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CMJN de base

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hiérarchie. La meilleure approche, adoptée par le Groupe <strong>de</strong><br />

travail sur le droit au développement, consiste à faire participer<br />

<strong>de</strong>s représentants <strong>de</strong> l’OMC et <strong>de</strong>s institutions fi nancières<br />

internationales aux débats sur les droits <strong>de</strong> l’homme.<br />

2. Questions et observations <strong>de</strong><br />

l’assistance<br />

Mme Caroline Dommen, 3DTra<strong>de</strong> – Human Rights –<br />

Equitable Economy est revenue sur la déclaration <strong>de</strong> M. Salama,<br />

qui conseillait aux défenseurs <strong>de</strong>s droits <strong>de</strong> l’homme <strong>de</strong> ne<br />

pas affi rmer la supériorité <strong>de</strong> ces droits. Elle a <strong>de</strong>mandé si<br />

la communauté <strong>de</strong>s droits <strong>de</strong> l’homme ne <strong>de</strong>vrait pas en fait<br />

défendre plus énergiquement ces droits, évoquant le manque<br />

<strong>de</strong> fermeté apparent dans la Déclaration <strong>de</strong> Doha sur l’Accord<br />

sur les ADPIC et la santé publique, qui autorise les États à<br />

prendre <strong>de</strong>s mesures pour promouvoir la santé publique, alors<br />

que la Déclaration universelle <strong>de</strong>s droits <strong>de</strong> l’homme et le<br />

Pacte international relatif aux droits économiques, sociaux et<br />

culturels l’exigent.<br />

M. Salama a répondu qu’il s’agissait moins <strong>de</strong> donner la<br />

priorité aux droits <strong>de</strong> l’homme que d’intégrer le commerce et<br />

les droits <strong>de</strong> l’homme. Les indicateurs relatifs aux droits <strong>de</strong><br />

l’homme, les évaluations d’impact et les critères concernant<br />

le droit au développement visent tous à recueillir les<br />

éléments empiriques nécessaires pour convaincre les milieux<br />

commerciaux <strong>de</strong> tenir compte <strong>de</strong>s droits <strong>de</strong> l’homme.<br />

M. Peter Davis, étudiant à l’Institut <strong>de</strong>s hautes étu<strong>de</strong>s<br />

internationales et du développement à Genève, a <strong>de</strong>mandé<br />

si, vu que les idéaux <strong>de</strong>s droits <strong>de</strong> l’homme pouvaient être<br />

invoqués pour violer les droits <strong>de</strong> propriété, c’était une raison<br />

<strong>de</strong> considérer que les droits <strong>de</strong> l’homme pouvaient l’emporter<br />

sur les droits <strong>de</strong> propriété.<br />

M. Howse a répondu que les droits <strong>de</strong> l’homme supposent<br />

toujours un équilibre entre les différents droits et les objectifs <strong>de</strong><br />

politique publique, comme le montrent les lois limitant la liberté<br />

d’expression dans le contexte <strong>de</strong> l’incitation à la haine. Malgré<br />

ce fl ou, il existe désormais une jurispru<strong>de</strong>nce et une expertise<br />

considérables sur la façon d’établir cet équilibre. Il faut noter<br />

aussi que le fl ou est présent dans le droit <strong>de</strong> l’OMC, comme en<br />

témoigne la notion <strong>de</strong> produits similaires, expression qui, dans<br />

la pratique, est défi nie en fonction du contexte. L’affi rmation<br />

que le droit relatif aux droits <strong>de</strong> l’homme est trop vague pour<br />

être appliqué dans un contexte comme celui <strong>de</strong> l’OMC n’est<br />

tout simplement pas défendable.<br />

Mme Navarro a ajouté qu’en ce qui concerne le confl it<br />

entre les droits <strong>de</strong> l’homme et les droits <strong>de</strong> propriété, il<br />

convient <strong>de</strong> défi nir clairement les priorités: va-t-on privilégier<br />

les droits <strong>de</strong> l’homme par rapport aux droits fonciers et aux<br />

droits <strong>de</strong> propriété ou inversement?<br />

M. Simon Walker (Haut Commissariat aux droits <strong>de</strong><br />

l’homme) a ensuite <strong>de</strong>mandé quelle était la valeur ajoutée <strong>de</strong><br />

l’approche fondée sur les droits <strong>de</strong> l’homme par rapport à<br />

une approche axée sur le développement social, et pourquoi<br />

on <strong>de</strong>vrait privilégier le droit à une nourriture suffi sante plutôt<br />

que la sécurité alimentaire. Selon lui, l’approche fondée sur<br />

les droits <strong>de</strong> l’homme présente <strong>de</strong>s risques. Il y a d’abord<br />

