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plus positivement prescrit que celte gentille parure <strong>de</strong> rante! ? Il<br />
faut Fermer les veux pour ne pas la voir, dans le Missel, le cérémonial,<br />
les documents spéciaux, <strong>et</strong> la pratique <strong>de</strong> Rome. Nous<br />
l'avions partout autrefois, en France, comme ailleurs. Quel molif<br />
avons-nous eu d'y renoncer? Aucun, que je sache. Et qu'avonsnous<br />
mis à sa place ? De frivoles bor<strong>du</strong>res <strong>de</strong> tulle ou <strong>de</strong> guipure,<br />
dites tours d'autel ! plus c'est frivole <strong>et</strong> plus cela passe pour beau.<br />
O..... quis vos fascinavit f<br />
Si quelqu'un propose <strong>de</strong> rendre à l'autel sa parure normale <strong>et</strong><br />
séculaire, aussitôt surgissent tes objections nombreuses, plus entêtées<br />
que fortes, heureusement. « Oh i mais ce n'est pas joli ! Et<br />
quel dommage <strong>de</strong> cacher ce beau marbre, <strong>et</strong> ces fines sculptures, <strong>et</strong><br />
ces mignonnes statu<strong>et</strong>tes <strong>de</strong> saints, <strong>et</strong>c ! Du marbre ? Mais il y en a<br />
bien un peu partout, jusqu'aux ôials <strong>de</strong> bouchers el lables d'estamin<strong>et</strong>s.<br />
Des sculptures? Mais ailleurs la place ne manque pas, <strong>et</strong><br />
le <strong>de</strong>vant d'autel n'est pas fait pour recevoir <strong>de</strong>s statues ou <strong>de</strong>s basreliefs.<br />
C'est le champ d'aclîon réservé au tapissier <strong>et</strong> au bro<strong>de</strong>ur<br />
sur étoffe. On a vu <strong>de</strong> si gracieux chefs-d'œuvre dans ce genre I<br />
Chacun <strong>et</strong> chaque chose à sa place I<br />
Conclusion : il faut rem<strong>et</strong>tre à l'autel, <strong>et</strong> tout autour, les revêtements<br />
d'étoffe, avec leurs couleurs parlantes. Nos peuples comprendront<br />
ce langage <strong>et</strong> seront louches <strong>de</strong> ces rites vénérables,<br />
qui, par les yeux, iront droit à leur cœur.<br />
Ecoulez un dialogue qui s'élablit entre Theotime, humble lille<br />
<strong>de</strong> campagne, el l'autel <strong>de</strong> son église. C'est un rêve que j'ai fail,<br />
un jour que je priais dans un coin <strong>de</strong> c<strong>et</strong>te église, el que c<strong>et</strong>te<br />
bonne âme v priait aussi, se croyant seule.<br />
« O saint autel, dis-moi pourquoi lon vêtement est-il blanc ?<br />
J'aime lant celle cuuleur! i Ainsi parla l'humble villageoise, <strong>et</strong><br />
l'Ange <strong>de</strong> l'autel répondit ; < C'est que, vois-tu, je resplendis <strong>de</strong><br />
l'éclat <strong>de</strong> gloire qui sert <strong>de</strong> vêtement an Christ <strong>et</strong> à sa très sainte<br />
Mère. La blanche lumière remplit le paradis, <strong>et</strong> transfigure ceux<br />
qui l'habitent. A la suite <strong>de</strong> Jésus <strong>et</strong> <strong>de</strong> Marie, re sont les Anges el<br />
les saints qui, bien mieux qu'au Thabor, ont leurs vétements<br />
blancs comme la neige, image <strong>de</strong> Téiernelle félicité.<br />
c — Oh ! merci <strong>de</strong> c<strong>et</strong>te belle instruction, dit la jeune fille.<br />
Poissé-je aussi, moi, me revêtir <strong>de</strong> Jésus-Christ el me plonger, un<br />
jour, dans c<strong>et</strong>te blanche lumière qui sert d'entourage au irône <strong>de</strong><br />
mon Dieul Mais puisque j'ai commencé, souffre que je continue.<br />
Je vois aussi que souvent lu l'habilles <strong>de</strong> rouge ; dis encore pourquoi?<br />
f _ c'est que le sang <strong>du</strong> Calvaire a rejailli sur moi, el que ma<br />
robe en est loute empourprée. D'autrefois aussi, ce sont les Apôtres<br />
<strong>et</strong> les martyrs <strong>de</strong> Jésus que je célèbre, el alors, pour leur<br />
rendre hommage, j'arbore la couleur <strong>du</strong> sang qu'ils ont versé<br />
pour Lui.<br />
i — Oh ! que c'est beau <strong>de</strong> donner sa vie pour Dieu ! Moi je veux,<br />
à l'exemple <strong>de</strong>s saints Martyrs, donner ma vie pour mon Sauveur.<br />
Ce ne sera sans doule pas sous le glaive <strong>du</strong> bourreau, quoique,<br />
Archives diocésaines <strong>de</strong> <strong>Quimper</strong> <strong>et</strong> <strong>Léon</strong><br />
