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Archives diocésaines <strong>de</strong> Qu mper <strong>et</strong> <strong>Léon</strong><br />
seize prêtres qui reçurent, le môme jour, l'onction sacerdotale<br />
La fête a été aussi louchaMe, aussi pieuse que pleine d'entrain'<br />
Tout s'était réuni pour que le vénérable jubilaire reçût, en cé<br />
jour, ies meilleurs témoignages <strong>de</strong> respect <strong>et</strong> d'affection l'n<br />
clergé nombreux, <strong>de</strong> nombreux amis, tous les membres <strong>de</strong> u<br />
famille, une assistance considérable <strong>et</strong>, par <strong>de</strong>ssus loui k<br />
enfants <strong>de</strong> l'école libre <strong>de</strong>s Sœurs - fondation dont le principal<br />
honneur revient à M. Ftoc'h - formaient à ce bon prétre on<br />
cortège d'honneur. Une fort bonne musique, déjà organisée par<br />
l'infatigable M. Havas, à <strong>Quimper</strong>lé, prêtait son concours â la<br />
fête, <strong>et</strong> la rendait aussi brillante que possible.<br />
Après que M. Floch eut été con<strong>du</strong>it processionnellement <strong>de</strong> son<br />
domicile à l'église, M. le Curé <strong>de</strong> Sainte-Croix a pris la parole<br />
Paraphrasant ce texte <strong>du</strong> Lévitique : * Sanctificabis guinquagml<br />
mum annum - ipse est jubilons », it a montré comment ce jour<br />
<strong>de</strong>vait étre célébré avec allégresse, d'abord par le jubilaire dom<br />
ii a résumé Ia vie. Rappelant tous les sentiments qui peuvent se<br />
presser dans l'âme d'un prétre après cinquante ans <strong>de</strong> sacerdoce<br />
il en a profilé pour redire aux chrétiens ce que c'est que le prêtre<br />
<strong>et</strong> son rôle dans le mon<strong>de</strong>... L'orateur a fait voir comment <strong>et</strong><br />
pourquoi c<strong>et</strong>te allégresse <strong>de</strong>vait étre partagée par les amis, les<br />
parents <strong>de</strong> M. Floch <strong>et</strong> par tous les fidèles, <strong>et</strong> il a terminé en<br />
<strong>de</strong>mandant au jubilaire <strong>de</strong> bénir ses confrères en môme temps aue<br />
les fidèles qui furent confiés à son ministère pastoral.<br />
Aprés ces paroles, écoutées avec la plus religieuse sympathie,<br />
M. Floch, sous le coup d'une émotion qu'il est facile <strong>de</strong> comprendre,<br />
acharné solennellement la messe. Ensuite, <strong>de</strong>s agapes fraternelles<br />
réunissaient chez lui ses nombreux amis <strong>et</strong> sa famille<br />
A la Hn <strong>du</strong> diner, M. le Curé <strong>de</strong> Sainte-Croix, après avoir porté la<br />
santé <strong>du</strong> héros <strong>de</strong> ia fole, a rappelé que la source <strong>du</strong> sacerdoce se<br />
trouve dans le Souverain Pontife <strong>et</strong> les Evéques, <strong>et</strong>, aux chaleureux<br />
applaudissements <strong>de</strong> tous, a porté à la santé da Pape <strong>et</strong> <strong>de</strong><br />
l'Evêque <strong>de</strong> <strong>Quimper</strong>. Puis, M. Labasque, recteur <strong>de</strong> Ctohars-<br />
Carnoët, dans une <strong>de</strong> ces charmantes poésies brelonnes dont ita<br />
le secr<strong>et</strong>, a chanté le prétre à qui Dreu accordaïl l'honneur d'une<br />
aussi belle vieillesse. Ces coupl<strong>et</strong>s pleins <strong>de</strong> charme, d'à-propos,<br />
<strong>de</strong> gai<strong>et</strong>é, <strong>de</strong> finesse, oni bien clos celte fête touchante, qui a<br />
1 aissé à tous les meilleures impressions.<br />
Nos Missionnaires.<br />
Au centre <strong>de</strong> l'Afrique<br />
VEcho <strong>de</strong> Notre-Dame <strong>de</strong> la Gar<strong>de</strong> annonçait récemment oifl<br />
quinze Pères Blancs <strong>et</strong> cinq Sœurs Blanches, <strong>de</strong> la Fondation da<br />
cardinal Lavigerie, avaient quitté Marseille, pour gagner le centre<br />
