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LES MÉTAMORPHOSES

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« Voyez la nuit, qui s'avance, tendre vers le jour, et les ombres<br />

s'effacer dans la lumière. Lorsque tout repose encore dans<br />

la nature, l'azur du ciel n'est pas celui dont le ciel se colore au<br />

moment où l'étoile du matin paraît sur son char d'albâtre. Cet<br />

azur prend une autre nuance, quand l'aurore, qui précède le<br />

jour, sème de roses la carrière qu'elle va livrer au soleil. Le soleil<br />

lui-même paraît environné de pourpre, quand, le matin, il<br />

s'élève de la terre inférieure, et quand, le soir, il y redescend.<br />

Mais, au milieu de sa course, sa lumière est plus éclatante, parce<br />

que, dans les hautes régions, l'air, plus pur, est dégagé des vapeurs<br />

de la terre. L'astre de la nuit offre aussi des aspects différents<br />

: dans sa croissance, il est plus petit, et, dans son décours,<br />

il est plus grand la veille que le lendemain.<br />

« Voyez l'année, se partageant en quatre saisons, imiter<br />

ainsi, dans son cours, les âges de la vie. Au commencement du<br />

printemps, elle a la faiblesse de l'enfant à la mamelle. Alors le<br />

grain, herbe tendre et fragile, croît et charme l'espoir du laboureur.<br />

Tout fleurit, la campagne riante est émaillée de mille couleurs<br />

; mais les plantes n'ont encore aucune énergie. Devenue<br />

plus robuste, l'année passe du printemps à l'été, semblable au<br />

jeune homme dans toute sa vigueur. Aucun âge n'est plus fort,<br />

plus fécond, plus ardent. L’automne succède : il n'a plus la ferveur<br />

de l'âge précédent ; c'est celui du calme et de la maturité : il<br />

tient le milieu entre la jeunesse et la vieillesse, et, déjà sa tête<br />

commence à blanchir. Enfin le vieil hiver arrive d'un pas tremblant,<br />

dépouillé de ses cheveux, ou n'en ayant plus que de<br />

blancs.<br />

« C'est ainsi que nos corps changent sans cesse : ce que<br />

nous étions hier, ce qu'aujourd'hui nous sommes, demain nous<br />

ne le serons plus. Il fut un temps où, simple germe, espoir incertain<br />

de l'homme encore à naître, nous habitâmes dans le sein<br />

d'une mère. La nature soigna son ouvrage : elle ne voulut pas<br />

que notre corps restât toujours resserré dans les flancs qui l'enfermaient,<br />

et sa main puissante nous ouvrit les portes de la vie.<br />

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