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Archives diocésaines <strong>de</strong> uimper <strong>et</strong> <strong>Léon</strong><br />
- 632 -<br />
s'accomplir ce divin sacrifice, dont elle avait nourri la victime<br />
<strong>de</strong> sa plus pure substance. C'est Ie spectacle le plus émouvant<br />
<strong>de</strong> ces mystères : Stabat juncta crucem Jesu Maria Mater ejus,<br />
<strong>de</strong>bout contre la croix <strong>de</strong> Jésus, était Marie, sa Mère, pénétrée<br />
envers nous d'un amour infini qui la rendait Notre Mère a nous,<br />
offrant d'elle-même son propre Fils k Ja justice <strong>de</strong> Dieu, <strong>et</strong> agonisant<br />
<strong>de</strong> sa mort, en son âme percée d'un glaive <strong>de</strong> douleur.<br />
Enfin dans les mystères glorieux qui suivent, Ia fonction<br />
émouvante <strong>de</strong> la sublime Vierge est confirmée avec une éloquence<br />
plus gran<strong>de</strong> encore. La gloire <strong>de</strong> son Fils, vainqueur <strong>de</strong><br />
la mort, Marie en jouit silencieuse <strong>de</strong> bonheur; ses regards<br />
accompagnent <strong>de</strong> l'expression <strong>de</strong> son amour <strong>de</strong> Mère Jésus, qui<br />
r<strong>et</strong>ourne dans les cieux. Elle, digne <strong>du</strong> ciel, reste sur la terre :<br />
elle veut soutenir <strong>et</strong> gui<strong>de</strong>r <strong>de</strong> sa sagesse l'Eglise, qui vient <strong>de</strong><br />
naître : qum prof'undissimam divinœ sapientia^ ultra quam cr edt<br />
vateat pen<strong>et</strong>ravit abyssum (1). .Cependant, le mystère <strong>de</strong> la<br />
ré<strong>de</strong>mption <strong>de</strong>s hommes ne sera parfaitement accompli, que<br />
lorsque sera venu le Saint-Esprit, que le Christ a promis ; aussi<br />
voici Marie, présentée à notre admiration, au milieu <strong>du</strong> Cénacle.<br />
Elle est là, entourée <strong>de</strong>s apôtres, priant pour eux, avec l'inénarrable<br />
gémissement <strong>de</strong> son âme, hâtant l'avènement parfait <strong>du</strong><br />
Paracl<strong>et</strong>, don suprême <strong>du</strong> Christ, trésor, source précieuse, qui<br />
iamais ne tarira. Elle s'en va maintenant, se dirigeant vers le<br />
aiècle étemel plai<strong>de</strong>r notre cause, remplir un ministère qui ne<br />
cessera jamais. Nous la voyons, en eff<strong>et</strong>, monter <strong>de</strong> c<strong>et</strong>te vallée<br />
<strong>de</strong> larmes vers la Jérusalem sainte, escortée, portée par les<br />
chœurs angéliques ; nous la saluons sublime <strong>de</strong> splen<strong>de</strong>ur dans<br />
la gloire <strong>de</strong>s Saints; le front éclatant d'un diadème d'étoiles,<br />
qu'y a déposé son Divin Fils, elle rayonne à ses côtés Reine <strong>de</strong><br />
tour l'univers.<br />
Vénérables Frères, ces mystères où se dévoile la pensée <strong>de</strong><br />
Dieu, pensée <strong>de</strong> sagesse, pensée <strong>de</strong> miséricor<strong>de</strong>, consilium Dei,<br />
consilium sapientia, consilium pittatis (2), où éclatent les<br />
mérites immenses <strong>de</strong> la Vierge-Mère, ne peuvent laisser une<br />
seule âme insensible, tant est certaine l'espérance qu'ils donnent<br />
d'obtenir, par le ministère <strong>de</strong> Marie, le bienfait <strong>de</strong> la clémence<br />
<strong>et</strong> <strong>de</strong> la miséricor<strong>de</strong> divines.<br />
Anx mêmes précieux résultats con<strong>du</strong>it la prière vocale, si<br />
merveilleusement adaptée aux mystères. Vient d'abord, comme<br />
il est juste, l'oraison dominicale, la prière k Notre Père <strong>de</strong>s<br />
cieux. A peine Tavons-nous invoqué en sublimes accents, que<br />
<strong>de</strong> son trône notre prière <strong>de</strong>scend <strong>et</strong> se tourne suppliante vers<br />
Marie, tout naturellement, en vertu <strong>de</strong> c<strong>et</strong>te loi <strong>de</strong> conciliation<br />
<strong>et</strong> <strong>de</strong> supplication, si bien formulée par saint Bernardin <strong>de</strong><br />
Sienne : Omnis gratia quœ huic sœculo communîcatur, triplicem<br />
Hab<strong>et</strong> processum. Nam a Deo in Christum, a Christo in<br />
