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50<br />

Résumé<br />

Les premières années du GATT et <strong>de</strong> l’OMC reposaient<br />

sur <strong>de</strong>s rapports <strong>de</strong> force assez stables et sur les intérêts<br />

commerciaux d’un nombre limité d’États-nations du mon<strong>de</strong><br />

industrialisé. Les négociations intergouvernementales<br />

internationales étaient dominées par <strong>de</strong>s dirigeants. Le<br />

Cycle <strong>de</strong> Doha illustre l’évolution <strong>de</strong>s rapports <strong>de</strong> force dans<br />

les négociations commerciales internationales. Parmi les<br />

événements récents, on constate <strong>de</strong> nouvelles alliances entre<br />

groupes <strong>de</strong> pays et l’importance grandissante <strong>de</strong>s pays en<br />

développement et <strong>de</strong> puissances émergentes telles que l’In<strong>de</strong>,<br />

la Chine et le Brésil. Nous voyons l’implication croissante <strong>de</strong>s<br />

ONG dans les négociations commerciales, aux niveaux national<br />

et international. Les négociations se caractérisent par <strong>de</strong>s<br />

jeux à <strong>de</strong>ux niveaux dans lesquels les processus nationaux et<br />

internationaux se mêlent et les parlement(aire)s s’engagent<br />

selon <strong>de</strong>s mo<strong>de</strong>s nouveaux. La hausse récente <strong>de</strong>s prix <strong>de</strong>s<br />

produits <strong>de</strong> <strong>base</strong>, en particulier <strong>de</strong>s <strong>de</strong>nrées alimentaires et du<br />

pétrole, a encore modifi é l’équilibre <strong>de</strong>s forces. L’évolution <strong>de</strong><br />

l’équilibre <strong>de</strong>s forces entre les différentes parties prenantes <strong>de</strong>s<br />

négociations commerciales internationales constitue un défi<br />

majeur pour l’avenir du commerce international. Au cours <strong>de</strong><br />

cette séance, <strong>de</strong>s questions liées à ces changements ont été<br />

examinées.<br />

1.<br />

Exposés <strong>de</strong>s experts<br />

(a) Dan Kim, Centre for International Studies,<br />

Université <strong>de</strong> Cambridge, Royaume-Uni (sur la<br />

<strong>base</strong> d’un document rédigé en collaboration avec<br />

Amrita Narlikar)<br />

La hausse <strong>de</strong>s prix <strong>de</strong>s produits alimentaires et les<br />

réformes à l’OMC<br />

Dans son exposé, l’intervenant a examiné le rôle éventuel <strong>de</strong>s<br />

réformes agricoles résultant du Cycle d’Uruguay dans la fl ambée<br />

récente <strong>de</strong>s prix <strong>de</strong>s produits alimentaires et les effets <strong>de</strong> cette<br />

hausse sur l’évolution <strong>de</strong>s prix à long terme. L’augmentation <strong>de</strong>s<br />

prix <strong>de</strong>s produits alimentaires a été expliquée principalement par<br />

le développement <strong>de</strong> la classe moyenne en In<strong>de</strong>, en Chine et au<br />

Brésil, la logique économique voulant que l’augmentation <strong>de</strong>s<br />

revenus <strong>de</strong> la classe moyenne dans les pays en développement<br />

entraîne naturellement une augmentation <strong>de</strong> la <strong>de</strong>man<strong>de</strong> <strong>de</strong><br />

produits alimentaires, et, partant, une forte augmentation <strong>de</strong> la<br />

<strong>de</strong>man<strong>de</strong> mondiale <strong>de</strong> <strong>de</strong>nrées exportables.<br />

De multiples facteurs infl uent sur les prix <strong>de</strong>s produits<br />

alimentaires mais, <strong>de</strong> l’avis <strong>de</strong> M. Kim, les réformes incomplètes<br />

et fragmentaires <strong>de</strong>s marchés résultant du Cycle d’Uruguay<br />

et les initiatives prises par la suite ont peut-être été l’une <strong>de</strong>s<br />

gran<strong>de</strong>s causes <strong>de</strong> la hausse <strong>de</strong>s prix. La montée <strong>de</strong> la classe<br />

moyenne en Chine, en In<strong>de</strong> et au Brésil ne peut pas être la<br />

seule ou la principale explication <strong>de</strong> l’évolution récente <strong>de</strong>s prix<br />

<strong>de</strong>s produits alimentaires. Une autre explication très répandue,<br />

basée sur la <strong>de</strong>man<strong>de</strong>, semble mettre l’accent sur l’augmentation<br />

<strong>de</strong> la <strong>de</strong>man<strong>de</strong> <strong>de</strong> biocarburants, y compris l’éthanol, qui a ellemême<br />

provoqué une augmentation <strong>de</strong> la <strong>de</strong>man<strong>de</strong> globale <strong>de</strong><br />