<strong>de</strong>s risques politiques, illustrés par l’hostilité que suscitent les<br />

droits <strong>de</strong> l’homme, comme l’a démontré l’opposition à l’idée<br />

d’organiser un groupe <strong>de</strong> discussion sur les droits <strong>de</strong> l’homme<br />

au Forum public <strong>de</strong> l’OMC, les années précé<strong>de</strong>ntes. Il y a<br />

aussi <strong>de</strong>s risques normatifs. Par exemple, que se passera-t-il<br />

si quelqu’un revendique le droit au libre-échange contre le<br />

droit à la santé <strong>de</strong> quelqu’un d’autre? Bien que cette position<br />

ne soit pas justifi able au plan international, certaines normes<br />

nationales prévoient effectivement le droit au libre-échange.<br />

Étant donné ces risques, quelle est l’utilité d’une approche<br />

fondée sur les droits <strong>de</strong> l’homme?<br />

M. De Schutter a répondu qu’une approche fondée sur<br />

les droits <strong>de</strong> l’homme est avantageuse car elle fournit <strong>de</strong>s<br />

mécanismes <strong>de</strong> transparence et <strong>de</strong> recours qui peuvent<br />

en principe être soumis à un tribunal. De plus, les droits<br />

économiques, sociaux et culturels sont <strong>de</strong>venus <strong>de</strong>s normes<br />

impératives qui s’appuient sur l’abondante jurispru<strong>de</strong>nce<br />

établie par le Comité <strong>de</strong>s droits économiques, sociaux et<br />

culturels. Mais ce fait n’est pas bien connu en <strong>de</strong>hors <strong>de</strong>s<br />

cercles spécialisés, et les droits civils et politiques restent<br />

prépondérants. Il est indispensable d’instaurer un dialogue<br />

entre les milieux commerciaux et la communauté <strong>de</strong>s droits<br />

<strong>de</strong> l’homme, et d’affi rmer l’égalité <strong>de</strong>s <strong>de</strong>ux ensembles <strong>de</strong><br />

normes. Reste le risque que la communauté commerciale<br />

s’approprie les droits <strong>de</strong> l’homme. Pour éviter que ceux-ci<br />

soient traités par <strong>de</strong>s non-spécialistes, il ne faut pas introduire<br />

<strong>de</strong> clause sociale à l’OMC.<br />

Mme Navarro a ajouté qu’il n’y a actuellement aucun<br />

dialogue entre l’OMC et les différents organismes qui<br />

s’occupent <strong>de</strong>s droits <strong>de</strong> l’homme à Genève. Par exemple,<br />

pourquoi le Comité <strong>de</strong>s droits économiques, sociaux et<br />

culturels n’a-t-il pas été associé à la Déclaration <strong>de</strong> Doha sur<br />

l’Accord sur les ADPIC et la santé publique? Un dialogue est<br />

indispensable: après tout, l’OMC et ces organismes ne sont<br />

distants que <strong>de</strong> quelques mètres, du moins physiquement.<br />

M. Kimmo Sasi (Conseil <strong>de</strong> l’Europe) a <strong>de</strong>mandé ce qui<br />

se passerait si une personne pauvre vivant dans une ville en<br />

In<strong>de</strong> faisait valoir que les droits d’importation élevés appliqués<br />

par le gouvernement indien sur les produits alimentaires<br />

l’empêchaient d’acheter <strong>de</strong>s vivres à bon marché et violaient<br />

<strong>de</strong> ce fait son droit à une nourriture suffi sante et, à terme, son<br />

droit à la vie.<br />

Dans un même ordre d’idée, M. Dale Honeck (OMC,<br />

Division du commerce <strong>de</strong>s services), a <strong>de</strong>mandé si l’on<br />

avait étudié les conséquences sur les droits <strong>de</strong> l’homme <strong>de</strong><br />

l’absence <strong>de</strong> libéralisation. Il a cité l’exemple <strong>de</strong> la libéralisation<br />

<strong>de</strong>s télécommunications qui a permis à <strong>de</strong>s fournisseurs <strong>de</strong><br />

services étrangers d’opérer dans un pays X en amenant les<br />

télécommunications dans les zones rurales et en réduisant<br />

globalement leurs prix. Les concurrents étrangers risquent<br />

toutefois d’être évincés, même si cela aurait <strong>de</strong>s conséquences<br />

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