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1894 - Diocèse de Quimper et du Léon

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Archives diocésai e Q r <strong>et</strong> <strong>Léon</strong><br />

El cependant, Monsieur l'emporta, <strong>et</strong> Madame finit mème par Hti<br />

donner les six sous qu'il réclama pour faire son pardon.<br />

El, le soir, il rentra, el non seulement il ne s'était mAme pas<br />

grisé, mais, tout fier, tout triomphant, il remit à sa femme, qui<br />

n'en croyait pas ses yeux, les six sous auxquels il ne manquait pas<br />

on centime.<br />

En lisant ces lignes, chers lecteurs <strong>de</strong> la Semaine, faites avec<br />

moi, je vous le <strong>de</strong>man<strong>de</strong>, non pas la prière <strong>de</strong> Louis Veuillot,<br />

mais celle-ci : < Notre-Dame <strong>de</strong>s Portes, à ce pauvre homme qui<br />

vous a si bien honorée à sa manière, <strong>et</strong> non sans quelque effort<br />

probablement, obtenez une conversion complète; si vous voulez<br />

vous pouvez le guérir. •<br />

Au centre <strong>de</strong> l'Afrique (suite).<br />

Après cel aperçu rapi<strong>de</strong> sur la géographie <strong>de</strong> l'Ouganda, faisons<br />

un peu d'<strong>et</strong>hnographie. D'où viennent les Bagandas? Les partisans<br />

<strong>du</strong> déluge universel diront que ce sont <strong>de</strong>s <strong>de</strong>scendants <strong>de</strong> Cham •<br />

ceux qui veulent que le déloge n'ait inondé qu'une partie <strong>de</strong> la<br />

terre prétend ron I que ce sont <strong>de</strong>s Cain i tes. Si intéressante que soit<br />

la question, it serait déplacé pour mot <strong>de</strong> m'en occuper : mon<br />

<strong>de</strong>vuir n'esl pas <strong>de</strong> savoir d'où les nègres viennent, mais bien <strong>de</strong><br />

leur montrer où ils vonL — Mais sans remonter au déluge ou<br />

au-<strong>de</strong>là, peut-on savoir <strong>de</strong> quel ancien peuple <strong>de</strong>scen<strong>de</strong>nt les<br />

Bagandas? C'est bien difficile. Il y a quinze ans, pas un Muganda<br />

ne savait lire ou écrire, ll y a donc quinze ans, les Bagandas<br />

étaient encore plongés dans la nuit <strong>de</strong>s temps. Aujourd'hui, on<br />

peut à peine recueillir les noms <strong>de</strong> trente rois. Les Bagandas préten<strong>de</strong>nt<br />

que leurs souverains ont eu pour ancélre un homme fabuleux,<br />

nommé Kintu, qui serait <strong>de</strong>scen<strong>du</strong> dn ciel. Ils disent aussi<br />

avoir enten<strong>du</strong>, autrefois, dans ies causeries <strong>du</strong> foyer, qu'une femme,<br />

dans l'antiquité, aurail enfanté sans le concours d'un homme. C'est<br />

tout ce que j'ai pu savoir sur l'origine <strong>de</strong>s Bagandas el sur leurs<br />

connaissances <strong>de</strong>s temps passés. — Examinons-les donc, leis qu'ils<br />

apparaissent <strong>de</strong> nos jours.<br />

Ce qui distinguait les Bagandas, avanl leur conversion à la<br />

foi. c'étaient leur cruauté. Le roi, qui est le possesseur absolu <strong>de</strong><br />

toutes les terres <strong>du</strong> royaume <strong>et</strong> le maitre <strong>de</strong> lous les habitants,<br />

donnait le premier l'exemple <strong>de</strong> ta férocité. Ces tyrans sanguinaires<br />

prenaient plaisir à s'entourer <strong>de</strong> bourreaux <strong>et</strong> à les envoyer<br />

parcourir les chemins <strong>du</strong> pays avec <strong>de</strong>s ordres comme ceux-ci:<br />

t Tous les hommes qui n'auront pas noué leurs lubugos {étoffe<br />

• d'écorce) <strong>de</strong> telle ou telle manière, prenez-les <strong>et</strong> me les arae-<br />

* nez. » — i Toutes les femmes qui n'auront pas la lête rasée,<br />

« emparez-vous-en el faites-les parvenir jusqu'à moi ! • — Ces<br />

pauvres innocents, présentés an roi, étaient incontinentcon<strong>du</strong>itsà<br />

la mort : aux uns, on tranchait immédiatement la lête ; aux autres,<br />

on coupait tes lévres, les oreilles le nez, les mains <strong>et</strong>, ainsi mutilés,<br />