(1) S. BER KA Rn, <strong>de</strong> XII prterogaliv. B. M. V. n. J.<br />
(2) S. BE RN A R n, servi, in IS'ativ. B. M. K. n. 6.<br />
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Virgînem, a Virgine in nos ordinatissime dispensa tur (1) Toute<br />
grâce accordée-aux hommes, arrive jusqu'à eux par trois <strong>de</strong>grés<br />
parfaitement ordonnés : Dieu la communique au Christ <strong>du</strong> Christ<br />
elle passe à la Sainte-Vierge, <strong>et</strong> <strong>de</strong>s mains <strong>de</strong> Marie, elle <strong>de</strong>scend<br />
jusqu à nous. Or, par la récitation <strong>du</strong> Rosaire, nous nous arrêtons<br />
plus volontiers, en quelque sorte avec plus <strong>de</strong> bonheur sûr<br />
le troisième <strong>de</strong> ces <strong>de</strong>grés, qui ont chacun leur caractère \ par<br />
la salutation angélique répétée par dizaines, nous prenons force<br />
<strong>et</strong> confiance pour gravir Ies <strong>de</strong>ux autres <strong>de</strong>grés, pour arriver<br />
par Jésus-Christ, à Dieu son Père. C<strong>et</strong>te même salutation, nous<br />
Ia répétons si souvent à Marie, pour que notre pauvre <strong>et</strong>faible<br />
prière se pénètre, se fortifie <strong>de</strong> la confiance nécessaire, lorsque<br />
nous la supplions <strong>de</strong> prier Dieu pour nous, comme en notre nom<br />
à nous. A nos accents quel charme <strong>et</strong> quelle puissance ajoute<br />
aux regards <strong>de</strong> Dteu,.la recommandation <strong>de</strong> la Sainte-Vierge, <strong>de</strong><br />
celle que Lui-mênic invite à parler, en <strong>de</strong>s termes si doux ét si<br />
tendres : « Son<strong>et</strong> vox-tua in auribus m<strong>et</strong>s, vox enim tua <strong>du</strong>icis<br />
(2); que ta voix'résonne à mes oreilles, car ta voix-m'est si<br />
douce! » Aussi, lui répétons-nous souvent ses titres les plus<br />
glorieux à tout obtenir. Nous saluons en elle, celle qui plut aux<br />
yeux <strong>de</strong> Dieu, gratiam apud Deum invenitt particulièrement<br />
remplie par lui <strong>de</strong> grâce, plenam gratia t d'une gràce dont l'abondance<br />
<strong>de</strong>vait s J épandre sur tous les hommes ; nous Ia saluons<br />
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béni <strong>de</strong> ses entrailles, en qui seront bénies toutes les nations.<br />
Nous l'invoquons enfin Mère <strong>de</strong> Dieu. En vertu <strong>de</strong> c<strong>et</strong>te dignité,<br />
que n'est-elle certaine d'obtenir pour nous, pauvres pêcheurs, <strong>et</strong><br />
qu'y a-t-il que nous ne puissions attendre, dans toutes les circonstances<br />
<strong>de</strong> notre vie <strong>et</strong> dans la lutte suprême <strong>de</strong> l'agonie?<br />
Le chrétien qui, <strong>de</strong> toute l'attention <strong>et</strong> <strong>de</strong> la foi <strong>de</strong> son àme, se<br />
pénétrera <strong>de</strong> ces prières <strong>et</strong> <strong>de</strong> ces mystères, ne saurait échapper<br />
à l'étreinte d'un sentiment puissant d'admiration envers les<br />
<strong>de</strong>sseins <strong>de</strong> Dieu à l'égard <strong>de</strong> Marie, pour Ie salut <strong>de</strong> toute<br />
l'humanité. Il tressaillira d'une.joyeuse confiance <strong>de</strong> se sentir<br />
sous la protection, dans les bras d'une telle Mère, <strong>et</strong> dira, comme<br />
saint Bernard : Souvenez-vous, ô pieuse Vierge Marie, qu'on n'a<br />
jamais oui dire qu'aucun <strong>de</strong> ceux qui ont eu recours à votre<br />
protection, imploré votre assistance ou réclamé votre intercession,<br />
ait été abandonné <strong>de</strong> vous f<br />
Le Rosaire, si puissant pour exciter la confiance chez ceux<br />
qui prient, jouit d'une vertu égale pour émouvoir en notre<br />
faveur le cœur <strong>de</strong> la Sa i nte-Vierge. Combien, en eff<strong>et</strong>, il lui doit<br />
être agréable <strong>de</strong> nous entendre <strong>et</strong> <strong>de</strong> nous voir lui tresser une<br />
(1} Serni. VI in fesfts B. M. f, <strong>de</strong> Aiinunc. a, L c. 5.<br />
(2) CANT. II, u.<br />
(3j S. Tu OM AS, op, VIII, sv per salut, angel, n. ê.<br />
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