CMJN de base
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simple qui peut être contestée. Il n’y a cependant pas <strong>de</strong><br />
controverse quant à l’ordre et à la chronologie du processus.<br />
Le <strong>de</strong>uxième élément important analysé par M. Pierola<br />
concerne les mesures correctives. À cet égard, le système <strong>de</strong><br />
l’OMC comporte trois lacunes majeures: l’absence <strong>de</strong> mesures<br />
provisoires lorsqu’une affaire est en cours; l’absence <strong>de</strong> mesures<br />
correctives rétroactives ou <strong>de</strong> mesures portant sur les dommages<br />
subis entre l’adoption du rapport du Groupe spécial et la mise en<br />
œuvre <strong>de</strong> la décision et l’absence <strong>de</strong> remboursement <strong>de</strong>s frais<br />
<strong>de</strong> procédure.<br />
Au niveau régional, la Cour européenne <strong>de</strong> justice, le Tribunal<br />
andin, le MERCOSUR et la Communauté <strong>de</strong> développement<br />
<strong>de</strong> l’Afrique australe (CDAA) prévoient tous <strong>de</strong>s mesures<br />
provisoires qui sont applicables lorsque la partie plaignante<br />
présente <strong>de</strong>s éléments suffi sants et démontre le risque <strong>de</strong><br />
dommages irréparables. De même, la Cour européenne <strong>de</strong><br />
justice, le MERCOSUR et le Tribunal andin prévoient <strong>de</strong>s mesures<br />
correctives rétroactives.<br />
Enfi n, le principe selon lequel la partie perdante supporte les<br />
frais <strong>de</strong> procédure est envisagé dans certains ALE, tels que la<br />
CDAA et le Tribunal andin.<br />
Cette analyse comparative indique que, compte tenu <strong>de</strong>s<br />
résultats encourageants du système <strong>de</strong> règlement <strong>de</strong>s différends<br />
<strong>de</strong> l’OMC, l’amélioration du système pourrait être axée sur <strong>de</strong>s<br />
domaines spécifi ques. Il n’existe pas <strong>de</strong> mécanisme régional<br />
<strong>de</strong> règlement <strong>de</strong>s différends qui puisse servir d’exemple.<br />
Cependant, certains éléments <strong>de</strong>s accords commerciaux<br />
régionaux peuvent être pris en considération pour modifi er le<br />
Mémorandum d’accord afi n <strong>de</strong> régler la question <strong>de</strong>s délais<br />
<strong>de</strong> mise en œuvre en l’absence <strong>de</strong> mesures provisoires ou <strong>de</strong><br />
mesures correctives rétroactives, sans remboursement <strong>de</strong>s frais<br />
<strong>de</strong> procédure.<br />
(d) Patricia Holmes, Conseillère à la Mission<br />
permanente <strong>de</strong> l’Australie auprès <strong>de</strong> l’OMC<br />
Nécessité d’établir une procédure <strong>de</strong> renvoi<br />
Il s’agit <strong>de</strong> pouvoir déterminer la compatibilité d’une mesure<br />
contestée avec les règles <strong>de</strong> l’OMC. Mme Holmes a rappelé aux<br />
participants que le système fonctionne bien, mais qu’il y a <strong>de</strong>s<br />
domaines où <strong>de</strong>s améliorations seraient fort utiles. L’une d’elles<br />
est la création d’une procédure <strong>de</strong> renvoi. L’origine du problème<br />
est que le Mémorandum d’accord a institué un système hybri<strong>de</strong><br />
car, lors <strong>de</strong>s négociations du Cycle d’Uruguay, un mécanisme<br />
d’appel <strong>de</strong> type droit civil a été établi, alors que l’Organe d’appel<br />
est chargé d’examiner exclusivement les questions <strong>de</strong> droit (<strong>de</strong><br />
sorte qu’il n’est pas habilité à rejuger une affaire, comme dans<br />
les pays <strong>de</strong> droit romain) et n’a pas le pouvoir <strong>de</strong> <strong>de</strong>man<strong>de</strong>r au<br />
groupe spécial <strong>de</strong> réexaminer les faits comme dans les systèmes<br />
<strong>de</strong> «common-law». L’article 17:6 du Mémorandum d’accord<br />
limite son mandat à l’examen <strong>de</strong> questions <strong>de</strong> droit.<br />
Mme Holmes a évoqué l’affaire «Australie – Saumon» pour<br />
illustrer le problème. L’Organe d’appel avait constaté que le<br />
Forum public <strong>de</strong> l’OMC «Un commerce tourné vers l’avenir»<br />
Groupe spécial avait fait erreur en défi nissant la mesure sanitaire<br />
