1894 - Diocèse de Quimper et du Léon

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PANÉGYRIQUE DE JEANNE D'ARC
PRONONCÉ A LA CATHÉDRALE DE QUIMPER
Le 7 Juin 1894
Par W. FLÉITEB, Vicaire général.
Archives diocésaines de Quimper et Léon
« Saul et Jonathas, amabiles el deeori...
aquilis veloctores, leonibus fort lorés,
c SaOl et Jonathas, aimâmes et beaux,
étaient plus rapides que les aigles, plus
forts que les lions. »
(Il REG. (.aa.)
MONSEIGNEUR,
MES FRÈRES,
La fête qne nous célébrons, en ee moment, tardait à votre
chrétienne et patriotique impatience. La France tout entière,
à la voix du Souverain Pontife, s'est émue de joie et d'enthousiasme
autour d'un nom qui est une de ses gloires les plus
pures, autour d'un drapeau qui rappelle des jours où tout fut
sauvé à la fois : la patrie et l'honneur.
Quimper, à son tour, veut avoir sa fête de Jeanne d'Arc.
Nous ne pourrons mieux faire que ceux qui nous ont devancés,
mieux dire que tant de voix éloquentes dont les échos
sont venus réjouir notre patriotisme et notre foi. Mais l'éclat
dont resplendit votre Cathédrale, cette magnifique assistance
à laquelle je dois, pour la compléter, joindre Ia foule qui se
presse aux portes, les absents dont le cœur est avec nous,
tout nous montre votre ville prenant dignement sa place, à la
suite de toutes celles qui se sont honorées, en glorifiant
Jeanne d'Arc Ia Vénérable. Puissé-je, de mon côté, ne pas
rester au-dessous de ce que vous méritez ! Condamné à ne
vous faire entendre que des redites et des échos, je voudrais,
du moins, mettre dans ma parole les accents et les vertus de
notre Bretagne, pour que nous célébrions ensemble, en bons
Bretons, celle qui est appelée la bonne Lorraine. De grands
et touchants souvenirs nous y aident et nous y invitent. Si le
génie et le courage avaient suffi pour que la France pût étre
sauvée, elle l'eût été par le Connétable, le brave breton
Duguesclin, celui qu'on a appelé V Epée de la France. Comme
il y fallait, suivant une grande parole, V Epée de Dieu, il ne
fut que le précurseur de la véritable libératrice, Jeanne
d'Arc. Richemond, cet autre breton, à la tête dure, à la mille
franchise, et si sympathique à Jeanne,' combattait près d'elle,
à Beaugency, à Patay: et, lorsque, en 1436, cinq ans après la
mort de l'héroïne, qui l'avait prédit, Paris ouvrit ses portes à
la cause nationale, à son roi, Richemond était là avec ses
Bretons. Entre temps, une Bretonne avait été mise à mort,
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pour avoir eu l'intrépide audace de proclamer belles et saintes
la cause et Ia mission de Jeanne d'Arc.
Nous sommes justement fiers de uotre noble devise. Après
la parole de Dieu, est-il plus belle parole sortie de la bouche
des hommes : Potius mori quam fœdari ; Plutôt mort que
tache et déshonneur ?...
Dieu a voulu nous tracer de sa main le portrait de la vail-'
lance, du patriotisme et de l'honneur. David, modèle lui-même
du guerrier et du héros, dit de Saul et de Jonathas qu'ils
étaient aimables et beaux, plus rapides que les aigles,- plus
forts que les Hons. Appliquons chacun de ces traits à Jeanne
d'Arc; et, en projetant sur sa vie la lumière de la devise
bretonne, nous verrons qu'elle les a réalisés, sans qu'il y ait
en elle une seule tache à la blanche et pure hermine du véritable
honneur.
L
Amabiles..., ils étaient aimables.
L'honneur échappe à une définition rigoureuse. C'est un
sentiment qui parle au cœur, plutôt qu'une notion que l'esprit
puisse saisir dans une formule. En tout cas, il ne saurait être
un déguisement, un manteau trompeur dont chacun pourrait
se parer à discrétion et à loisir. II vient du dedans, il a sa
source au plus intime de nous-mêmes, dans des vertus et des
qualités qui en sont les conditions indispensables et auxquelles
les hommes le reconnaissent, Son premier caractère et son
premier charme, c'est la loyauté, la franchise, la droiture qui
D'à qu'une parole, la parole d'honneur, la parole du loyal chevalier.
Qui manque à sa .parole s'enlève tout crédit et se
découronné lui-même. Derrière le fourbe et le menteur Je vois
le traître, je vois ia flétrissure et la honte. Pour gagner la confiance
et l'estime des hommes, il faut d'abord être loyal et
poser comme fondement à l'honneur la parole de l'Evangile :
sit autem sermo vester : est, est, non, non ; vous dires seulement,
cela est, cela n'est pas.
Jeanne, petite enfant, modeste adolescente, au foyer paternel,
entre son père qu'elle aide aux champs et dont elle garde
Ies troupeaux, et sa mère qui lui apprend à filer ot à coudre,
au milieu de ses frères et de ses amies qui l'entourent de confiance
et de tendresse, avec sa nature joyeuse et raisonnable,
expansive et discrète à la fois, est l'image même de la simplicité
et de Ia candeur. Telle elle se montrera toujours dans sa
naïve franchise. Qui vous a envoyée ? lut demande-t-on : Cest
Dieu. Au roi qui, pour éprouver sa sincérité, se cache et se dissimule,
elle va tout droit et dit: Gentil prince, f ai nom Jeanne
la Pucelle, et vous recommande le Eoi des cieux par mai que
vous serès sacré et couronné etans la ville de Reims, et serez le
lieutenant du Boi des cieux qui est le véritable roi de France.
Plus tard, quand on veut obtenir d'elle des serments qu'elle