— 72 —On ne peut compter sur un effet préventif d'un caractèregénéral que si, en sa forme et durée, la peine satisfait ausentiment du droit régnant, que si elle est juste et équitabledans le sens du degré de civilisation existant. La punitionsatisfait à ce postulat, qui ne contredit, certes, en aucunemesure, à la condamnation indéterminée. A mon avis, la peinede durée indéterminée est aussi une punition du coupable. 1Je dois de nouveau renoncer à discuter la question en détail, jfet cela d'autant mieux que je partage essentiellement les vues ïexprimées à cet égard par Freudenthal, dans son étude corn- §?parative du droit pénal allemand avec ceux de l'étranger, et jjpar Mittermaier, dans son rapport sur la question qui nous 'ï;occupe. J'aimerais encore relever ceci: que la façon de conce- ||voir la peine indéterminée comme la punition d'un coupable,découle de l'idée qu'on se fait du délit, laquelle diffère duprincipe de la compensation établi par la tradition. L'onne saurait appliquer ici qu'une notion approfondie du délit,indemne de toutes les scories d'une garantie objective et qui |;épuise toute la personnalité du coupable. Nous nous mouvons |-sans nul doute dans une voie de développement, qui ne se |!poursuit que lentement, à une allure qui diffère beaucoup OÏsuivant les pays et qui, il s'en faut de longtemps, qu'elle soit |sà l'ordre du jour partout. Pour introduire la sentence à durée |indéterminée, pas n'est besoin d'attendre qu'elle soit l'objet |;d'une préoccupation générale. Il ne faut pas cependant brusquer %les choses en forçant l'entrée à cette innovation et en devant jftenir compte que le principe pénal de la compensation doive ||être placé à l'arrière-plan comme principe de pénalité, et le Êprogrès dans la manière d'envisager la faute du coupable j|comme devant embrasser toutes les couches sociales.En définitive, il faut, non seulement en considération de |l'idée générale de prévention, mais aussi à ce point de vue,exiger que toute décision au sujet de la condamnation à duréeindéterminée soit prise dans un sens rationnel et purementobjectif.M. le président, prof. Prins, interrompt ici l'opinant enfaisant remarquer que le temps accordé aux orateurs est écouléComme la question de la sentence à durée indéterminée doit— 73 —faire tout d'abord l'objet d'une discussion générale, il priel'orateur de conclure et de présenter plus tard les développementsqu'il aimerait encore apporter.L'échange de vues s'étant prolongé et personne ne demandantplus la parole dans la discussion générale de la question,le président veut mettre aux voix la proposition de seprononcer pour ou contre la sentence indéterminée. Une discussions'ensuivit touchant la manière de formuler la propositionà soumettre aux voix. MM. Conti, Engelen et consortsdemandèrent qu'on votât sur la question de savoir s'il fallaitrecommander, oui ou non, une peine privative de liberté de duréeindéterminée. Dans ce cas, il faudrait poser certaines limiteset réserver la forme.M. le professeur Gleispach pense que nous avons toutd'abord à donner notre avis sur la question telle qu'elle aété posée à la section. Il s'agit du principe d'infliger unepeine sans déterminer au préalable sa durée. Si nous faisons,dit-il, des restrictions et que nous formulions la questionde telle sorte que nous y fassions rentrer les mesures desûreté, alors nous n'exprimons pas le vrai sens de la question.Personne, aujourd'hui, n'est contre les mesures de sûreté concernantla durée indéterminée. S'il s'agissait de cela, il n'auraitpas été nécessaire de poser à nouveau cette question à uncongrès. La «sentence indéterminée» est pour tout le mondescientifique l'équivalent d'un principe déterminé, qui est presqueparaphrasé et qui n'a rien de commun avec les mesures desûreté. Nous avons donc à prendre position pour ou contrece principe. En conséquence, j'aimerais demander et proposerque M. le président formulât la question en ces termes: «Quiest pour le principe de la sentence à durée indéterminée, quiest contre?M. le D r Kastorkis. Je désire attirer l'attention sur un pointspécial de la question que nous discutons ici. Les Etat-Unisd'Amérique nous ont réellement devancés en introduisant dansleur législation la sentence indéterminée. Nouveau pays, avecplus d'ardeur et moins de préjugés, il ne s'est pas laissé arrêterpar les craintes et les critiques que soulève toute innovationlégislative. Plus hardis que nous, ayant devant les yeux leI
