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LES MÉTAMORPHOSES

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au dédain l'injure et l'outrage, et défend même l'espoir à son<br />

amant.<br />

« L'impatient Iphis ne peut soutenir les tourments d'une<br />

longue douleur, et, devant la porte d'Anaxarète, il lui adresse, en<br />

ces mots, une plainte dernière :<br />

– Tu l'emportes, Anaxarète ! Enfin tu ne seras plus importunée<br />

de mes plaintes et de mes ennuis. Prépare de joyeux<br />

triomphes ! Fais entendre le cri de paean ! Couronne ta tête de<br />

lauriers ! Tu l'emportes, et je meurs. Réjouis-toi, barbare ! Tu<br />

seras du moins contrainte de me louer en quelque chose, et<br />

d'avouer que je méritais d'être aimé. Souviens-toi que mon<br />

amour n'a point fini avec ma vie, et que je vais perdre en même<br />

temps cette double lumière. Ce n'est pas la renommée qui viendra<br />

t'apprendre ma mort. Moi-même, n'en doute pas, je serai<br />

présent devant toi : tu verras mon corps inanimé, et tes yeux<br />

jouiront de ce spectacle. Et vous, dieux puissants ! si vous prenez<br />

quelque intérêt au destin des mortels, souvenez-vous de<br />

moi ! Je n'ai plus à vous adresser d'autre prière. Faites que je<br />

vive dans un long avenir, et donnez à ma mémoire ce que vous<br />

avez retranché de mes jours.’<br />

« Il dit, et levant ses yeux chargés de pleurs et ses bras que<br />

la douleur a pâlis, vers les portes que si souvent il orna de guirlandes,<br />

il attache à leur sommet un cordeau, et s'écrie : – Voilà<br />

donc, voilà les liens qui te plaisent, barbare !’ À ces mots, passant<br />

la tête dans le nœud, et le visage encore tourné vers elle, il<br />

s'élance : le corps, par son poids, serre le nœud fatal, et reste<br />

suspendu.<br />

« Agité par le mouvement convulsif de ses pieds, la porte<br />

semble rendre des sons plaintifs et gémissants : elle s'ouvre, et<br />

laisse voir Iphis expirant. Les esclaves s'écrient et le détachent,<br />

il n'est plus temps. Ils le portent à la maison de sa mère, car son<br />

père ne vivait plus. Elle le reçoit dans son sein, elle embrasse ses<br />

– 375 –

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