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certains instruments internationaux qui pourraient être utiles si <strong>de</strong>s<br />

situations comparables se reproduisaient, mais ces instruments<br />

ne sont pas nécessairement directement liés à l’OMC. Qui plus<br />

est, d’après une estimation <strong>de</strong> la Banque mondiale, 65 pour<br />

cent <strong>de</strong>s récentes hausses <strong>de</strong> prix sont imputables à l’essor<br />

<strong>de</strong>s biocarburants. Le constat vaut peut-être essentiellement<br />

pour les politiques <strong>de</strong>s pays développés qui, en encourageant la<br />

production ineffi ciente <strong>de</strong> biocarburants en zone tempérée, ont<br />

faussé encore plus les marchés agricoles. Le fait est que les<br />

biocarburants qui seraient susceptibles <strong>de</strong> respecter le climat,<br />

à savoir ceux qui sont issus <strong>de</strong> cultures tropicales telles que<br />

le sucre ou l’huile <strong>de</strong> palme, sont pénalisés par <strong>de</strong>s marchés<br />

particulièrement faussés. Les règles <strong>de</strong> l’OMC pourraient<br />

pallier les effets <strong>de</strong> distorsion sur les marchés internationaux <strong>de</strong><br />

biocarburants en disciplinant les subventions et en réduisant les<br />

tarifs et autres taxes et droits qui limitent l’accès aux marchés.<br />

Quoi qu’il en soit, d’autres questions comme les stocks vivriers<br />

et l’instabilité <strong>de</strong>s prix ou encore la fi xation <strong>de</strong>s prix <strong>de</strong>s produits<br />

<strong>de</strong> <strong>base</strong> en dollars et la dépréciation <strong>de</strong> la <strong>de</strong>vise américaine<br />

peuvent diffi cilement être résolues <strong>de</strong> façon directe par <strong>de</strong>s<br />

règles commerciales.<br />

Parmi les outils qui permettent <strong>de</strong> traiter directement <strong>de</strong><br />

la sécurité alimentaire et qui sont désormais inclus dans les<br />

négociations fi gurent les Produits spéciaux (PS) et le Mécanisme<br />

<strong>de</strong> sauvegar<strong>de</strong> spéciale (MSS). Il est intéressant <strong>de</strong> noter que<br />

le système commercial, pour la première fois <strong>de</strong> son histoire, a<br />

admis que <strong>de</strong>s préoccupations comme la sécurité alimentaire, la<br />

nécessité <strong>de</strong> moyens d’existence durables et le développement<br />

rural étaient légitimes et a accordé à <strong>de</strong>s produits apparentés<br />

un traitement différencié en matière d’accès aux marchés. À<br />

cet égard, il y a bien une tentative visant à faire <strong>de</strong> la sécurité<br />

alimentaire une question relevant <strong>de</strong> l’OMC. Toutefois, nous<br />

ne verrons si ces outils sont effi caces et s’ils constituent une<br />

réponse adaptée uniquement après les avoir essayés. En tout<br />

état <strong>de</strong> cause, la nécessité <strong>de</strong> mettre ces questions au menu <strong>de</strong>s<br />

négociations doit être reconnue.<br />

M. l’Ambassa<strong>de</strong>ur Teehankee a déclaré que l’approche<br />

fondée sur les trois piliers, <strong>de</strong>stinée à faire baisser simultanément<br />

les droits et les subventions, était une réponse nécessaire,<br />

quoique insuffi sante, face à la crise alimentaire mondiale. Bien<br />

que l’OMC, en établissant le cadre requis pour que le système<br />

commercial international soit plus équitable, ait un rôle non<br />

négligeable à jouer concernant la sécurité alimentaire à long<br />

terme, elle n’est pas une panacée et certains aspects <strong>de</strong> la crise<br />

alimentaire doivent être traités dans un cadre autre.<br />

Les institutions fi nancières internationales et les pays les plus<br />

prospères ont reconnu la gravité <strong>de</strong> la crise en proposant <strong>de</strong>s<br />

programmes d’ai<strong>de</strong> et <strong>de</strong>s prêts aux pays en développement.<br />

C’était un signal positif, mais leurs différentes promesses étaient<br />

largement symboliques, ce qui compromet la possibilité d’actions<br />

urgentes. La Banque mondiale, par exemple, a appelé à la<br />

création d’un fi let <strong>de</strong> sécurité et à l’augmentation <strong>de</strong>s prêts pour<br />

la production agricole et la libéralisation <strong>de</strong>s échanges. D’après<br />

l’expérience <strong>de</strong>s Philippines, le programme d’investissement<br />

<strong>de</strong> la Banque mondiale a surtout été défi ni en fonction <strong>de</strong><br />

partenariats avec <strong>de</strong>s sociétés internationales, l’objectif étant<br />