comme un traitement thermique et avait estimé que la mesure<br />
en cause était une interdiction d’importer du saumon frais. À<br />
ce sta<strong>de</strong>, la plainte du Canada jugée recevable serait restée en<br />
suspens si l’Organe d’appel avait arrêté son analyse et le Canada<br />
aurait dû <strong>de</strong>man<strong>de</strong>r à un nouveau groupe spécial d’examiner<br />
la mesure telle que l’avait défi nie l’Organe d’appel. Dans ce<br />
cas particulier, l’Organe d’appel a décidé qu’il pouvait compléter<br />
l’analyse sur la <strong>base</strong> <strong>de</strong>s constatations factuelles du Groupe<br />
spécial et <strong>de</strong>s faits non contestés versés au dossier.<br />
Mme Holmes a ensuite évoqué <strong>de</strong>s situations plus complexes<br />
dans lesquelles l’Organe d’appel ne veut pas ou ne peut pas<br />
compléter l’analyse. Elle a cité, par exemple, une affaire au titre<br />
<strong>de</strong> l’article III du GATT, dans laquelle la partie défen<strong>de</strong>resse avait<br />
invoqué comme moyen <strong>de</strong> défense une exception au titre <strong>de</strong><br />
l’article XX, que le Groupe spécial avait rejeté car il estimait que<br />
la mesure n’était pas «nécessaire à la protection <strong>de</strong> la santé et<br />
<strong>de</strong> la vie <strong>de</strong>s personnes ou <strong>de</strong>s animaux ou à la préservation<br />
<strong>de</strong>s végétaux» et que, par conséquent, la prescription <strong>de</strong> l’alinéa<br />
n’était pas respectée. Si cette constatation avait été infi rmée par<br />
l’Organe d’appel et si le Groupe spécial avait appliqué le principe<br />
d’économie jurispru<strong>de</strong>ntielle, la partie défen<strong>de</strong>resse gagnerait en<br />
appel, mais n’aurait toujours pas <strong>de</strong> constatation concernant la<br />
compatibilité avec les règles <strong>de</strong> l’OMC du moyen <strong>de</strong> défense<br />
qu’elle avait invoqué.<br />
Mme Holmes a expliqué les négociations en cours sur le<br />
réexamen du Mémorandum d’accord. La proposition concernant<br />
la procédure <strong>de</strong> renvoi prévoit que dans son rapport, l’Organe<br />
d’appel formulera <strong>de</strong>s recommandations et <strong>de</strong>s décisions sur<br />
les questions <strong>de</strong> droit et indiquera les constatations que <strong>de</strong>vrait<br />
faire le groupe spécial pour compléter l’analyse <strong>de</strong> certaines<br />
allégations lorsque l’une <strong>de</strong> ses constatations a été infi rmée.<br />
L’Organe d’appel n’aurait pas le pouvoir <strong>de</strong> renvoyer l’affaire au<br />
groupe spécial. Ce droit appartiendrait à la partie plaignante (et<br />
éventuellement à la partie défen<strong>de</strong>resse). Le rapport <strong>de</strong> l’Organe<br />
d’appel pourrait être adopté pendant que le Groupe spécial du<br />
renvoi achèverait ses travaux.<br />
La proposition était soutenue par la majorité <strong>de</strong>s Membres,<br />
mais <strong>de</strong>s problèmes avaient été i<strong>de</strong>ntifi és: il y aurait <strong>de</strong>ux rapports<br />
pour une seule affaire; il ne fallait pas prolonger indûment la<br />
procédure <strong>de</strong> sorte que l’établissement d’un groupe spécial du<br />
renvoi à la <strong>de</strong>man<strong>de</strong> <strong>de</strong> la partie défen<strong>de</strong>resse initiale <strong>de</strong>vait être<br />
limité à <strong>de</strong>s cas particuliers et il fallait déterminer comment traiter<br />
les nouveaux éléments <strong>de</strong> preuve.<br />
Au lieu d’instituer une procédure <strong>de</strong> renvoi, on pourrait<br />
conférer à l’Organe d’appel <strong>de</strong>s pouvoirs d’enquête. Mais,<br />
à ce jour, cette option n’avait pas reçu un large soutien<br />
<strong>de</strong>s Membres.<br />
De l’avis <strong>de</strong> Mme Holmes, le débat sur la procédure <strong>de</strong> renvoi<br />
et, plus généralement, sur le réexamen du Mémorandum d’accord<br />
était lié au PDD. Il fallait donc étudier <strong>de</strong>s solutions pratiques qui<br />
ne nécessitent pas un amen<strong>de</strong>ment du Mémorandum d’accord,<br />
comme on l’avait fait pour <strong>de</strong>s questions compliquées, telles<br />
que la transparence et les mémoires d’amicus curiae. L’Organe