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1894 - Diocèse de Quimper et du Léon

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ne saurait tenir, elle les refuse, dût-il lui en coûter la vie, Elle<br />

relève <strong>et</strong> flétrit les perfi<strong>de</strong>s tromperies <strong>de</strong> ses juges : Vous<br />

écrivez ce qui est contre moi ét ce qui est pour mot, vous le passes.<br />

Elle ne craint pas <strong>de</strong> recevoir un démenti <strong>de</strong>s événements,<br />

<strong>et</strong> prédit, à date déterminée, ce que ses voix lui ont révélé, la<br />

prise d'Orléans, le sacre <strong>de</strong> Keims, <strong>de</strong>s faits impossibles à prévoir<br />

<strong>et</strong> qui doivent se réaliser à courte échéance, comme sa<br />

blessure a l'assaut <strong>de</strong> la bastille <strong>de</strong>s Tournelles. Sa parole a<br />

toujours l'accent indéniable <strong>de</strong> la vérité <strong>et</strong> elle jaillit comme<br />

une douce lumière qui impose aux plus prévenus, déconcerte<br />

les habiles, entraîne Ies plus hésitants <strong>et</strong> charme les cœurs<br />

droits comme le sien Oui, Jeanne est aimable dans sa<br />

loyauté : amabiles...<br />

Qui ne veut pas nous tromper nous aime déjà, <strong>et</strong> la loyauté<br />

suppose la bonté, qui va poursuivre la conquête <strong>de</strong>s sympathies<br />

ct <strong>de</strong> l'amour. Le chevalier chrétien, type <strong>de</strong> l'honneur,<br />

se m<strong>et</strong> au service <strong>de</strong> tout ce qui est faible, <strong>de</strong> tout ce qui<br />

souffre. C'est sa raison d'être ; <strong>et</strong> s'il n'a pas un cœur pour se<br />

dévouer, qu'il dépose ses insignes <strong>et</strong> ses armes. Sous l'empire<br />

<strong>de</strong> ce sentiment, Duguesclin mourant disait à ses compagnons<br />

d'armes : Souvenez - vous toujours que les gens d'Eglise, U<br />

pauvre peuple, les femmes <strong>et</strong> les enfants ne sont pas <strong>de</strong>s<br />

ennemis. Jeanne aime Jes p<strong>et</strong>its enfants, au milieu <strong>de</strong>squels<br />

elle se plaira à faire la communion. EUe reçoit avec conipatissance<br />

les pauvres <strong>et</strong> il lui arrivera <strong>de</strong> leur cé<strong>de</strong>r son lit.<br />

Les mala<strong>de</strong>s <strong>et</strong> les vieillards seront réjouis <strong>et</strong> consolés par la<br />

visite <strong>et</strong> les paroles <strong>de</strong> la gracieuse enfant. Ah ! je ne m'étonne<br />

pas qu'elle dise,un jour, que son étendard lui est quarante ibis<br />

plus cher que son épée, parce qu'elle n'a jamais voulu tuer<br />

personne. Avant d'engager la guerre, l'humanité <strong>et</strong> la bonté<br />

<strong>de</strong> son cœur lui inspireront d'écrire aux Anglais ces l<strong>et</strong>tres<br />

où s'allient si bien les accents <strong>de</strong> Ia dignité patriotique A ceux<br />

<strong>de</strong> la charité chrétienne. Elle pleurera sur ses ennemis en les<br />

voyant tomber <strong>et</strong> périr, <strong>et</strong> sur celui-là meme qui l'a grossièrement<br />

insul tée, Glacidas. Elle <strong>de</strong>scendra <strong>de</strong> son cheval pour recevoir<br />

dans ses bras un Anglais qu'on vient <strong>de</strong> frapper, malgré<br />

elle, sous ses yeux. Elle l'ai<strong>de</strong>ra à recevoir les sacrements <strong>de</strong><br />

l'Eglise, a sauver son âme, <strong>et</strong> le malheureux mourra tout<br />

consolé, emportant dans ses yeux l'image <strong>de</strong> Ia plus sainte <strong>et</strong><br />

<strong>de</strong> la plus attachante <strong>de</strong>s bontés... Accourez sur Jes pas <strong>de</strong><br />

Jeanne, vous tous, les simples <strong>et</strong> les p<strong>et</strong>its, toi peuple qui,<br />

laissé à toi-même, reconnais toujours tes vrais amis. Touchez<br />

k son cheval, à son armure, à sa bannière ; prenez ses mains<br />

qui étreignant les vôtres. Quand vous acclamez les héros <strong>et</strong><br />

les grands hommes, votre admiration éclate en légitime <strong>et</strong><br />

reconnaissant enthousiasme. Ici, vos démonstrations familières<br />

<strong>et</strong> touchantes proclament que Jeanne a pour vous tous les<br />

charmes <strong>de</strong> Ia bonté, fruit <strong>de</strong> la charité divine, dans l'honneur<br />

chevaleresque <strong>et</strong> chrétien. Amabiles... <strong>et</strong> <strong>de</strong>corum ; ils étaient<br />

aimables... <strong>et</strong> beaux.<br />

Archives diocésaine <strong>de</strong> <strong>Quimper</strong> <strong>et</strong> <strong>Léon</strong><br />