Forum public <strong>de</strong> l’OMC «Un commerce tourné vers l’avenir»<br />

moins <strong>de</strong> soutenir les agriculteurs et <strong>de</strong> promouvoir la sécurité<br />

alimentaire et la production intérieure <strong>de</strong> <strong>de</strong>nrées alimentaires<br />

que <strong>de</strong> développer les courants d’échanges. Par conséquent,<br />

les principaux gains seront pour les groupes <strong>de</strong> l’industrie<br />

agroalimentaire qui contrôlent les marchés d’exportation. De<br />

même, les institutions fi nancières et une partie <strong>de</strong> l’ai<strong>de</strong> publique<br />

au développement ont stimulé les échanges au lieu <strong>de</strong> déterminer<br />

le type d’échanges et <strong>de</strong> fi nancements qui était nécessaire et les<br />

activités <strong>de</strong> production vivrière à cibler.<br />

Ces questions méritent une réfl exion approfondie. Ceci<br />

justifi ait également <strong>de</strong> doper la production locale en augmentant<br />

les investissements dans l’agriculture. Toutefois, <strong>de</strong>s incitations<br />

plus importantes seraient nécessaires: il faudrait, par exemple,<br />

laisser aux pays en défi cit vivrier une marge <strong>de</strong> manœuvre plus<br />

large, quoique calibrée, en matière d’importations. C’était très<br />

précisément le but <strong>de</strong>s propositions du G-33 au sujet <strong>de</strong>s PS et<br />

du MSS, à savoir assurer la sécurité alimentaire, la pérennité <strong>de</strong>s<br />

moyens d’existence et le développement rural. Les PS et le MSS<br />

sont donc l’un <strong>de</strong>s éléments clés qui manquent encore dans le<br />

projet <strong>de</strong> modalités; plus tôt ils seront traités, plus vite le Cycle<br />

<strong>de</strong> Doha produira un résultat répondant au double problème <strong>de</strong><br />

la crise alimentaire et <strong>de</strong> la sécurité alimentaire.<br />

M. Matus a dit que le Cycle <strong>de</strong> Doha constituait une sorte<br />

d’expérience, dans la mesure où il est d’ores et déjà trop<br />

complexe en raison du nombre <strong>de</strong> questions traitées, du niveau<br />

<strong>de</strong> détail mais également du nombre <strong>de</strong> pays participants. Avec<br />

153 Membres, le système est <strong>de</strong>venu plus démocratique mais<br />

tout le processus en est rendu plus complexe. En outre, la<br />

complexité s’est traduite par une infl ation <strong>de</strong> règles. Même si<br />

nous parvenons à un accord, il donnera naissance à un mon<strong>de</strong><br />

extrêmement complexe du point <strong>de</strong> vue <strong>de</strong>s règles commerciales.<br />

Par conséquent, les milieux d’affaires auront <strong>de</strong> la diffi culté à<br />

tenir compte <strong>de</strong> ces nouvelles règles, car nous risquons d’avoir<br />

<strong>de</strong>s exceptions pour chaque Membre ou presque.<br />

Qui plus est, le système dans son ensemble suscite un<br />

certain désenchantement. L’un <strong>de</strong>s fon<strong>de</strong>ments du GATT était<br />

que le capitalisme offrait une recette simple à appliquer – la<br />

libéralisation – pour développer le commerce et, par là même,<br />

améliorer les niveaux <strong>de</strong> vie. La recette s’est révélée effi cace<br />

jusque dans les années 90 et le commerce a continué à se<br />

développer. De ce point <strong>de</strong> vue-là, le gâteau était un gros<br />

gâteau. Mais l’immense majorité <strong>de</strong> la population n’en a pas<br />

profi té. D’où la diffi culté <strong>de</strong> faire admettre l’utilité <strong>de</strong> règles<br />

commerciales ayant pour objet <strong>de</strong> poursuivre la libéralisation.<br />

Le projet <strong>de</strong> modalités pour le Cycle <strong>de</strong> Doha présente <strong>de</strong><br />

nombreux défauts, dont les cinq i<strong>de</strong>ntifi és par le modérateur.<br />

Néanmoins, tout en saluant <strong>de</strong> nouveau le document <strong>de</strong> travail,<br />

M. l’Ambassa<strong>de</strong>ur Matus a fait valoir que, dans bien <strong>de</strong>s<br />

domaines, ce que nous avons sur la table aujourd’hui aurait été<br />

le rêve <strong>de</strong>s négociateurs d’il y a dix ans. Des progrès ont donc<br />

été accomplis; ils ne sont certes pas énormes, mais ils sont<br />

signifi catifs pour le système, car certaines limites et disciplines<br />

ont été instaurées. Les pays en développement sont ceux qui<br />

ont le plus besoin <strong>de</strong> ces règles pour se soustraire au pouvoir<br />

<strong>de</strong>s marchés les plus puissants. Les disciplines les protègent et,

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