1894 - Diocèse de Quimper et du Léon

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à cette heure, à l'église paroissiale, pour se former en procession et
descendre de là, à travers les rues de la ville, jusqu'à la Grotte de
l'Apparition. Mais, arrivés sur la place qui précède l'église, Ies
pèlerins ont mille peines Ï. se reconnaître et à se frayer un chemin
Ah 1 c'est que nous ne sommes pas les seuls dans la cité de Marie i
Depuis la veille, tI trains spéciaux sont arrivés en gare de Lourdes.
«La foule, écrit la Semaine religieuse d e Moul ins, est pl us nombreuse
qu'à l'époque du grand pèlerinage national. Belges, Hollandais,
Bretons, Angevins, diocésains de Reims, Rouen, Evreux
\alence, paroissiens de Lectoure, Millau, Bartrès, Bigourdan*'
Béarnais forment une armée immense, qui remplit la petite ville
d'animaiion. - On évalue A plus de vingt mille le nombre total
des pelerins. — Quel triomphe pour la Vierge Immaculée' —
Quelle réponse à l'ignoble romancier dont nous ne voulons pas
écrire le nom !... * Malgré cet encombremeni, les diverses processions
se forment avec le plus grand calme et le plus grand ordre
Les Angevins et les Normands nous cèdent gracieusement le pas
et nous descendons vers la Grolle, en chantant de tout cœur nos
beauj cantiques bretons. Le soleil brille comme aux plus beaux
jours et fait étinceler les bannières de nos paroisses, les plus belles
sans contredit qui aient paru à Lourdes, ces jours-lâ. A 3 heures
nous arrivons devant la Grotte miraculeuse. Là, tous s'agenouillent,
on récite une partie du chapelet et Y Are -Va sort tout brûlant
de ces trois mille poitrines, qu'un mème amour enilamme en
ce moment ! Mais, hélas ! le temps presse... Lesautres pèlerinages
vont bientôt arriver. M. le chanoine Arhan, Directeur spirituel
monte en chaire et, en quelques paroles émues, comme il sait fes
dire si bien, il rappelle à la foule attentive ie bul de notre pèlerinage,
sa grandeur, sa sainteté. Puis, au nom de tous, il salue
Mane, notre reine, Salve, Regina, et la supplie de tourner vers
ses fidèles Bretons, venus de si loin, ses regards de miséricorde et
damour, tlios tuos miséricordes oculos ad nos converte Enfin
cette première cérémonie se termine par le Salut du Très-Saint
facrement que l'on rapporte aussitôt, solennellement, à l'édise du
Rosaire, au chant du Pange lingua.
Le soir, à 8 heures, un grand nombre de nos Bretons, bien qne
n y étant pas officiellement convoqués, prennent part à la procession
aux flambeaux-. Favorisée par le temps, elle se déroule le lon*
du Gave et vient aboutir à l'immense place du Rosaire, où, après
une courte allocution de Mgr Peschenard, vicaire général de
Reims, le Credo, chanté par toute l'assistance, termine celle première
journée.
III. j- Mercredi, 12. — C'est le jour consacré à sainl Joseph,
epoux de Mane. Le soleil se lève radieux et dore le sommet des
montagnes, les oiseaux gazouillent joyeusement, le Gave redit son
éternel murmure, et la Vierge semble nous sourire avec plus
d amour. Ah ï n'en doutons pas, ta journée sera bonne! Nos pèlerins
sont convoqués à la Grotte, où doit se dire Ia messe de communion.
A 6 heures, M. le Curé de Saint-Corentin monte à l'autel;
Archives diocésaines de Quimper et Léon
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à 6 heures 1/2, M. le Curé de Saint-LQuis lui succède et, pendant
plus d'une heure, deux prêtres distribuent le pain des Anges à la
foule des pèlerins. Ils viennent tour-â-tour s'agenouiller devant
la grille et ils se relèvent, emportant dans leur coeur le Fils éternel
de la Vierge sans tache. Ohl le ravissant spectacle,que te Ciel
a dû contempler avec bonheur ï Que de douces larmes ont été
répandues, en ce moment ! Que de ferventes prières sont montées'
jusqu'à Dieu ! Oue de saintes résolutions ont été prises pour les
luttes futures ! Vous les avez comptées et bénies, ô Marie ; daignez
les faire fructifier au centuple, pour Ia bienheureuse éternité.
Durant les deux messes, on ne cesse pas un instant de chan- 4
ter, avec piété et entrain, nos sublimes cantiques bretons : Mlez
deuz ar tiaradoz ; Dent, va Jesus, sous l'habile direction du sympathique
et si dévoué M. Kersimon, chanoine honoraire de Moulins.
Mais il fallait céder la place aux onze cents hommes du
pèlerinage d'Angers. Nos Bretons se retirent, tout joyeux de penser
qu'à 10 heures ils seront de retour et auront la bonne fortune
d'entendre la parole éloquente de leur éminent compatriote de
Sainl-Brieuc, un Breton brelonnant, Monseigneur l'Evêque de
Moulins; car U est à Lourdes, à la tète de ses diocésains qui, dociles
à son appel, viennent, pour la premiére fois, visiter le sanctuaire
de llmmaculée-Conception. C'est un vrai bonheur pour
nous de rencontrer Mgr Dubourg, c Inutile de dire la joie de ces
i Bretons accueillant notre Evèque, dit la Semaine de Moulins.
< Ils s'inclinent en passant devant lui, et plusieurs, chaudement,
t lui donnent l'accolade fraternelle. Désormais, pendant tout Ie
• séjour, Bretons de Sainl-Brieuc ou dé Quimper et Bourbonnais
• se partagent avec joie et sans jalousie, le cœur du vénéré poni
life, heureux de voir unis, dans la môme piété, ses fils et ses
« compatriotes, i Rien n'est plus vrai, et en ce qui nous concerne,
nous éprouvons le besoin de dire bien haut combien nous avons
élé louché de Ia bonté et de l'extreme amabilité de Mgr Dubourg
à l'égard des pèlerins du Finistère et de leurs directeurs. Quîl
nous permette de lui en exprimer ici toute notre reconnaissance.
A 10 heures, les pèlerins de Sainl-Brieuc, conduits par M. te
chanoine Guillo-Lohan, ceux de Quimper et de Moulins sont
réunis à la Grolle. La messe solennelle est chantée par M. le chanoine
Fleury, curé de Landerneau. A l'Evangile, Mgr Dubourg
gravît les degrés de la chaire, mitre en tète et crosse eu main ; il
prononce un éloquent discours, dont nous avons Ie regret de ne
pouvoir donner qu'un pâle et trop court résumé :
« Ave, Maria, salut à vous, Marie, n'est-ce pas la parole qui
s'échappe, depuis deux jours, de nos lèvres et de nos cœurs ! Elle
jaillit, elle s'élance de toutes parts, elle est repercutée par tous
les échos des monts pyrénéens. Salut, ô Marie, ô Reine, ô mère
de miséricorde, notre vie, notre douceur, notre espérance
Salvey Regina !
- Pourquoi sommes-nous ici ? Pourquoi ces multitudes de tout
pays, du Bourbonnais, ou fleurit la dévotion au Sacré-Cœur, de la
Bretagne, où le sol est dur, où le cœur est fort ?...