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1894 - Diocèse de Quimper et du Léon

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hauteurs <strong>du</strong> Pichery ou sur ta place <strong>du</strong> Marché-aux-Bêles, enau<br />

les Novices <strong>de</strong>s Frères, dans la cour <strong>et</strong> les jardins <strong>de</strong> leur communauté-<br />

s'associaient pieusement à l'érection <strong>de</strong> celle nouvelle<br />

croix, qui donnera lieu, nons en sommes sûr, à bien <strong>de</strong>s soles <strong>de</strong><br />

foi, <strong>de</strong> reconnaissance el d'amour.<br />

Au centre <strong>de</strong> l'Afrique (unité),<br />

Nos catéchumènes sont astreints, ions, à une épreuve <strong>de</strong> quatre<br />

années. Sont-ils sur le point <strong>de</strong> loucher au terme désiré - iU<br />

sont présentés par leurs chefs respeclifs à un premier examen<br />

dans lequel ils doivent répondre imperturbablement à toutes les<br />

questions <strong>du</strong> caiêchistne <strong>de</strong>s ca I éch u mènes, renfermant onze<br />

eeons : Dieu, le> anges, l'homme, la chûte, la ré<strong>de</strong>mption le<br />

baptème, la gràce <strong>et</strong> Ja prière, l'église, les Verlus théologales, les<br />

comman<strong>de</strong>ments <strong>de</strong> Dieu <strong>et</strong> les lins <strong>de</strong>rnières.<br />

Ceux qui satisfont à c<strong>et</strong> examen sont admis au catéchisme <strong>du</strong><br />

matin <strong>et</strong> s'appellent « choisis <strong>du</strong> malin. > Ce cours <strong>de</strong> catéchisme<br />

est <strong>de</strong> trois mois e» est donné, tous les matins, <strong>de</strong> 8 à 9 heures<br />

par lon servileur.<br />

Au bout <strong>de</strong> i rots mois, i les choisis <strong>du</strong> malin J passent un<br />

second examen, dans lequel ils doivent rendre raison <strong>de</strong> toutes les<br />

vernes qui leur ont été expliquées. C'est l'examen le plus sérieux -<br />

plusieurs en sortent obesi Joannes ut ante!<br />

Les élus, à l'issue <strong>de</strong> c<strong>et</strong> examen, rentrent au catéchisme <strong>du</strong><br />

soir, dans lequel on leur explique les sacrements <strong>et</strong> les comman<strong>de</strong>ments<br />

<strong>de</strong> l'Eglise. Ce catéchisme <strong>du</strong> soir <strong>du</strong>re encore iroismois.<br />

Arrive enfin le jour <strong>de</strong>s examens pour l'admission au baptême.<br />

jour <strong>de</strong> joie ineffable pour les uns, <strong>de</strong> tristesse profon<strong>de</strong> pour les<br />

autres! Ali ! il faudrait voir Jes matinées bruyantes dans lesquelles<br />

se lont Jes admissions au baptéme ! C'est plaisir <strong>de</strong> voir la joie<br />

folle <strong>de</strong> ces braves noirs, quand ou leiu dit : i Tel jour, lu seras fait<br />

eufant<strong>de</strong> Dieu, ton nom est un lel. i Ils sautent, ils dansent, ils<br />

gamba<strong>de</strong>nt, ils brûlent <strong>de</strong> la poudre, ils s'embrassent, ils se félicitent,<br />

ils maudissent tous ies diables qu'ils oni adorés autrefois !<br />

Quand ils se présentent à l'examen, on les voit se recueillir à<br />

la porte, faire le signe <strong>de</strong> Ia croix, puis s'avancer avec assurance<br />

ea ayant l'air <strong>de</strong> se dire : ln hoc signa vinces ! Sont-ils reçus,<br />

c est (out <strong>de</strong> suite une parole <strong>de</strong> reconnaissance envers la Sainte<br />

Vierge : < tiîkira Mana ambed<strong>de</strong>, disent-ils, le Vierge Marie m'a<br />

assisté, j'ai vaincu le prétre ï »<br />

Par comre, les brifa pleurent à faire pitié. Ils supplient, ils<br />

vous disent <strong>de</strong>s paroles caressâmes, ils se prosternent la face contre<br />

terre. Puis, quand ils voient que l'on passe à d'autres, sans<br />

faire plus attention à eux d'une manière apparente, ils s'agenouillent<br />

el se m<strong>et</strong>tent à plai<strong>de</strong>r. Je l'ai dit, les Bagandas sont nés avocats.<br />

• Quoi i me disait un jour une femme, iu as traversé les<br />

Archives diocésaines d <strong>Quimper</strong> <strong>et</strong> <strong>Léon</strong><br />

