26.06.2013 Views

1894 - Diocèse de Quimper et du Léon

1894 - Diocèse de Quimper et du Léon

1894 - Diocèse de Quimper et du Léon

SHOW MORE
SHOW LESS

Create successful ePaper yourself

Turn your PDF publications into a flip-book with our unique Google optimized e-Paper software.

- 256 —<br />

sation dix-huit membres <strong>de</strong> l'Administration <strong>du</strong> Finistère, <strong>et</strong><br />

le chef-lieu <strong>du</strong> département était transféré <strong>de</strong> <strong>Quimper</strong> à<br />

Lan<strong>de</strong>rneau, où une Commission administra le Finistère<br />

<strong>du</strong>rant toute la pério<strong>de</strong> <strong>de</strong> la Terreur, <strong>et</strong> fut chargée <strong>de</strong><br />

poursuivre activement tous ceux qui avaient protesté contre<br />

Ie coup d'Etat <strong>du</strong> 31 Mai (1).<br />

Il était utile <strong>de</strong> rappeler ces faits pour mieux comprendre<br />

la l<strong>et</strong>tre, que nous allons citer, d'un malheureux prétre attiré<br />

dans le diocèse par Expilly, qui en fit son vicaire général.<br />

Compromis avec Expilly par sa protestation contre la<br />

Convention, ii fut incarcéré à Lan<strong>de</strong>rneau, <strong>et</strong> voici la l<strong>et</strong>tre<br />

qu'il ose écrire pour recouvrer la liberté (2) :<br />

« Duodi 2-' déca<strong>de</strong> Brumaire an H (Ri Novembre 1793).<br />

« Le citoyen Huraut, vicaire épiscopal <strong>du</strong> Finistère,<br />

au Département, à Lan<strong>de</strong>rneau*<br />

« Depuis dix-sept jours, je suis détenu en la maison<br />

d'arrêt, <strong>et</strong> je cherche inutilement la cause <strong>de</strong> ma détention,<br />

car Ies preuves <strong>de</strong> mon civisme sont patentes :<br />

« 1° Lors <strong>de</strong> Ja suppression d'un canonicat agréable près<br />

<strong>de</strong> Paris, où je suis né, j'en ai fait le sacrifice avec la plus<br />

gran<strong>de</strong> joie, alors que la plupart <strong>de</strong>s bénéficiers murmuraient.<br />

« 2» Indigné à la vue <strong>de</strong> la perfidie <strong>de</strong>s prêtres qui abandonnaient<br />

lâchement leur poste pour nuire à la chose publique,<br />

je me suis empressé <strong>de</strong> me ranger au nombre <strong>de</strong>s prêtres<br />

assermentés. N'ayant pu ine livrer au ministère dans le<br />

heu <strong>de</strong> ma naissance, parce que mes parents, qui sont aujourd<br />

hui excellents patriotes, différaient alors d'opinion avec<br />

moi, j'ai volé dans le Finistère, au poste qui m'était offert.<br />

« 3-- Convaincu que les faibles habitants <strong>de</strong>s campagnes<br />

<strong>du</strong> Finistère respiraient sans cesse l'o<strong>de</strong>ur infecte <strong>du</strong> fanatisme,<br />

j'ai consacré mes faibles talents k les éclairer, en faisant<br />

imprimer <strong>et</strong> tra<strong>du</strong>ire en br<strong>et</strong>on, pendant près <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux<br />

mois, à mes frais, <strong>de</strong>s instructions propres à former l'esprit<br />

public parmi eux.<br />

« 4- Elevé au-<strong>de</strong>ssus <strong>de</strong>s préjugés religieux, j'ai, contre Ia<br />

volonté <strong>de</strong>s prêtres au milieu <strong>de</strong>squels je vis, donné, dans les<br />

premiers jours <strong>du</strong> mois <strong>de</strong>rnier, la bénédiction nuptiale au<br />

premier ecclésiastique qui ait êté assez courageux pour se<br />

marier dans le Finistère, sans me m<strong>et</strong>tre en peine <strong>de</strong>s désagréments<br />

que je prévoyais avoir à essuver <strong>de</strong> leur part, à la<br />

suite <strong>de</strong> c<strong>et</strong> acte juste <strong>de</strong> mon ministère."<br />

