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LES MÉTAMORPHOSES

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l'as-tu commis avant ton exécrable attentat ! mon ombre serait<br />

descendue sans tache chez les morts. S'il est des dieux vengeurs,<br />

s'ils ont vu mon outrage, si tout n'a pas péri avec mon innocence,<br />

tremble, je serai vengée. Je braverai la honte. Si tu m'en<br />

laisses le pouvoir, je raconterai moi-même tes forfaits ; je veux<br />

en épouvanter le monde. Si tu me retiens captive dans ces forêts,<br />

je les ferai retentir dans ces forêts. J'attendrirai ces rochers<br />

témoins de tes fureurs. Je frapperai le ciel de mes cris, et les<br />

dieux, s'il en est qui l'habitent, les dieux me vengeront ! »<br />

Ces reproches, ces menaces agitent le tyran, et remplissent<br />

son âme de rage et de terreur. Emporté par l'une et l'autre, il<br />

tire le glaive qui pend à son côté ; il saisit par les cheveux sa victime,<br />

lui tord les bras, et l'enchaîne. Elle lui tend la gorge ; le<br />

glaive brille à ses yeux ; elle espérait la mort. Le monstre saisit<br />

et presse entre deux fers mordants sa langue, qui essaie encore<br />

l'imprécation et le nom de son père ; il la coupe jusques à la racine<br />

; elle tombe, palpite, et murmure sur la terre sanglante.<br />

Telle la queue d'un serpent que le fer a coupée s'agite, et cherche<br />

en mourant à rejoindre son corps.<br />

Après ce nouvel attentat, le monstre ose encore (si pourtant<br />

il est permis de le croire), il ose, dans d'horribles embrassements,<br />

profaner ce corps qu'il vient de mutiler. Il se présente<br />

ensuite devant Progné, qui lui demande sa sœur. Il verse des<br />

larmes trompeuses ; il annonce la mort de Philomèle, et sa<br />

feinte douleur achève de confirmer son récit. La reine abusée<br />

dépouille la pourpre et l'or de ses habits ; elle se couvre de longs<br />

voiles de deuil. Elle appelle en pleurant les mânes de Philomèle<br />

autour d'un vain tombeau, monument de sa douleur. Mais ce<br />

n'était pas ainsi qu'il fallait pleurer les destins de sa sœur.<br />

Le soleil avait parcouru les douze signes qui partagent l'année.<br />

Que faisait Philomèle ? des gardes l'empêchent de fuir. Les<br />

murs de sa prison sont trop élevés. Sa bouche muette ne peut<br />

– 154 –

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