1894 - Diocèse de Quimper et du Léon

Archives diocésaines de uimper et Léon
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DOCUMENTS
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L'HISTOIRE DU CLERGE ET DES COMMUNAUTÉS RELIGIEUSES
dans te Finistere, pendant la -Révolution.
{Suite J
Le 19 Juin 1793 (1), Châteaufur, propriétaire agriculteur,
des Hessen Keruouez, détenu k Lesneven, se plaint aux Administrateurs
du Département des vexations dont il a été l'objet :
c Le 2 Octobre 1792, à 9 heures du matin, visite domiciliaire
par deux gendarmes.
« Le 10 Avril 17!).i, à 9 heures du soir, seconde visite par
deux gendarmes et citoyens armés.
« Le 30 Mai 1793, le Procureur-Syndic, les administrateurs
Coniat et Colin, avec le seul municipal Castaignet, vinrent,
i vec plus de cent hommes armés, foire une nouvelle perquisition,
se saisirent d'un calice, d'une pierre sacrée, d'un missel
et autres objets servant autrefois à sa chapelle, située dans
l'enclos, fermée et patefichée quelques mois auparavant par
les Commissaires, qui virent et laisserent ces effets comme lui
appartenant. Aussi ne les trouve-t-on pas cachés, mais dans
une armoire en évidence.
« Quelques malveillants ayant entendu chanter les enfants
dans une petite allée attenante au jardin, au bout de laquelle
est une petite grotte en pierre, ils tirent courir le bruit et
dénoncèrent sans doute que dans ce même jour, 30 Mai, il
s'était dit une messe et fait une procession dans cette partie
du domicile du plaignant. Il lui suffira de prendre Jes dimensions
de la grotte et de l'allée pour démontrer l'impossibilité
et le ridicule de la chose : la grotte a tout au plus quatre
pieds de largeur et autant de profondeur, et l'allée, sur une
même largeur de quatre pieds, a environ dix-huit et vingt
pieds de longueur, l'une et l'autre sont vues de toute part.
« C'est cependant sur ce faux rapport et sur ce que les
enfants avaient jeté ça et là quelques Meurs, qu'il plut au
citoyen Procureur-Syndic de conclure à l'emprisonnement
du citoyen Châteaufur, à la mise en surveillance de son
epouse et à l'emprisonnement du nomme Abautret, jardinier
des ci-devant Récollets des Anges, venu aux Iles depuis
deux jours, muni d'un certificat et passe-port de la Municipalité
de Landéda. »
* Ils furent tous deux conduits h Lesneven. »
(1} L. 15.
« Le 5 Juin, vers 10 à ll heures du soir, se ftt encore aux
Des une quatrième visite à laquelle n'assistèrent que Ie sieur
Colin, administrateur, et le citoyen Le Febvre, on ne sait en
quelle qualité, avec une force armée considérable. On força
et brisa les portes du côté du jardin, parce que Ton ue venait
pas assez vite à leur gré. Il est pardonnable à des femmes
endormies de prendre un moment pour recevoir de pareilles
visites, surtout puisque par les fenêtres elles assuraient qu'on
se disposait k descendre. Ils emportèrent cette fois une épée
et un couteau de chasse qu'ils avaient bien vus lors de leur
visite antérieure.
* Il serait trop long de dépeindre les déprédations et
dégradations qu'ont occasionnées ces visites. Le plaignant,
en conséquence, demande indemnité pour le dommage, et son
élargissement ainsi que celui du sieur Abautret, venu simplement
aux Iles pour l'aider dans ses travaux de jardinage. \
Cette réclamation ne semble pas avoir été admise, car, le
8 Août 1793, la commune de Kernouez sollicitait encore du
District de Lesneven la mise en liberté du ci tojen Châteaufur
et de Goulven Abautret, frère Récollet.
Des infractions analogues étaient reprochées à la Municipalité
de Mespaul. Le Curé constitutionnel de Plouvorn dénonçait
ses voisins au District de Landerneau (1), le 27 Juin 1793 :
« J'ai prévenu, les Municipaux de Mespaul de fermer cette
église et ee!Ie de Sainte-Catherine. Malgré cet avertissement,
ces deux églises supprimées sont ouvertes avant le jour et
fermées pendant le jour. Dans ces deux églises se commettent
beaucoup d'abus ; je sais qu'on y célèbre messes, baptemes,
sacrements, par les prêtres réfractaires. »
Un danger autrement pressant réclamait la sollicitude du
District de Landerneau ; des bandes armées, dont les chefs
correspondaient déjà avec la Vendée, parcouraient les bois
et menaçaient de renouveler l'attaque du Pont-de-Buis pour
y puiser des munitions.
Le 14 Juillet, le District de Landerneau prenait à ce propos
l'arrêté suivant (2) :
« Il a été donné avis qu'un attroupement d'hommes fanatisés
s'est formé dans le bois de Nivot, et que des prêtres
réfractaires soufflent sur eux le feu de Ia guerre civile ; qu'ils
se réjouissent des succès des rebelles de la Vendée ; qu'ils se
flattent d'en recevoir des secours, et annoncent hautement
l'intention de s'emparer de la manufacture de poudre au
Pont-de-Buis, de pénétrer dans la ville de Châteauneuf-du-
Faou et se rendre a Quimper.
c Considérant que les communes de Lopérec et Brasparts,
(lj L. I5y.
(2) L. 19.