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LES MÉTAMORPHOSES

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d'autres diversement colorées, pareilles à celles que l'art imite<br />

avec la cire.<br />

‘Si je suis ton époux, les châtaignes ne te manqueront<br />

point ; tu auras des fruits en abondance ; et mes arbres s'empresseront<br />

de te les offrir. Tous ces troupeaux m'appartiennent :<br />

beaucoup d'autres errent dans les vallons, ou cherchent l'ombre<br />

des bois, ou reposent dans les antres qui leur servent de bercail.<br />

Si tu m'en demandes le nombre, je l'ignore : c'est le berger pauvre<br />

qui compte ses troupeaux. Mais ne m'en crois pas lorsque je<br />

parle de la beauté de mes brebis : viens, et vois toi-même. À<br />

peine peuvent-elles soutenir leurs mamelles que gonfle un lait<br />

pur. Mille tendres agneaux, mille chevreaux bondissants remplissent<br />

mes bergeries. J'ai toujours du lait en abondance : j'en<br />

conserve une partie liquide ; l'autre s'épaissit en fromages.<br />

‘Tu ne te borneras pas à jouir de ces plaisirs innocents, et<br />

de dons vulgaires, tels que de jeunes daims, des lièvres, des chèvres,<br />

des colombes, des nids d'oiseaux enlevés sur la cime des<br />

arbres. J'ai trouvé, sur les hautes montagnes, deux petits ours<br />

qui pourront jouer avec toi. Ils sont si ressemblants qu'à peine<br />

on peut les distinguer ; je les ai trouvés, et, en les prenant, j'ai<br />

dit : ‘Ils sont pour celle qui m'a charmé.’<br />

‘Lève donc au-dessus des flots azurés ta tête brillante, ô Galatée<br />

! Viens, ne dédaigne pas mes présents. Je me connais : je<br />

me suis vu naguère dans l'onde transparente, et, en me voyant,<br />

ma beauté m'a plu. Regarde la hauteur de ma taille : Jupiter<br />

n'est point plus élevé dans les cieux (car vous avez coutume de<br />

parler du règne de je ne sais quel Jupiter). Une chevelure<br />

épaisse couvre mon front altier, et, comme une forêt, ombrage<br />

mes épaules. Que si mon corps est couvert de poils hérissés, ne<br />

pense pas que ce soit une difformité. L'arbre est sans beauté, s'il<br />

est sans feuillage. Le coursier ne plaît qu'autant qu'une longue<br />

crinière flotte sur son col. L'oiseau est embelli par son plumage,<br />

– 347 –

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