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LES MÉTAMORPHOSES

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tère du berger, et, dans ses fruits amers, exprime la rudesse de<br />

son langage.<br />

Vénulus, de retour, apporte le refus de Diomède. Privés de<br />

son appui, les Rutules continuent la guerre avec fureur : elle<br />

coûte beaucoup de sang aux deux partis. Turnus porte la torche<br />

avide sur la flotte des Troyens : le feu menace ce que l'onde a<br />

épargné. La poix, la cire, et les autres aliments de l'incendie,<br />

étendent leur ravage. Déjà les flammes montaient des mâts jusqu'aux<br />

voiles, et la fumée s'élevait du banc des rameurs en épais<br />

tourbillons, quand la mère des dieux se souvient que les vaisseaux<br />

d'Énée sont construits avec les pins du sommet de l'Ida.<br />

Soudain le bruit des clairons, les sons de la trompette, remplissent<br />

les airs, annoncent sa présence ; et, portée sur un char traîné<br />

par des lions soumis :<br />

« Turnus, s'écrie la déesse, ta main sacrilège allume de vaines<br />

flammes ; je ne souffrirai point qu'elles consument des arbres<br />

nés dans les forêts qui me sont consacrées. »<br />

Elle dit, le tonnerre gronde, et du sein d'épais nuages tombent<br />

des torrents, de pluie et de grêle. Les vents, fils du géant<br />

Astrée, se livrent une affreuse guerre, et, dans leurs chocs rapides,<br />

troublent les cieux et soulèvent les mers. L'un d'eux, dans<br />

sa furie qu'excite la déesse, rompt les câbles qui retiennent au<br />

rivage la flotte des Troyens. Cybèle entraîne les vaisseaux et les<br />

plonge au sein de l'onde. Le bois s'amollit, et prend les formes<br />

d'un corps humain. Les poupes recourbées sont des visages<br />

riants ; les rames, des jambes et des pieds qui sillonnent les<br />

flots ; les flancs, un sein arrondi ; les carènes, l'épine du dos ; les<br />

antennes, des bras ; les cordages, de longues chevelures. Ces<br />

nouvelles naïades conservent la couleur bleuâtre des navires, et<br />

jouent paisibles dans les flots qu'elles ont cessé de craindre.<br />

Nées sur les monts, elles nagent mollement dans la mer. Elles<br />

ne se souviennent plus de leur origine, mais elles n'ont point<br />

oublié leurs longs périls sur l'élément perfide, et souvent elles se<br />

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