môme <strong>de</strong> l'immense continent noir.<br />
- oM -<br />
« C'est le premier départ <strong>de</strong> religieuses missionnaires pour les<br />
grands lacs d'Afrique équaloriale, dit l'Ërho.<br />
i Nous avons eu la joie <strong>de</strong> nons entr<strong>et</strong>enir quelques instants<br />
avec l'un <strong>de</strong>s Pères Blancs qui viennent <strong>de</strong> quitter, avec une joie<br />
surnaturelle <strong>et</strong> admirable, le beau pays <strong>de</strong> France pour une telle<br />
expédition. On jugera <strong>de</strong>s fatigues inouïes qu'ils vont en<strong>du</strong>rer, par<br />
ces quelques détails. Après une traversée <strong>de</strong> près d'un mois, les<br />
missionnaires, arrivés à Zanzibar, iront former leur caravane en<br />
face <strong>de</strong> l'ile, â Bavamoyo^ p<strong>et</strong>ite ville fondée parles Pères <strong>du</strong> Saint-<br />
Esprit. Puis, ils auront à faire seize cents kilomètres, c'est-à-dire<br />
un voyage <strong>de</strong> trois mois à pied ou à âne, pour atteindre lar terre<br />
promise <strong>de</strong> leurs travaux apostoliques... » *<br />
Nos lecteurs n'ont pas oublié le récit si vivant d'un <strong>de</strong> ces<br />
voyages « à travers l'Ouganda >, écrit par notre compatriote, le<br />
R. P. Moullec, que nous avons publié en 1892. Us prendront un<br />
égal intérêt à la relation suivante, dûe à la méme plume, <strong>et</strong> qu'on.<br />
a bien voulu nous communiquer.<br />
Notre-Dame, <strong>de</strong>s Victoires, Bud<strong>du</strong>, ie l'* Avril lg94.<br />
(En r Uganda : Bikira Atasingika, la Vierge invincible.)<br />
MON TRÉS CHER FRÈRE,<br />
Depuis plus d'une année, je n'ai guère écrit à ton adresse que<br />
<strong>de</strong> rares p<strong>et</strong>its bill<strong>et</strong>s, finissant presque invariablement par celte<br />
excuse, au moins spécieuse : « Pardonne mon laconisme, le temps<br />
me fait défaut ! »<br />
A vrai dire, <strong>de</strong>puis ia pacification <strong>de</strong> l'Ouganda, j'ai vécu dans<br />
une sorte <strong>de</strong> mutisme volontaire à l'égard <strong>de</strong> tous ceux qui, en<br />
Europe, pensent encore à moi. J'avais à me perfectionner dans<br />
l'exercice d'une langue qui n'est pas écrite, dont il faut, pour<br />
parler <strong>de</strong> la sorte, happer les expressions sur les lèvres <strong>de</strong>s noirs.<br />
De plus, sans compter les longues journées <strong>de</strong> fièvre, avant d'entreprendre<br />
la formation sérieuse d'un si grand nombre d'âmes<br />
incultes, dans lesquelles il faut faire naître, croître Jésus-Christ<br />
<strong>et</strong> l'y asseoir honorablement d'une manière définitive, j'avais<br />
besoin d'un long travail <strong>de</strong> préparation. Plus une àme est enténébrée,<br />
plus il faut au Missionnaire <strong>de</strong> lumières pour l'éclairer.<br />
Pour toutes ces raisons, bien <strong>de</strong>s fois j'ai étouffé la brûlante<br />
envie qui me poussait à l'écrire longuement. Aujourd'hui que je<br />
commence à sentir le vieux vicaire < qui repasse un traité, sans<br />
perdre le fil d'une conversation », je viens volontiers <strong>de</strong>viser avec<br />
toi sur les beautés <strong>de</strong> ma nouvelle patrie : car désormais, je ne<br />
suis plus Br<strong>et</strong>on, je suis Muganda.<br />
J'ai nommé ma nouvelle patrie ï Ah ! si tu savais comme j'y<br />
suis attaché! c'est une fiancée que j'aime, que j'ai toujours aimée,<br />
que j'aimerai, <strong>de</strong> plus en plus, jusqu'a la mori <strong>et</strong> au <strong>de</strong>là. Elle est<br />
noire <strong>de</strong> peau comme <strong>de</strong> cœur, noire, trés noire ; mais elle se<br />
laisse purifier, <strong>et</strong> c'est ce qui la rend si belle : Nigra sum, sed<br />
formosa !<br />
C<strong>et</strong>te bien-aimée, je m'efforcerai <strong>de</strong> te U présenter telle qu'elle