière <strong>de</strong> droit à l’alimentation, ce qui<br />
ne <strong>de</strong>vrait pas pouvoir arriver; les gouvernants doivent avoir<br />
suffi samment <strong>de</strong> marge <strong>de</strong> manœuvre pour protéger les droits<br />
<strong>de</strong> leur population.»<br />
(d) Ujal Singh Bhatia, Ambassa<strong>de</strong>ur et Représentant<br />
permanent <strong>de</strong> l’In<strong>de</strong> auprès <strong>de</strong> l’OMC<br />
M. l’Ambassa<strong>de</strong>ur Bhatia a commencé son exposé en<br />
affi rmant que le développement <strong>de</strong> l’agriculture et la libéralisation<br />
<strong>de</strong>s échanges n’étaient pas inconciliables, mais que la question<br />
<strong>de</strong> la chronologie à respecter était cruciale.<br />
Forum public <strong>de</strong> l’OMC «Un commerce tourné vers l’avenir»<br />
La sécurité alimentaire est le prisme au travers duquel l’In<strong>de</strong><br />
observe la crise alimentaire mondiale. Aux yeux <strong>de</strong> ce pays,<br />
l’objectif <strong>de</strong> sécurité alimentaire nécessite que l’État s’occupe<br />
<strong>de</strong> la répartition: «Le défi représenté par la sécurité alimentaire<br />
réclame que l’État intervienne dans la répartition, et cet<br />
aspect est aussi important que les incitations à la production.»<br />
L’Ambassa<strong>de</strong>ur a ajouté: «Dans les pays en développement,<br />
les gouvernements doivent conserver le pouvoir d’assurer la<br />
stabilité <strong>de</strong>s prix dans l’intérêt <strong>de</strong>s producteurs comme <strong>de</strong>s<br />
consommateurs».<br />
M. Bhatia a indiqué que <strong>de</strong>ux tiers environ <strong>de</strong> la population<br />
indienne étaient tributaires <strong>de</strong> l’agriculture et qu’approximativement<br />
450 millions <strong>de</strong> personnes vivaient avec moins <strong>de</strong> 1,25 dollar<br />
par jour. Par conséquent, la question <strong>de</strong> la sécurité alimentaire<br />
est étroitement liée à celle <strong>de</strong> la pauvreté.<br />
Il a affi rmé que les graves distorsions attribuables aux<br />
subventions massives et aux obstacles à l’accès aux marchés<br />
qui caractérisent <strong>de</strong> nombreux pays développés ont très<br />
fortement dissuadé l’essor <strong>de</strong> la production alimentaire dans les<br />
pays en développement. Qui plus est, la spéculation fi nancière<br />
et la concentration du marché mondial <strong>de</strong>s produits alimentaires<br />
ont aussi contribué à la crise alimentaire, mais tous ces aspects<br />
ne relèvent pas du PDD. Aussi M. Bathia a-t-il déclaré: «Dans<br />
la situation actuelle, il ne faut pas s’attendre à ce que le Cycle<br />
[<strong>de</strong> Doha] produise <strong>de</strong>s résultats notables qui permettront une<br />
augmentation substantielle <strong>de</strong> la production alimentaire dans les<br />
pays en développement ou une atténuation signifi cative <strong>de</strong> la<br />
crise alimentaire. À l’inverse, ceux qui redoutent que le Cycle<br />
<strong>de</strong> Doha n’aggrave la situation alimentaire mondiale surestiment<br />
peut-être son impact.»<br />
Dans ce contexte et compte tenu <strong>de</strong>s distorsions constatées<br />
sur les marchés internationaux, il faut s’appuyer simultanément<br />
sur les Produits spéciaux et le Mécanisme <strong>de</strong> sauvegar<strong>de</strong> spéciale<br />
(MSS) pour préserver et renforcer les moyens d’existence<br />
<strong>de</strong>s agriculteurs pauvres et assurer la stabilité <strong>de</strong>s prix. Les<br />
discussions entre pays du G-7 (UE, États-Unis, In<strong>de</strong>, Brésil,<br />
Australie, Japon et Chine) ont achoppé sur la question du MSS,<br />
qui défi nira l’esprit même du cycle <strong>de</strong> négociation: le Cycle <strong>de</strong><br />
Doha est-il celui <strong>de</strong> l’accès aux marchés à n’importe quel prix<br />
ou faudrait-il protéger les moyens d’existence <strong>de</strong>s agriculteurs<br />
pauvres? Il ne sera pas possible d’achever le Cycle sans avoir<br />
obtenu <strong>de</strong> résultats satisfaisants sur ces plans-là.<br />
L’Ambassa<strong>de</strong>ur a indiqué qu’une modifi cation <strong>de</strong>s critères<br />
<strong>de</strong> la catégorie verte permettant aux États <strong>de</strong> constituer <strong>de</strong>s<br />
réserves alimentaires en achetant <strong>de</strong>s produits aux agriculteurs<br />
pauvres était également essentielle pour l’In<strong>de</strong> dans le cadre du<br />
PDD. En In<strong>de</strong>, les programmes <strong>de</strong> passation <strong>de</strong> marchés publics<br />
ont <strong>de</strong>s objectifs sociaux. Dans les pays en développement, ils<br />
ne peuvent pas être assimilés à <strong>de</strong>s instruments <strong>de</strong> distorsion<br />
du commerce.<br />
La concentration du marché n’est pas souhaitable, mais<br />
c’est un problème qui ne relève pas du mandat actuel.