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1894 - Diocèse de Quimper et du Léon

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jeune fille <strong>de</strong> 17 ans qui n'a rien appris <strong>du</strong> métier <strong>de</strong>s armes,<br />

nous confond <strong>et</strong> nous arrache l'aveu <strong>du</strong> miracle. Mais qu'ils<br />

m<strong>et</strong>tent à cause d'elle un frein à leurs passions, laissent Ia<br />

licence <strong>de</strong> la vie <strong>de</strong>s camps pour aller a la prière, à la confession,<br />

à l'eucharistie, il faut pour cela qu'ils aient vu aur Jeanne<br />

un rayon, un refl<strong>et</strong> <strong>du</strong> ciel, comme une apparition <strong>de</strong> ee seul<br />

honneur digne d'envie <strong>et</strong> d'hommage que nous appellerons Ia<br />

splen<strong>de</strong>ur <strong>du</strong> bien, splendor boni, l'éclatante <strong>et</strong> immaculée<br />

blancheur <strong>de</strong> la saint<strong>et</strong>é elle-même.<br />

m.<br />

L'honneur Ie plus éclatant s'égare, quand il ne suit pas la<br />

ligne droite <strong>du</strong> <strong>de</strong>voir, tracée par Dieu lui-même. Il doit avoir<br />

la rapidité <strong>de</strong> l'aigle pour le connaître <strong>et</strong> l'accomplir ; aquilis<br />

vel-ociores.<br />

La Sainte Ecriture nous dépeint l'aigle en <strong>de</strong>s termes qui<br />

nous représentent Jeanne elle-même dans sa glorieuse mission<br />

<strong>de</strong> guerrière, libératrice <strong>de</strong> la France... In pœruptis<br />

rupibus immoratur, l'aigle se tient sur les somm<strong>et</strong>s escarpés,<br />

indé contempïatur escam,<strong>de</strong> là il vise, il contemple sa proie...<br />

In<strong>de</strong>, c'est <strong>de</strong> haut qu'il faut chercher, contempler son <strong>de</strong>voir,<br />

par <strong>de</strong>là les mesquines préoccupations, les intérêts passagers<br />

<strong>et</strong> frivoles <strong>de</strong> la terre, au-<strong>de</strong>ssus <strong>de</strong>s passions qui divisent les<br />

hommes. In<strong>de</strong>... ce somm<strong>et</strong>, c'est Ia prière, le commerce avec<br />

Dieu, la consultation adressée k Dieu...<br />

Jeanne, dès son bas âge, a appris la prière. Elle ne sait ni<br />

A ni B <strong>de</strong>s choses <strong>de</strong> ce mon<strong>de</strong>, mais elle sait <strong>de</strong> sa mère,<br />

Notre Père qui êtes aux cieux, Je voua salue, Marie, Je crois<br />

en Dieu...<br />

Elle prie <strong>de</strong> la prière commune <strong>de</strong> Ia famiIle, elle prie dans<br />

le p<strong>et</strong>it ré<strong>du</strong>it d'où elle a ouverture sur l'église <strong>du</strong> village, au<br />

pied <strong>de</strong> Ia statue <strong>de</strong> la Sainte Vierge, à Notre-Dame <strong>de</strong> Bermont,<br />

à Notre-Dame <strong>de</strong> Domrémy, sur Ia colline, sous le bois<br />

eftesnti, dans les champs, à côté <strong>de</strong> ses brebis, quand Ia cloche<br />

sonne, avant, pendant, après les combats, partout où elle<br />

trouve une église ouverte pour y assister au sacrifice <strong>de</strong> la<br />

messe. M<strong>de</strong>, <strong>de</strong> ces hauteurs, son regard plonge dans le ciel<br />

<strong>et</strong> lit en ce livre <strong>de</strong>s <strong>de</strong>sseins <strong>et</strong> <strong>de</strong>s volontés <strong>de</strong> Dieu, où il y<br />

a plus que dans les vôtres, dit-elle aux savants, en son vif <strong>et</strong><br />

original langage. Contempïatur, c'est une vue calme <strong>et</strong> sereine.<br />

Non, elle n'est pas dans les rêveries, dans les imaginations<br />

maladives, elle n'est pas une hallucinée, c<strong>et</strong>te jeune fille dc<br />

belle santé, apte aux fatigues <strong>et</strong> aux privations, rigoureuse<br />

dans ses jeûnes <strong>et</strong> l'observation <strong>de</strong>s lois <strong>de</strong> l'Eglise, d'un bon<br />

sens exquis <strong>et</strong> toujours maître <strong>de</strong> lui-même.<br />

Oculi ejus <strong>de</strong> longe prospiciunt, les yeux perçants <strong>de</strong> l'aigle<br />

voient <strong>de</strong> loin. Jeanne a plus que les intuitions <strong>du</strong> gén ie; elle<br />

voit la mission <strong>et</strong> l'indépendance <strong>de</strong> la France, nécessaires au<br />

mon<strong>de</strong>, les droits <strong>de</strong> Dieu sur les sociétés <strong>et</strong> les pouvoirs :<br />

