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sation dix-huit membres <strong>de</strong> l'Administration <strong>du</strong> Finistère, <strong>et</strong><br />
le chef-lieu <strong>du</strong> département était transféré <strong>de</strong> <strong>Quimper</strong> à<br />
Lan<strong>de</strong>rneau, où une Commission administra le Finistère<br />
<strong>du</strong>rant toute la pério<strong>de</strong> <strong>de</strong> la Terreur, <strong>et</strong> fut chargée <strong>de</strong><br />
poursuivre activement tous ceux qui avaient protesté contre<br />
Ie coup d'Etat <strong>du</strong> 31 Mai (1).<br />
Il était utile <strong>de</strong> rappeler ces faits pour mieux comprendre<br />
la l<strong>et</strong>tre, que nous allons citer, d'un malheureux prétre attiré<br />
dans le diocèse par Expilly, qui en fit son vicaire général.<br />
Compromis avec Expilly par sa protestation contre la<br />
Convention, ii fut incarcéré à Lan<strong>de</strong>rneau, <strong>et</strong> voici la l<strong>et</strong>tre<br />
qu'il ose écrire pour recouvrer la liberté (2) :<br />
« Duodi 2-' déca<strong>de</strong> Brumaire an H (Ri Novembre 1793).<br />
« Le citoyen Huraut, vicaire épiscopal <strong>du</strong> Finistère,<br />
au Département, à Lan<strong>de</strong>rneau*<br />
« Depuis dix-sept jours, je suis détenu en la maison<br />
d'arrêt, <strong>et</strong> je cherche inutilement la cause <strong>de</strong> ma détention,<br />
car Ies preuves <strong>de</strong> mon civisme sont patentes :<br />
« 1° Lors <strong>de</strong> Ja suppression d'un canonicat agréable près<br />
<strong>de</strong> Paris, où je suis né, j'en ai fait le sacrifice avec la plus<br />
gran<strong>de</strong> joie, alors que la plupart <strong>de</strong>s bénéficiers murmuraient.<br />
« 2» Indigné à la vue <strong>de</strong> la perfidie <strong>de</strong>s prêtres qui abandonnaient<br />
lâchement leur poste pour nuire à la chose publique,<br />
je me suis empressé <strong>de</strong> me ranger au nombre <strong>de</strong>s prêtres<br />
assermentés. N'ayant pu ine livrer au ministère dans le<br />
heu <strong>de</strong> ma naissance, parce que mes parents, qui sont aujourd<br />
hui excellents patriotes, différaient alors d'opinion avec<br />
moi, j'ai volé dans le Finistère, au poste qui m'était offert.<br />
« 3-- Convaincu que les faibles habitants <strong>de</strong>s campagnes<br />
<strong>du</strong> Finistère respiraient sans cesse l'o<strong>de</strong>ur infecte <strong>du</strong> fanatisme,<br />
j'ai consacré mes faibles talents k les éclairer, en faisant<br />
imprimer <strong>et</strong> tra<strong>du</strong>ire en br<strong>et</strong>on, pendant près <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux<br />
mois, à mes frais, <strong>de</strong>s instructions propres à former l'esprit<br />
public parmi eux.<br />
« 4- Elevé au-<strong>de</strong>ssus <strong>de</strong>s préjugés religieux, j'ai, contre Ia<br />
volonté <strong>de</strong>s prêtres au milieu <strong>de</strong>squels je vis, donné, dans les<br />
premiers jours <strong>du</strong> mois <strong>de</strong>rnier, la bénédiction nuptiale au<br />
premier ecclésiastique qui ait êté assez courageux pour se<br />
marier dans le Finistère, sans me m<strong>et</strong>tre en peine <strong>de</strong>s désagréments<br />
que je prévoyais avoir à essuver <strong>de</strong> leur part, à la<br />
suite <strong>de</strong> c<strong>et</strong> acte juste <strong>de</strong> mon ministère."<br />
< Plein <strong>de</strong> Ia confiance la plus entière en e<strong>et</strong>te Montagne<br />
libératrice sur le compte <strong>de</strong> laquelle nous avons été égarés<br />