Forum public <strong>de</strong> l’OMC «Un commerce tourné vers l’avenir»<br />

produits agricoles. Toutefois, l’accroissement <strong>de</strong> la <strong>de</strong>man<strong>de</strong><br />

<strong>de</strong> biocarburants ne peut pas non plus expliquer <strong>de</strong> manière<br />

satisfaisante une telle envolée <strong>de</strong>s prix, étant donné que les prix<br />

du riz et du blé ont augmenté plus rapi<strong>de</strong>ment que celui du maïs.<br />

Pour trouver une réponse plus satisfaisante et complète, il faut<br />

examiner l’évolution à long terme <strong>de</strong> l’offre et <strong>de</strong> la production<br />

<strong>de</strong> produits agricoles.<br />

Au cours <strong>de</strong>s 14 <strong>de</strong>rnières années, les marchés alimentaires<br />

mondiaux ont tous été infl uencés par les réformes parcellaires<br />

<strong>de</strong>s politiques agricoles <strong>de</strong>s Membres <strong>de</strong> l’OMC, qui ont <strong>de</strong> fait<br />

entraîné un déplacement <strong>de</strong> l’offre <strong>de</strong> produits agricoles à long<br />

terme. La théorie du pis-aller est particulièrement utile pour<br />

expliquer les prix alimentaires. Des réformes incomplètes et<br />

fragmentaires peuvent empêcher les marchés <strong>de</strong> fonctionner<br />

<strong>de</strong> manière effi ciente et sont responsables, du moins en partie,<br />

<strong>de</strong> l’évolution récente <strong>de</strong>s prix. M. Kim a dit que, selon lui,<br />

l’explication <strong>de</strong> la hausse <strong>de</strong>s prix alimentaires avancée par la<br />

Commission européenne était fondée.<br />

Une poussée <strong>de</strong> la <strong>de</strong>man<strong>de</strong> contribue évi<strong>de</strong>mment à la<br />

hausse <strong>de</strong>s prix, mais, <strong>de</strong> par leur nature même, les changements<br />

<strong>de</strong>s mo<strong>de</strong>s <strong>de</strong> consommation sont généralement progressifs.<br />

Par conséquent, la croissance <strong>de</strong> la <strong>de</strong>man<strong>de</strong> peut expliquer<br />

pourquoi, pour certains produits et certaines régions, la tendance<br />

générale à la baisse <strong>de</strong>s prix à long terme peut s’inverser, mais<br />

elle ne saurait expliquer pourquoi les prix fl ambent en l’espace<br />

<strong>de</strong> quelques mois. ... C’est généralement du côté <strong>de</strong> l’offre<br />

qu’il faut chercher les causes <strong>de</strong> la fl ambée <strong>de</strong>s prix. […] Les<br />

changements <strong>de</strong> politique infl uent aussi sur les prix <strong>de</strong> certains<br />

produits en limitant l’offre.<br />

M. Kim a conseillé <strong>de</strong> pousser un peu plus le raisonnement<br />

en incluant expressément les effets <strong>de</strong>s réformes agricoles dans<br />

le cadre <strong>de</strong> l’OMC comme une cause discrète mais importante<br />

<strong>de</strong> la fl ambée <strong>de</strong>s prix à court terme et comme un facteur<br />

susceptible d’affecter négativement les tendances <strong>de</strong> l’offre à<br />

long terme.<br />

Les marchés agricoles ont fait l’objet <strong>de</strong> nombreuses<br />

tentatives <strong>de</strong> réforme aussi bien au niveau national que dans le<br />

cadre <strong>de</strong> négociations commerciales internationales, notamment<br />

celles du Cycle d’Uruguay qui ont abouti à <strong>de</strong>s réformes dans<br />

le cadre <strong>de</strong> l’OMC. En examinant ces réformes, on doit gar<strong>de</strong>r<br />

à l’esprit qu’elles n’ont jamais eu pour but d’assurer pleinement<br />

l’effi cience <strong>de</strong>s marchés. Elles étaient plutôt conçues comme<br />

<strong>de</strong>s petites étapes vers l’effi cience.<br />

Par défi nition, <strong>de</strong>s réformes graduelles sont partielles et<br />

incomplètes. La théorie du second rang s’applique également aux<br />

réformes incomplètes <strong>de</strong>s marchés agricoles. Les économistes<br />

Lipsey et Lancaster ont défi ni cette théorie en disant que <strong>de</strong>s<br />

réformes partielles «en situation <strong>de</strong> concurrence imparfaite<br />

peuvent fort bien réduire à la fois l’effi cacité productive générale<br />

<strong>de</strong> l’économie et le bien-être <strong>de</strong> ses membres». Par conséquent,<br />

en présence <strong>de</strong> distorsions multiples, <strong>de</strong>s réformes partielles<br />

peuvent effectivement détourner les marchés <strong>de</strong> l’effi cience en<br />

infl échissant négativement l’offre et/ou la <strong>de</strong>man<strong>de</strong>. En <strong>de</strong>rnière<br />

analyse, les réformes commerciales ne visent pas simplement à

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