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NOUVELLES DU MONDE CATHOLIQUE<br />
ROUE. — Le Saint-Père a été douloureusement impressionné<br />
par la nouvelle <strong>du</strong> crime <strong>de</strong> Lyon. Dès le len<strong>de</strong>main, i! a célébré<br />
Ia Messe pour le repos <strong>de</strong> l'âme <strong>de</strong> M. Carnot.<br />
Il a également fait envoyer à Ja nonciature <strong>de</strong> Paris d'amples<br />
instructions lui recommandant <strong>de</strong> participer au <strong>de</strong>uil <strong>de</strong> la France<br />
Tous les établissements français à Rome ont fermé, le jour <strong>de</strong>s<br />
funérailles.<br />
Les notables <strong>de</strong> la colonie française ecclésiastique, l'aristocratie<br />
romaine, le corps diplomatique, ont ren<strong>du</strong> visite à M. <strong>de</strong> Béhaine<br />
notre ambassa<strong>de</strong>ur près <strong>du</strong> Vatican, auquel Ie cardinal vicaire a<br />
adressé une l<strong>et</strong>tre aiïeciueuse, exprimant son horreur pour l'assassinat,<br />
<strong>et</strong> formant <strong>de</strong>s vœux « pour la prospérité <strong>de</strong> la jrran<strong>de</strong><br />
nation chrétienne, » °<br />
LYON. — Mgr Couille, archevèque <strong>de</strong> Lyon, a adressé à ses<br />
diocésains une l<strong>et</strong>tre au suj<strong>et</strong> <strong>de</strong> la mort <strong>du</strong> Prési<strong>de</strong>nt <strong>de</strong> la République.<br />
Nous en extrayons le passage suivant, relatif à la réception<br />
<strong>de</strong>s <strong>de</strong>rniers sacrements par AL Carnot :<br />
• Vous comprendrez uolre émotion, lorsqu'il nous fut donné<br />
d approcher M. le Prési<strong>de</strong>nt sur son Ut <strong>de</strong> douleur. JI se montra<br />
reconnaissant <strong>de</strong> notre démarche <strong>et</strong> nous serra la main ; tI répondit<br />
a notre voix <strong>et</strong> reçut en pleine connaissance les premiers secours<br />
<strong>de</strong> notre ministère sacré, que nous achevâmes <strong>de</strong> remplir, quelques<br />
instants après, sur raveriissemenl <strong>de</strong>s mé<strong>de</strong>cins, qui avaient épuisé<br />
toutes les ressources <strong>de</strong> leur art.<br />
* Dieu a permis qu'un cercle d'amis el <strong>de</strong> serviteurs si dévoués<br />
<strong>de</strong> sa maison, ainsi que les autorités <strong>de</strong> notre ville, assistassent en<br />
priant à son <strong>de</strong>rnier soupir. *<br />
On assure que M m8 Carnot, aussitôt informée <strong>de</strong> l'attentat<br />
aurait expedié <strong>de</strong> Pans un télégramme conçu en termes énenriuW<br />
exprimant sa volonté absolue que toutes facilités fussent données à<br />
son man pour recevoir, en cas <strong>de</strong> besoin, les <strong>de</strong>rniers sacrements<br />
C est grace à cel ordre sans répliqueque Mgr Couille a été admis,<br />
sans difficulté, auprès <strong>du</strong> Prési<strong>de</strong>nt <strong>de</strong> la République mourant <strong>et</strong> a<br />
pu lui donner les secours <strong>de</strong> son ministère.<br />
PARIS. — Les funérailles <strong>de</strong> M. Carnot. - Les funérailles<br />
<strong>de</strong> M. Carnot oni eu lieu, dimanche i< r Juill<strong>et</strong>, au milieu<br />
d un appareil <strong>de</strong>s plus imposants.<br />
A van I la cérémonie, Mgr Ferrata, Nonce Apostolique, a communiquée<br />
M-Carnot une dépèche <strong>de</strong> S. S. <strong>Léon</strong> XIII lui envoyant<br />
la benediction <strong>du</strong> Souverain Pontife.<br />
La levée <strong>du</strong> corps, au palais <strong>de</strong> l'Elysée, a élé faite par le clergé<br />
<strong>de</strong> la Ma<strong>de</strong>leine, au milieu d'un silence absolu <strong>et</strong> d'un profond<br />
recueillement.<br />
F<br />
Archives diocésaines d <strong>Quimper</strong> <strong>et</strong> <strong>Léon</strong><br />
J<br />
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A l'église Notre-Dame, plusieurs évêques étaient présents<br />
parmi lesquels le cardinal Langénieux, archevèque <strong>de</strong> Reims <strong>et</strong><br />
Mgr Couille, archevêque <strong>de</strong> Lyon; Son Em. le cardinal Richard<br />