un instant par <strong>de</strong> vils folliculaires, par un scélérat <strong>de</strong> Kervé-<br />
u CIT 0 ? L'^Minûtration <strong>du</strong> département <strong>du</strong> Finistère, -Mm-HU pai<br />
M, t m ile Le uuulou <strong>de</strong> Pênanro-î<br />
m L. ->o.<br />
Archives diocésaines <strong>de</strong> <strong>Quimper</strong> <strong>et</strong> <strong>Léon</strong><br />
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légan, par <strong>de</strong> perfi<strong>de</strong>s envoyés <strong>du</strong> Calvados, j'ai moi-même<br />
proposé à la Société républicaine <strong>de</strong> <strong>Quimper</strong>, <strong>de</strong> prier la<br />
Convention "<strong>de</strong> rester à son poste jusqu'à ce qu'elle ait consolidé<br />
l'édifice <strong>de</strong> notre bonheur.<br />
« J'espère donc que vous ne tar<strong>de</strong>rez pas à me procurer<br />
ma liberté <strong>et</strong> mon bonheur.<br />
* Vive la Montagne ! elle seule fait mon espoir. »<br />
C<strong>et</strong>te l<strong>et</strong>tre, qui prouve une fois <strong>de</strong> plus <strong>de</strong> queUe ftrçon<br />
déplorable se recrutait le haut clergé constitutionnel, ne pouvait<br />
manquer d'être agréée par Ia Commission administrative<br />
qui représentait si bien dans le Finistère le Gouvernement <strong>de</strong><br />
° Elle y répondait, te 9 Frimaire an II (29 Novembre 1793),<br />
par l'arrêté qui suit ;<br />
« Vu la déclaration <strong>du</strong> citoyen Huraut, ex-vicaire épiscopal<br />
<strong>du</strong> Finistère/datée <strong>de</strong> ce jour <strong>et</strong> ainsi conçue :<br />
« Je déclare reconnaître que la Révolution <strong>du</strong> 31 Mai était<br />
« nécessaire pour assurer le bonheur public. Je suis convaincu<br />
« que la Montagne a sauvé seule la République <strong>et</strong> peut seule<br />
« opérer son bonheur. Je prom<strong>et</strong>s <strong>de</strong> lai <strong>de</strong>meurer fidèle. »<br />
« Considérant que jusqu'à, l'époque <strong>de</strong> la rébellion <strong>de</strong> l'ancienne<br />
Administration <strong>du</strong> Finistère, le citoyen Huraut a, par<br />
ses actions, donné <strong>de</strong>s preuves notoires <strong>de</strong> son attachement à<br />
la Révolution nationale, par les efforts qu'il a faits pour éclairer<br />
ou réprimer les fanatiques <strong>de</strong> tous les partis ;<br />
c Considérant que rien ne prouve quil ait pris une part<br />
active a la rébellion <strong>de</strong> l'ancienne Administration; qu'une<br />
erreur involontaire <strong>et</strong> l'entraînement générai l'ont seuls égaré<br />
un instant dans les opinions qu'il a manifestées témérairement<br />
avant la promulgation <strong>de</strong> l'acte constitutionnel ;<br />
* Considérant que ces erreurs ont ôté suffisamment expiées<br />
par la détention que l'intérêt <strong>de</strong> la patrie a provoquée contre<br />
lui ;<br />
« Arrête qu'il soit mis en liberté... *<br />
On ne s'étonnera pas après cela <strong>de</strong> lire sur le regwtre <strong>du</strong><br />
District <strong>de</strong> <strong>Quimper</strong>, à la date <strong>du</strong> ll Floréal an U (30 Avril<br />
179,4) :<br />
«... S'est présenté le citoyen Nicolas Huraut, ci-<strong>de</strong>vant<br />
vicaire épiscopal <strong>du</strong> Finistère, qui déclare abdiquer son état<br />
<strong>et</strong> ses fonctions <strong>de</strong> prétre, conformément à l'esprit <strong>de</strong>si tou<br />
relatives aux abdications. De laquelle déclaration lui a été<br />
décerné acte. »<br />
Ce malheureux prètre a été, au commencement <strong>de</strong> ce siècle<br />
le premier bibliothécaire <strong>de</strong> la ville <strong>de</strong> <strong>Quimper</strong>.<br />
(A suivre.)