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LES MÉTAMORPHOSES

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« Déjà les Grecs préparaient des liens pour les bras de leurs<br />

captives : elles lèvent leurs bras libres encore vers les dieux : –<br />

Puissant Bacchus, s'écrient-elles, prête-nous ton appui !’ Et le<br />

dieu qui fut leur bienfaiteur leur accorda son secours, si cependant<br />

c'était les secourir que de me les enlever par un prodige !<br />

Je n'ai pu savoir alors, et maintenant je ne puis dire, comment<br />

elles changèrent de forme : leur changement et mon malheur<br />

me sont seulement connus. Elles prirent des ailes, et volèrent<br />

dans les airs, pareilles aux blanches colombes consacrées à Venus,<br />

dont vous fûtes l'époux. »<br />

Après que le temps du repas a été rempli par ce discours et<br />

par d'autres encore, les Troyens quittent la table et se livrent au<br />

sommeil. Le lendemain, ils se lèvent avec le jour, et vont consulter<br />

l'oracle, qui leur ordonne d'aller chercher leur antique mère<br />

et les rivages habités par leurs premiers aïeux. Anius les accompagne<br />

jusqu'au port, et leur fait de riches présents. Il donne un<br />

sceptre au vieil Anchise, une chlamyde et un carquois à son petit-fils<br />

Ascagne ; à Énée, un vase que Thersès lui envoya jadis<br />

des rives de l'Ismène, comme gage de l'hospitalité qu'il en avait<br />

reçu. C'est l'ouvrage d'Alcon d'Hyla. Le ciseau de cet artiste y a<br />

gravé de grands événements. On y voit une ville : les sept portes<br />

qu'on peut distinguer sont mises à la place de son nom, et le<br />

font assez connaître. Devant ses remparts, une pompe funèbre,<br />

des tombeaux, des feux, des bûchers, et des femmes, le sein nu,<br />

les cheveux épars, annoncent un deuil public. Les Naïades paraissent<br />

pleurer et regretter leurs fontaines taries. Les arbres<br />

desséchés sont dépouillés de leur feuillage. Les chèvres rongent<br />

une herbe pauvre sur des rochers arides. On aperçoit, au milieu<br />

de Thèbes, les généreuses filles d'Orion : l'une tend sa gorge au<br />

fer qui va l'immoler ; l'autre elle-même plonge un poignard<br />

dans son sein. Elles se dévouent pour le salut du peuple. On voit<br />

leurs corps sanglants portés en pompe dans la ville. La flamme<br />

les consume sur le bûcher élevé dans la place publique ; et, afin<br />

que la race des deux vierges soit immortelle, on voit s'élever de<br />

leur cendre deux jeunes héros. La renommée leur a conservé le<br />

– 342 –

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