est venu bénir le cercueil, h l'entrée <strong>de</strong> l'église, puis M. <strong>de</strong> Lescaille,<br />
doyen <strong>du</strong> Chapitre, a dit la messe. A tous les endroits prescrits<br />
par la liturgie, un maître <strong>de</strong>s cérémonies s'inclinait <strong>de</strong>vant<br />
M. Casimir-Périer, prési<strong>de</strong>nt <strong>de</strong> la République, qui était, dans<br />
l'avanl-chceur. Les membres <strong>du</strong> Parlement avaient pris place<br />
dans le transept à droite ; à gauche, les corps constitués. L'armée,<br />
gràce aux réglements, esl restée hors <strong>de</strong> la Cathédrale.<br />
Vers la fin <strong>de</strong> la messe, le cardinal Richard esl <strong>de</strong>scen<strong>du</strong> dans<br />
le chœur el a prononcé un discours, dont voici les principaux<br />
passages : La France, je ne crains pas <strong>de</strong> le dire, Messieurs, n'a<br />
pas per<strong>du</strong> la notion chrétienne <strong>du</strong> pouvoir social : elle reconnaît<br />
dans le chef <strong>de</strong> l'Etat, quel que soit le mo<strong>de</strong> <strong>de</strong> transmission <strong>du</strong><br />
pouvoir eL quelle que soit la forme <strong>de</strong>s institutions politiques, le<br />
caractère auguste <strong>du</strong> repi ésentan t <strong>de</strong> l'autorité di vinedans la société.<br />
i Des voix plus-autorisées que la mienne à traiter lesquesLions<br />
<strong>de</strong> l'ordre politique vous rappelleront lesqualitésémtoentes <strong>du</strong> Prési<strong>de</strong>nt;<br />
mais je ne serais pas fidèle à mon ministère, si je me bornais<br />
à ces pensées qui ne s'élèvent pas au-<strong>de</strong>ssus <strong>de</strong> l'ordre terrestre.<br />
Vous atten<strong>de</strong>z <strong>de</strong> moi, dans celte diaire, une parole évangélique.<br />
Comment, en eff<strong>et</strong>, ne pas regar<strong>de</strong>r plus haut el plus loin que la<br />
terre, dans les catastrophes soudaines où se révèle Ia toute-puissance<br />
<strong>de</strong> Dieu ? Quand un homme, parvenu au faîte <strong>de</strong> l'auiorité <strong>et</strong> <strong>de</strong><br />
l'honneur, est frappé inopinément dans l'exercice <strong>de</strong> la magistrature<br />
suprême, comment, dans c<strong>et</strong> évanouissement subit <strong>de</strong>s gran<strong>de</strong>urs<br />
humaines, ne pas répéter la parole <strong>de</strong> l'Ecriture : « Vanitas<br />
vamlatum <strong>et</strong> omnia van itte. .Va n i lé <strong>de</strong>s vanités el tout est vanité? »<br />
« Oui, concluons avec Bossu<strong>et</strong> : * Tout est vain en<br />
- l'homme, si nous regardons ce qu'il donne au mon<strong>de</strong> ; mais, au<br />
< contraire, tout esl important, si nous regardons ce qu'il doit à<br />
* Dieu. »<br />
t C<strong>et</strong>te <strong>de</strong>tte sacrée, l'homme que nous pleurons l'a acquittée<br />
envers Dieu, après avoir noblement payé sa <strong>de</strong>tte à la patrie.<br />
• Merveilleuse harmonie <strong>de</strong>s choses <strong>du</strong> ciel <strong>et</strong> <strong>de</strong> la terre : ce<br />
qui nous empèche d'entendre aucune note discordante dans le<br />
concert <strong>de</strong>s regr<strong>et</strong>s publics, ce qui unit la France autour <strong>de</strong> ce<br />
cercueil que nous contemplons avec émotion, c'est que l'homme<br />
dont il renferme la dépouille morlelle n'a quitté la terre qu'après<br />
avoir reçu la bénédiction <strong>de</strong> Dieu. Messieurs, la France, notre<br />
chère France, <strong>de</strong>man<strong>de</strong>, appelle l'union <strong>de</strong>s coeurs. Laissez-moi<br />
déposer sur Ia tombe <strong>du</strong> Prési<strong>de</strong>nt Carnot le vœu que sa vie, sacriliée<br />
au <strong>de</strong>voir, soit une gran<strong>de</strong> leçon d'union en lre tous les enfants<br />
<strong>de</strong> la patrie française, s'accomplissa ni par l'alliance <strong>du</strong> patriotisme<br />
el <strong>de</strong> la foi.<br />
t Ces pensées se présen ta i en I à mon esprit, lorsqu'il y a quelques<br />
jours à peine, je <strong>de</strong>mandais à <strong>Léon</strong> XIII <strong>de</strong> bénir ta France, si