< Plein <strong>de</strong> Ia confiance la plus entière en e<strong>et</strong>te Montagne<br />

libératrice sur le compte <strong>de</strong> laquelle nous avons été égarés<br />

un instant par <strong>de</strong> vils folliculaires, par un scélérat <strong>de</strong> Kervé-<br />

u CIT 0 ? L'^Minûtration <strong>du</strong> département <strong>du</strong> Finistère, -Mm-HU pai<br />

M, t m ile Le uuulou <strong>de</strong> Pênanro-î<br />

m L. ->o.<br />

Archives diocésaines <strong>de</strong> <strong>Quimper</strong> <strong>et</strong> <strong>Léon</strong><br />

- 2S7 -<br />

légan, par <strong>de</strong> perfi<strong>de</strong>s envoyés <strong>du</strong> Calvados, j'ai moi-même<br />

proposé à la Société républicaine <strong>de</strong> <strong>Quimper</strong>, <strong>de</strong> prier la<br />

Convention "<strong>de</strong> rester à son poste jusqu'à ce qu'elle ait consolidé<br />

l'édifice <strong>de</strong> notre bonheur.<br />

« J'espère donc que vous ne tar<strong>de</strong>rez pas à me procurer<br />

ma liberté <strong>et</strong> mon bonheur.<br />

* Vive la Montagne ! elle seule fait mon espoir. »<br />

C<strong>et</strong>te l<strong>et</strong>tre, qui prouve une fois <strong>de</strong> plus <strong>de</strong> queUe ftrçon<br />

déplorable se recrutait le haut clergé constitutionnel, ne pouvait<br />

manquer d'être agréée par Ia Commission administrative<br />

qui représentait si bien dans le Finistère le Gouvernement <strong>de</strong><br />

° Elle y répondait, te 9 Frimaire an II (29 Novembre 1793),<br />

par l'arrêté qui suit ;<br />

« Vu la déclaration <strong>du</strong> citoyen Huraut, ex-vicaire épiscopal<br />

<strong>du</strong> Finistère/datée <strong>de</strong> ce jour <strong>et</strong> ainsi conçue :<br />

« Je déclare reconnaître que la Révolution <strong>du</strong> 31 Mai était<br />

« nécessaire pour assurer le bonheur public. Je suis convaincu<br />

« que la Montagne a sauvé seule la République <strong>et</strong> peut seule<br />

« opérer son bonheur. Je prom<strong>et</strong>s <strong>de</strong> lai <strong>de</strong>meurer fidèle. »<br />

« Considérant que jusqu'à, l'époque <strong>de</strong> la rébellion <strong>de</strong> l'ancienne<br />

Administration <strong>du</strong> Finistère, le citoyen Huraut a, par<br />

ses actions, donné <strong>de</strong>s preuves notoires <strong>de</strong> son attachement à<br />

la Révolution nationale, par les efforts qu'il a faits pour éclairer<br />

ou réprimer les fanatiques <strong>de</strong> tous les partis ;<br />

c Considérant que rien ne prouve quil ait pris une part<br />

active a la rébellion <strong>de</strong> l'ancienne Administration; qu'une<br />

erreur involontaire <strong>et</strong> l'entraînement générai l'ont seuls égaré<br />

un instant dans les opinions qu'il a manifestées témérairement<br />

avant la promulgation <strong>de</strong> l'acte constitutionnel ;<br />

* Considérant que ces erreurs ont ôté suffisamment expiées<br />

par la détention que l'intérêt <strong>de</strong> la patrie a provoquée contre<br />

lui ;<br />

« Arrête qu'il soit mis en liberté... *<br />

On ne s'étonnera pas après cela <strong>de</strong> lire sur le regwtre <strong>du</strong><br />

District <strong>de</strong> <strong>Quimper</strong>, à la date <strong>du</strong> ll Floréal an U (30 Avril<br />

179,4) :<br />

«... S'est présenté le citoyen Nicolas Huraut, ci-<strong>de</strong>vant<br />

vicaire épiscopal <strong>du</strong> Finistère, qui déclare abdiquer son état<br />

<strong>et</strong> ses fonctions <strong>de</strong> prétre, conformément à l'esprit <strong>de</strong>si tou<br />

relatives aux abdications. De laquelle déclaration lui a été<br />

décerné acte. »<br />

Ce malheureux prètre a été, au commencement <strong>de</strong> ce siècle<br />

le premier bibliothécaire <strong>de</strong> la ville <strong>de</strong> <strong>Quimper</strong>.<br />

(A suivre.)

Hooray! Your file is uploaded and ready to be published.

Saved successfully!

Ooh no, something went wrong!