Archives diocésaine <strong>de</strong>T<strong>Quimper</strong> <strong>et</strong> <strong>Léon</strong><br />

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JI faut que les Anglais soient boutés <strong>de</strong>hors ; le roi n 1 a le<br />

royaume qu'en commen<strong>de</strong>, c'est Dieu qui est le seul maître<br />

souverain f -<br />

D'où lui vient la science militaire, la tactique savante <strong>de</strong>s<br />

combats ? Elle excelle à diriger l'artillerie ; rien dans tes détails<br />

<strong>de</strong>s manœuvres n'échappe à son attentive perspicacité. Apprenez<br />

d'elle encore où est son cabin<strong>et</strong> <strong>de</strong> travail <strong>et</strong> d'étu<strong>de</strong> -.<br />

J'étais en mon conseil, pendant que vous étiez au vôtre- Elle<br />

était au conseil; à l'école <strong>de</strong> Dieu, le maître <strong>de</strong> toutes les<br />

sciences, qui l'instruisait lui-même.<br />

Ubicumque fuerit cadaver, statim a<strong>de</strong>st, d'un coup,' l'aigle<br />

fond sur sa proie. Jeanne est prompte à l'action cora-me à<br />

l'idée, statim. B faut quitter ton père, ta mère, egre<strong>de</strong>re <strong>de</strong><br />

domo patris fuif te séparer <strong>de</strong>s affections <strong>et</strong> <strong>de</strong>s joies <strong>du</strong> jeune<br />

âge : statim, me voilà; triompher <strong>de</strong>s insolents dédaîns <strong>du</strong><br />

capitaine <strong>de</strong> Vaucouleurs qui pense qu'un bon souffl<strong>et</strong> aura<br />

raison <strong>de</strong> ta folie : statim, me voilà ! Tu <strong>de</strong>vras supporter lés<br />

lenteurs <strong>de</strong> là défiance, te soum<strong>et</strong>tre aux fatigants <strong>et</strong> minutieux<br />

interrogatoires <strong>de</strong>s docteurs, lutter contre les intrigues<br />

<strong>et</strong> les jalousies qui circonviennent ton roi, contre ton roi luimême,<br />

.si hésitant, si faible, si indolent : statim, me voilà !<br />

Plutôt aujourd'hui que <strong>de</strong>main, <strong>de</strong>main qu'après!<br />

Jeaune s'élance, elle entraîne tout après elle, avec l'élan<br />

joyeux <strong>du</strong> soldat francais. Blessée d'une flèche, elle se relève;<br />

après avoir laissé voir, dans un soupir <strong>et</strong> une larme,qu'elle est<br />

d'un âge <strong>et</strong> d'une nature sensibles à la douleur, elle arrache<br />

le fer <strong>de</strong> sa blessure, rappelle les fuyards : à Vassaut, entrez,<br />

ils sont nôtres ; <strong>et</strong> ailleurs : venez, seraient-ils pen<strong>du</strong>s aux nues,<br />

nous les aurons !<br />

En une semaine, elle fait lever le siège d'Orléans qui <strong>du</strong>rait<br />

<strong>de</strong>puis sept mois. Les villes sont occupées ou s'ouvrent d'ellesmêmes,<br />

les batailles livrées <strong>et</strong> gagnées, avec une rapidité qui<br />

a pu faire comparer par <strong>de</strong>s hommes experts <strong>et</strong> <strong>du</strong> métier, les<br />

exploits <strong>de</strong> Jeanne d'Arc, sa campagne <strong>de</strong> la Loire, les faits<br />

d'armes qui ont préparé le.sacre <strong>de</strong> Reims, aux exploits <strong>du</strong><br />

«rand Condé, à la campagne d'Italie <strong>de</strong> Napoléon L'. Aqtiilis<br />

celociores. Voilà ces ailes plus rapi<strong>de</strong>s que celles <strong>de</strong> l'aigle. Le<br />

secr<strong>et</strong> <strong>de</strong> leur puissance d'impulsion <strong>et</strong> d'élan est dans une<br />

double force, un double amour, que pour la gloire <strong>et</strong> le salut<br />

même <strong>de</strong> la France, on doit sauvegar<strong>de</strong>r, sans Ies séparer,<br />

dans l'Ame <strong>du</strong> soldat : l'amour'<strong>de</strong> la patrie, l'amour <strong>de</strong> Dieu,<br />

le patriotisme <strong>et</strong> la religion.<br />

Jeanne n'a pas <strong>de</strong> repos par la gran<strong>de</strong> pitié qui est au pays<br />

<strong>de</strong> France; dans le sang français qui coule sous ses yeux, c'est<br />

comme si elle avait <strong>de</strong>vant elle la patrie elle-même, palpitante,<br />

mourante, appelant secours. Sanglant garçon, dit-elle, k son<br />

page, le sang <strong>de</strong> France est versé <strong>et</strong> tu ne me le disais pas 1- j -<br />

Je n'ai jamais vu couter le sang <strong>de</strong> France, sans que mes cheveux<br />

me dressassent sur, la tête.

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