1894 - Diocèse de Quimper et du Léon

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f Des prophètes de malheur parlaient de la déchéance de la
Religion. La foi disparaîtrait, comme un météore. Bientôt les sarcasmes
de l'impieté, le roman immoral, arrachant les croyances
du cœur des peuples, desséchant tout comme le simoun du désert,
ne laisseraient à l'âme qne le vide et Ie néant... Non ! non ! Dieu
ne meurt pas, disait Garcia Moreno, expirant sous le poignard d'un
assassin.
• Devant ces frémissements el ces fureurs impies, nous nous
dressons comme une protestation vivante, assurés que l'Eglise
chaulera le De profundis sur la tombe deses persécuteurs. Nous
sommes venus à Lourdes saluer et invoquer Marie, dont le pied
virginal a écrasé la tôle du serpent infernal x nous v sommes venus,
pour témoigner publiquement el solennellement"de notre foi, el
aux ricanements des libre-penseurs nous répondons par nos
ardentes prières, nos chants el nos cantiques français el celtiques.
et surtout par noire vieux Credo catholique.
« Dieu a donné loute-puissance à Marie, et cette puissance, Elle
l'exerce partout. Cependant, de même que la nature, à certains
endroits privilégiés, semble plus clémente et offre plus de ressources,
de même il existe dans l'ordre surnalurel, des sanctuaires
bénis, où la protection de la Vierge se fait sentir davantage.
f Lourdes est, par excellence, son sanciuaire priviligié. C'est ici,
près du Gave, au milieu de ces rochers que nous pouvons baiser,
qu'elle s'est montrée, dix-huit fois, à l'humble Berdanelle, en
demandant qu'on vienne la prier... C'est ici qu'elle a manifesté sa
puissance par des prodiges sans nom nre, O Marie, nous venons, à
notre tour, pour vous prier et implorer votre secours Nous venons
Ies bras en croix, le cœur sur les lèvres, vous adresser nos supplications,
( Nous vous prions pour Léon XIII, pour l'Eglise el pour la
France, sa fille aînée. Nous vous prions pour nous, pour que ce
pèlerinage soit le souvenir le plus doux de noire vie, pour nos
familles si chères, pour nos pauvres malades qui sollicitent leur
guérison...
« Nous vous prions pour Jes diocèses étrangers et surtout pour
ces Bretons de Sainl-Brieuc et de Quimper, qui ont conservé
int-acie la foi des anciens jours et qui, chaque année, donnent le
spectacle de celte foi à leurs pardons. Ils s'en iront, au retour,
porler un compliment — comme on dit familièrement au pays breton,
— et raconter vos merveilles à votre sainle Mère, qu'ils'onlen
si grande vénération à Sainle-Anne-La Palue el à Sainte-Anne
d'Auray. -b
« Enfin, nous vous prions pour notre cher diocèse de Moulins...
Nous vous le consacrons... el, en quittant ces lieux, nous vous
dirons : au revoir î »
Prononcé d'une voix forte, où vibraient les sentiments de la
foi bretonne et du zèle épiscopal, ce discours produit une émotion
proronde. Bien des yeux se sont mouillés de larmes...
A la fin de la messe, après avoir donné sa bénédiction à l'im-
Archives diocésaines de uimper et Léon
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mense assemblée, Mgr Dubourg se lève er entonne lui-même le
cantique breton Ni.ho salud, Rouanez an Miez„.^ quêtons nos
Bretons chantent avec un admirable entrain. Et quand le vénéré
prélat se relire, tous veulent avoir l'honneur de.baiser son anneau
pastoral, ll les accueillie avec bonté, les bénit,' ieur adresse une
parole aimable ; mats, il se montre plus particulièrement paternel.
et bienveillant pour les excellentes Filles-du-SainUEsprit, dont il
était naguère encore le Supérieur tant aimé...
IV. — La matinée a été bette et consolante... ; la soirée sera
plus belle encore : nous allons étre les heureux témoins d'nnmagnifique
triomphe de Jésus-Christ dans l'Eucharistie. Nous le
déclarons sans hésiter : jamais nous n'avons vu spectacle plus
beau, plus grandiose, plus émouvant.,. Vingt mille hommes, unis
dans la même foi et le môme amour, acclamant l'adorable Sacrement
de nos autels, Oh ! merci, mon Dieu, de nous avoir fait la
grâce d'étre les heureux témoins de celte grande manifestation,
qui a ravivé notre foi ot console notâmes.
i D'un commun accord,écrit la Semaine religieuse d'Evreux,les
Directeurs des divers pèlerinages avaient supprimé leurs exercices
particuliers du mercredi après-midi, pour organiser une procession
du T. S. SacreïnenJ^rDe l'avis des RR. PP. Missionnaires de la
Basilique, elle a dépassé en splendeur tout ce qu'on avait vu jusqu'alors.
A 2 heures, les hommes sur deux lignes, quittent la
Grolle ; au milieu d'eux, soixante bannières ou oriflammes des
divers pèlerinages ; après eux viennent près de mille prêtres;
une partie sont revêtus d'ornements, dont l'or scintille; puis le
T. S. Sacrement, porté par Mgr l'Evêque de Moulins, et suivi de
Mgr l'Evêque d'Evreux. Une [ouïe énorme, plus de dix mille personnes,
se disposait à la suivre ; on dut, par mesure d'ordre, n'en
admettre qu'une partie ; les toits de l'église du Rosaire-, les rampes
des escaliers, les chemins qui dominent l'esplanade, où se déroule
celle procession incomparable, les sentiers qui serpentent sur le
Hanc des montagnes, sont noirs de spectateurs. Pendant le parcours
et surtout au moment où bt T. S. Sacrement traverse les
rangs des malades, retentissent des acclamations qui produisent
sur tous la plus profonde impression : < Jésus, Fils de David, ayez
pitié de nous ! — Sauvez-nous, Jésus, nous périssons ! — O Dieu,
venez à notre aide ! ha lez-vous de nous secourir ! — O Jésus,
exaucez-nous ! — Seigneur, si vous voulez, vous pouvez me
guérir! — Seigneur, diles seulement une parole, et je serai
guéri ! — O Jésus, guérissez nos malades ! — O Jésus, qui avez
«Iii : j'ai pitié de celte foule, nous vous en supplions, ayez compassion
de nous! Seigneur, celui que vous aimez est malade! —
Hosanna au Fils de David ! Béni soit celui qui vient au nom du
Seigneur. — Vous étés le Christ, Fils du Dieu vivant. — Vous ôtés
la Résurrection et la Vie. — Seignenr, nous croyons, mais augmentez
notre foi. — Nous vous bénissons! nous vous glorifions ! >
Aux acclamations succèdent les chants liturgiques, les cantiques
populaires, soutenus par plusieurs fanfares, et qui sont chantés