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AQX conditions qui ren<strong>de</strong>nt U'honneur aimable, ^joutons<br />

celles qui lui donnent tout son lustre <strong>et</strong> sa beauté.<br />

Deux passions abaissent particulièrement les hommes,<br />

parce qu'elles en font, suivant la parole énergique <strong>de</strong> saint<br />

Paul, <strong>de</strong>s êtres terrestres <strong>et</strong> charnels, terrent, Camales, <strong>de</strong>s<br />

êtres i<strong>de</strong>ntifiés, pour ainsi dire, avec la terre dont ils ne convoitent<br />

que les biens les plus infimes <strong>et</strong> les jouissances avilissantes.<br />

Le désintéressement relève <strong>de</strong> ce3 bassesses ét la<br />

pur<strong>et</strong>é <strong>de</strong> la vie dissipe ces ombres. Ces <strong>de</strong>ux vertus, difficiles<br />

<strong>et</strong> trop rares hélas ! donnent à l'honneur c<strong>et</strong> éclat soli<strong>de</strong> que<br />

ne peut entamer la sé<strong>du</strong>ction <strong>de</strong> Tor <strong>et</strong> <strong>de</strong>s richesses : heatus<br />

vir qui post aurum non 'abiit, ce quelque chose <strong>de</strong> plus<br />

qu'humain <strong>de</strong>v.ant lequel on incline son respect <strong>et</strong> l'on s'écrie<br />

avec ravissement : qu'elle est belle l'âme toute rayonnante<br />

<strong>de</strong> l'éclat <strong>de</strong> la pur<strong>et</strong>é, quam pulchra est casta gêneratio cum<br />

claritate !<br />

Jeanne n'a jamais rien voulu pour elle-même. Elle ne<br />

<strong>de</strong>mandait au roi que bons chevaux, bonnes armes <strong>et</strong> argent<br />

pour payer ses soldats. Une seule faveur lui vint à la pensée<br />

<strong>et</strong> fait mieux ressortir encore Ies délicatesses désintéressées <strong>de</strong><br />

son cœur, ce fut d'obtenir exemption <strong>de</strong> l'impôt pour son<br />

village natal.<br />

Innocente <strong>de</strong> la pur<strong>et</strong>é <strong>de</strong>s Angée, elle déclara ne se souvenir<br />

d'avoir commis péché mortel. Dès qu'elle entend ses<br />

voix, saint Michel, sainte Catherine, sainte Marguerite qui,<br />

sans lui parler encore <strong>de</strong> sa mission, lui recomman<strong>de</strong>nt d'être<br />

bonne fille <strong>et</strong> d'aimer Dieu, elle fait d'elle-même le vœu <strong>de</strong><br />

virginité. Les témoignages recueillis en tous les lieux où elle<br />

passa, les attestations les .plus autorisées <strong>de</strong> ceux qui la virent<br />

<strong>et</strong> la connurent enfant, jeune fille, guerrière, <strong>et</strong> le silence<br />

même <strong>de</strong> ses ennemis impuissants à trouver une preuve, un<br />

soupçon contre elle, nous montrent avec quelle scrupuleuse<br />

fidélité elle garda sa promesse. Une parole injurieuse pour sa<br />

vertu suffisait a lui arracher <strong>de</strong>s larmes, tandis qu'en son<br />

cœur, elle disait à Dieu, son seul maître <strong>et</strong> seigneur : Toute<br />

à vous, Ô mon Dieu, plutôt mort que tache <strong>et</strong> déshonneur :<br />

Potius mori quam foedari.<br />

C'est la récompense <strong>et</strong> le privilège <strong>de</strong>s âmes pures d'exercer<br />

autour d'elles une attraction d'admirative <strong>et</strong> irrésistible<br />

sympathie. Les soldats <strong>de</strong> Jeanne, ses compagnons d'armes,<br />

se sentent comme subjugués par c<strong>et</strong>te céleste influence. Au<br />

milieu dc c<strong>et</strong>te vie si étrange <strong>et</strong> si troublante pour une enfant<br />

toute neuve <strong>et</strong> toute fraîche <strong>de</strong> pu<strong>de</strong>ur, c'est comme un rayon<br />

<strong>de</strong> soleil qui passe, pour les dissiper bientôt,à travers <strong>de</strong> noirs<br />

<strong>et</strong> menaçants nuages. Jeanne fait disparaître peu à pen <strong>de</strong><br />

son armée tes habitu<strong>de</strong>s <strong>de</strong> blasphème avec les scandales <strong>et</strong><br />

les occasions <strong>de</strong> mauvaise vie.<br />

Voir <strong>de</strong>s soldats, <strong>de</strong>s chefs illustres déjà, comme Dunois, •<br />

Lahire, Xaintrailles, accepter la direction <strong>et</strong> les ordres d'une

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