- fi03 -<br />

on ies abandonnait dans les hautes berbes où le plus souvent ils<br />

<strong>de</strong>venaient la proie <strong>de</strong>s fauves. "<br />

On a vu un roi, dans l'Ouganda, qui faisait ficher en terre<br />

plusieurs p<strong>et</strong>ites lances, bien disposées en carré, <strong>de</strong>vant son siège<br />

en peau <strong>de</strong> tigre, <strong>et</strong> qui obligeait ses gens, qui venaient le saluer<br />

tous les jours, <strong>de</strong> frapper avec la paume <strong>de</strong> la main sur ces mémes<br />

lances, en s'écriant à. la louange <strong>du</strong> Monarque : « Ozinzê ' lu<br />

l'emportes i % '<br />

Ce que Ies rois faisaient sur une gran<strong>de</strong> échelle, les chefs le<br />

faisaient dans Ia mesure <strong>de</strong> leur autorité. Nous avons actuellement<br />

un néophyte, que son chef mutila horriblement, il ya quelque<br />

dix ans. Il n'a plus <strong>de</strong> mains, plus d'oreilles, plus <strong>de</strong> nez, plus <strong>de</strong><br />

lèvres <strong>et</strong> plus d'-oeil gauche ! Son bon cœur lui a quand môme valu<br />

<strong>de</strong> trouver une femme ; il s'est marié, ces jours <strong>de</strong>rniers. '<br />

Le pillage ela il aussi, autrefois, un jeu favori <strong>de</strong>s Bagandas.<br />

ln ennemi était-il tué sur un champ <strong>de</strong> bataille, aussitôt son vainqueur<br />

le dépouillait complétement <strong>de</strong> ses armes el <strong>de</strong> ses habits.<br />

Quand Uarmée ennemie était mise en fuite, les paysans qui suivent<br />

toujours l'armée, se j<strong>et</strong>aient à la curée comme une troupe d'insatiables<br />

vautours <strong>et</strong> pillaient absolument tout : hommes, femmes,<br />

enfants, ivoire, peaux, lubugo, lances, calebasses, tabac, haricots,<br />

<strong>et</strong>c, elc<br />

Actuellement encore, les obj<strong>et</strong>s pillés sont la seule contribuiion<br />

<strong>de</strong> guerre. Mais on n'enlève plus les femmes ni les enfants, comme<br />

autrefois. Nous autres Missionnaires, nous avons mis le holà, <strong>et</strong><br />

quand la chose se pratique, plus d'absolution pour le délinquant !<br />

Un nègre se confessai! une fois à la suite d'une expédition,<br />

faite contre l'étranger, t Père, disait-il, dans la <strong>de</strong>rnière guerre, j'ai<br />

pitié un lubugo. i — < Oui-, c'est tout? » - t Kitangè, ousasiré,<br />

mon Père, prends-moi en pitié, mais, mais... il y avait une femme<br />

<strong>de</strong>dans! »<br />

Cependant la foi a transformé ce peuple. Nos catholiques ont<br />

une telle horreur <strong>de</strong> faire souffrir leur prochain, qu'ils osent à<br />

peine prendre ar bod banalt pour punir leurs enfants. De pillage,<br />

il n'y en a plus, <strong>du</strong> moins, pour ce qui regar<strong>de</strong> le pillage <strong>de</strong><br />

l'homme. Aprés que les protestants nous eurent chassés <strong>du</strong><br />

Buganda, en enlevant une multitu<strong>de</strong> <strong>de</strong> femmes el danfante, nos<br />

catholiques furent attaqués, à leur arrivée dans le Bud<strong>du</strong>, par un<br />

roitel<strong>et</strong> Muziba. Li bataille fut livrée au passage d'une rivière,<br />

tout prés <strong>de</strong> la slaiion <strong>de</strong> Notre-Dame <strong>de</strong>s Victoires. A peine les<br />

catholiques eurent-il passé l'eau, que leurs ennemis fuyaient à<br />

toutes jambes. La partie était belle pour piller les Bazibas, qui<br />

étaient riches. Eh bien I non, pas une seule femme ne fut ré<strong>du</strong>ite<br />

en esclavage, pas un seul enfant ne fut enlevé à ses parenls. Ce<br />

qui fit dire aux Bazibas, étonnés <strong>de</strong> celle con<strong>du</strong>ite : • Véritablement,<br />

les prêtres français ont vaincu les Bagandas ; leur religion<br />

est une religion <strong>de</strong> douceur <strong>et</strong><strong>de</strong> justice! * Voilà déjà <strong>de</strong>ux "ans<br />

que c<strong>et</strong>te guerre a eu lieu ; les Bazibas, autrefois ennemis acharnés<br />

<strong>de</strong>s Bagandas, se mêlent k ceux-ci maintenant, en grand nombre,

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