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avec la grâce <strong>de</strong> Dieu, j'y sois prête, je crois. Ce sera <strong>du</strong> moins<br />
par la sueur <strong>du</strong> travail que je verserai mon sang, goutte à goutte ;<br />
ce sera par l'obeissance el l'hurailHê que je sacrifierai mon amourpropre.<br />
Puissent ces humbles sacrifices être agréés <strong>de</strong> mon Dieu !<br />
i Mais dans l'envie que j'ai <strong>de</strong> m'instruire, je veux encore que<br />
lu me dises une chose. L'autre jour, c'était la Pentecôte, el j'ai vu<br />
que lu étais encore paré <strong>de</strong> rouge. Ici point <strong>de</strong> sang. Hya donc<br />
un autre motif à celte couleur ; <strong>et</strong> lequel ?<br />
i — Ame craignant Dieu, je te le dirai bien volontiers, écoule :<br />
La flamme, vois-tu, désigne l'Espril-Sainl, dont il est écrit qu'il<br />
esl feu, c'est-à-dire amour. « Ignis, caritas. » — * Je suis venu<br />
i envoyer le feu sur la terre, dit Jésus-Christ, el que veux-je, sinon<br />
i <strong>de</strong> le voir prendre partout, <strong>et</strong> embraser tous les cœurs? > Voilà<br />
pourquoi <strong>du</strong> rouge à mon vêtement, en ce beau jour, <strong>et</strong> toutes les<br />
fois qu'il s'agit <strong>de</strong> rendre honneur à TEsprit-Saint.<br />
« —En f écoulant, je sens se dilaier mon cœur. Vive donc l'Esprit-Saintî<br />
Et qu'il m'eèt doux <strong>de</strong> me pénétrer <strong>de</strong> ces pensées.<br />
Pourquoi donc alors: tous les autels ne sont-ils pas ainsi parés?<br />
Quel inconvénient y aurait-il à cela ? A la ville voisine, il y a une<br />
belle église, avec <strong>de</strong>s autels en marbre <strong>et</strong> beaucoup d'ornements.<br />
Ils disent que c'est très beau, <strong>et</strong> que <strong>de</strong>s hommes habiles y ont<br />
travaillé, Mars c'est toujours la même chose, <strong>et</strong> cela ne parte pas à<br />
mon cœur. El je ne prie nulle part aussi bien que dans l'église <strong>de</strong><br />
mon village. Maintenant que ma pensée a saisi la raison <strong>de</strong> ces<br />
usages vénérables, j'y prierai mieux encore.<br />
• Mais ce n'est pas Oni ; ma curiosité grandit en apprenant.<br />
J'ai vu qu'au lemps <strong>de</strong> l'Avenl <strong>et</strong> <strong>du</strong> Carême, tes vêtements sont<br />
viol<strong>et</strong>s. Quel mystère esl là-<strong>de</strong>ssous ?<br />
« — Amie dè Dieu, ta curiosité me fait plaisir, el je veux la satisfaire.<br />
Chaque lemps a son esprit, ce dont la couleur est l'emblème.<br />
Or, lu sais, la chair que l'on mortifie se teinte <strong>de</strong> viol<strong>et</strong>. Ainsi I âme<br />
contrite el pénitente se pénètre d'une sainte tristesse, <strong>et</strong> pour la<br />
tra<strong>du</strong>ire au <strong>de</strong>hors, je prends c<strong>et</strong>Le couleur assombrie — image<br />
<strong>de</strong>s jusies d'aulrefois, quaDd ils soupiraient avec larmes après la<br />
venue <strong>du</strong> Sauveur promis : image égalemenl <strong>de</strong>s chrétiens d aujourd'hui,<br />
qui doivent affliger leur àme el ieur chair, <strong>de</strong> crainte<br />
<strong>de</strong> perdre leur parl <strong>de</strong>s mérites <strong>du</strong> Ré<strong>de</strong>mpteur. Voilà ceque j enseigne,<br />
en m'hahillant<strong>de</strong> viol<strong>et</strong>, Ame chrétienne, as-tu saisi, <strong>et</strong><br />
goûLes-tu c<strong>et</strong> enseignement ?<br />
t — Le Seigneur, qui s'abaisse avec bonlé vers les humbles el<br />
les pauvres, m'a donné <strong>de</strong> comprendre <strong>et</strong> <strong>de</strong> goûter ; <strong>et</strong> c'est avec<br />
une vive reconnaissance que je l'en remercie. Oui, vraiment, à<br />
l'âme exilée <strong>et</strong> péniienle conviennent les gémissements <strong>de</strong> la<br />
colombe, el rien <strong>de</strong> mieux pour peindre aux yeux c<strong>et</strong> état humilié<br />
qu'une couieur sombre el voisine <strong>de</strong> la nuit. Cependant, il men<br />
souvient, au jour <strong>de</strong>s Saints Innocenls, malgré leur sang versé, tu<br />
portais non la couieur <strong>du</strong> martyre, mais le viol<strong>et</strong> <strong>de</strong>s jours <strong>de</strong><br />
<strong>de</strong>uil' Fallait-il donc s'altrisler <strong>de</strong> leur mort, quoique soufferte<br />
pour Jésus-Chrisl ? Dis-moi la raison <strong>de</strong> celte différence.