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< mers <strong>et</strong> brave ses tempêtes, pour venir m'arracher aux hontes<br />

( <strong>du</strong> diable, <strong>et</strong> maintenant que je me présente à loi, ln me refui<br />

ses î Est-ce que je ne crois pas ? Esi-ce que je n'aime pas<br />

i Dieu 1 Est-ce que je fais encore le mal ? Ah ! tu n'y étais pas,<br />

« lorsque pour la Religion persécutée je mangeais l'herbe <strong>de</strong> nos<br />

i forêts <strong>et</strong> <strong>de</strong> nos montagnes î * — Devant <strong>de</strong> telles paroles, [es<br />

larmes vous cou Ien i <strong>de</strong>s yeux <strong>et</strong> on ne sait plus que faire. Très<br />

souvent, à la suite <strong>de</strong> scènes semblables, je passe ma soirée à les<br />

insliuire en particulier <strong>et</strong> je finis par me laisser désarmer.<br />

A côté <strong>de</strong> l'instruction <strong>de</strong>s caléchnmène?r enfants ou hommes<br />

arrivés à l'à^e mûr, il y a encore l'œuvre <strong>de</strong>s vieux, <strong>de</strong>s anlw<br />

quilés toutes couvertes <strong>de</strong> ri<strong>de</strong>s. Ce sont <strong>de</strong> pauvres gens, incapables<br />

désormais d'une seule réflexion. On s'assied avec eux, on leur<br />

cause, on écoule leurs proverbes, on Ieur passe une pipe <strong>de</strong> tabac,<br />

el eo mème temps, sous forme <strong>de</strong> conversation badine, on leur<br />

coule dans l'âme les vérités les plus nécessaires. Sur le moment,<br />

ces pauvres intelligences s'ouvrenl, r<strong>et</strong>iennent quelque chose;<br />

mais, le len<strong>de</strong>main, plus rieu. Cependant il y a bonne volonté<br />

chez eux, ar<strong>de</strong>nt désir <strong>de</strong> <strong>de</strong>venir enfants <strong>de</strong> Dieu, bon el clément<br />

pour lésâmes <strong>de</strong> bonne intention.<br />

Aussi bien, nous sommes beaucoup plus coulants pour eux. Du<br />

reste, ces pauvres gens son! incapables <strong>de</strong> pécher dorénavant:<br />

Talitim est regnum ctrlorum. Quelle simplicité dans ces vieilles<br />

négresses, quelle naïv<strong>et</strong>é ! Quand on leur donne le baptême, il<br />

faut leur faire les interrogations en latin, contrairement à ce qu'il<br />

nous est permis défaire pour les aulr.es ad alles. Si vous les interrogez<br />

en leur langue, vous ne finissez plus. * Renonces-lu au Diable?<br />

à ses pompes ? à ses œuvres? * — < Si je renonce au Diable !<br />

Mais combien <strong>de</strong> fois ne m'as-tu. pas d il que c'est un révolté contre<br />

Dieu ? Est-ce que je ne l'écoute pas, loi mon Père, toi qui m'as<br />

en fa n lé ! Est-ce que j'ai un pol-à-eau dans Ie cerveau ? Si je<br />

renonce au Diable! Oh ï mon p<strong>et</strong>it frère, comment peux-lu me<br />

faire <strong>de</strong> telles questions, elc I » Ce n'est pas trop mal parler, —<br />

11 u'en penses-1 u ? — pour <strong>de</strong>s négresses, qui sont à peine capables<br />

<strong>de</strong> se souvenir, pendant un jour, <strong>du</strong> mystère <strong>de</strong> la Sainte-Trinité.<br />

*<br />

* *<br />

J'ai fini, mon trés cher frère. J'aurais pu le dire encore un<br />

mol sur nos espérances pour l'avenir ; ce sera pour plus lard, si<br />

Dieu me prête, vie, ce que j'espère bien ; car, au momenl où je<br />

trace ces lignes, ma santé e>t assez bonne. Je dis < assez bonne J,<br />

vu que dans ce pays-ci, on est toujours,;» l'égard <strong>de</strong> la mort,comme<br />

l'oiseau sur la brauche. Aussi, le reveriai-je jamais plus, comme<br />

tu le désires?.,. Ce serait une faveur q ue j e n'ose espérer. D'ailleurs,<br />

si je <strong>de</strong>vais qui tier mes chers noirs, ce sérail pour moi un déchirement<br />

<strong>de</strong> cœur, pareil a celui que j'éprouvais en le quittant, il y<br />

a bien quelque dix ans, à la gare <strong>de</strong> Saint-Pol. Donc, à la volonté<br />

<strong>de</strong> Dieu! Ce qui importe surtout pour un Missionnaire, c'est <strong>de</strong>

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