— 74 —but pratique de l'institution, les Américains ne veulent pas quele malade quitte l'hôpital avant d'être complètement rétabli,C'est là une idée de haute sagesse, d'une vérité incontestable,et dont ils ont fait une loi. Nous autres Européens, nous nesaurions oublier par quels chemins difficiles et ardus nous avonsdû passer pour arriver enfin à l'état actuel de notre systèmepénal, fixant la durée de la sentence. Nous ne pouvons oublierl'arbitraire d'une peine fixée au gré du juge et même d'après les«Ordonnances» introduites en France, ce dernier ayant encorele pouvoir de la renforcer par une peine complémentaire. Sansoublier le passé, nous ne consentirons jamais à y revenir. Il estvrai que le prononcé de la sentence indéterminée ne remet pasen mains du juge un pareil pouvoir, qui au fond se trouve ailleurs:c'est le pouvoir administratif, le «prison board», la directiondu pénitencier, à laquelle est confié le sort du prisonnier.Ce pouvoir n'est plus illimité, Dieu soit loué ! Mais le pouvoirexiste auprès de la direction du pénitencier, qui a la facultéde garder sous les verrous pendant vingt ans, voire mêmependant toute une vie, un homme qui, sous la même loi,pourrait être libéré après cinq ans de détention. — Je répèteque je ne suis pas un ennemi de la sentence indéterminée,dont je reconnais parfaitement l'idée pratique et sage qui enfait le fondement, à savoir la sécurité publique et l'améliorationdu coupable. Je voterai volontiers pour cette institution soustelle ou telle forme ; mais .... je demande une garantie.Dans le «prison board», qui aura le suprême pouvoir dedécider du sort du condamné? Il est indubitable qu'aujourd'huil'avis du directeur du pénitencier joue le plus grand rôle. Jele voudrais donc, cet avis, éclairé, ouvert, indépendant de touteinfluence, quelle qu'elle soit. J'aimerais que ce directeur, investid'un pouvoir aussi étendu que de décider du sort de l'un deses semblables, fût lui-même, avant tout, indépendant de toutetendance politique, qu'il fût à la hauteur de la tâche sacréequi lui sera confiée. Si cette condition n'est pas remplie et quecette garantie n'existe pas, alors je renonce volontiers, pourma part, aux bienfaits de la sentence indéterminée.Dans une petite brochure que j'ai publiée, il y a quelquetemps, le directeur bien connu de l'administration pénitentiaire- 75 —de la Prusse, le savant criminologiste M. Krohne, a bien vouluécrire une lettre d'introduction, où le rôle d'un directeur depénitencier et la position qu'il doit occuper sont admirablementdécrits. Voici ce qu'il dit : «Eine Besserung des Zustandes kannerst dann eintreten, wenn den Leitern des Strafvollzuges dieihnen zukommende, gleichberechtigte Stellung neben den Strafgesetzgebernund Richtern gewâhrt wird.» Les notions juridiqueset sociales d'un juge, l'indépendance complète et la positionsociale d'un magistrat, voilà ce que demande Krohne d'undirecteur de pénitencier, dans un pays où la sentence indéterminéen'existe pas. Combien plus ces conditions sont-ellesjustifiées, et à combien plus forte raison doit-on les requérird'un fonctionnaire à qui est confiée la liberté d'un citoyen?Et concevez-vous qu'un homme que seul le hasard desévénements politiques a revêtu un beau jour de cette fonctionpuisse s'affranchir comme par enchantement des liens qui leretiennent auprès de son parti? Je ne veux pas paraître pessimiste,et j'admets quelques rares exceptions. Mais il s'agit icide la liberté individuelle, du plus sacré des droits de l'homme,et l'on ne pourra jamais compter ici que sur de rares exceptions.Vous voulez guérir un malade, dites-vous, avant de le rendreà la société ? Je le veux bien ; mais donnez-moi la garantiequ'il sera confié aux mains d'un médecin et non d'un ignorant.Je conclus par ces mots : Je voterai la sentence indéterminée ;mais sous certaines conditions, et j'ai l'honneur de déposer seulebureau un amendement aux conclusions de M. le rapporteur,qui, je le suppose, se rapproche beaucoup des idées expriméespar MM. Vambéry, Conti et d'autres rapporteurs.« Pour que la sentence indéterminée, comme tonte espèce dedétention à durée indéterminée, puisse atteindre son but élevé,il serait désirable que le «prison board -» soit composé de façona exclure toute influence du dehors, sous forme de jury, ausein duquel la présence d'un représentant de l'autorité judiciaireest indispensable. Il est à souhaiter que les directeurs de pénitenciers,qui en font partie, soient des hommes de carrière. »M. Ugo Conti. Le 9 juillet 1907, interrogé par feu M.Barrows, je lui proposai, parmi les questions pénales vraimentpénitentiaires, la suivante:
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