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LES MÉTAMORPHOSES

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grands cris la victoire de leur chef. Ils s'empressent autour de<br />

lui ; ils le serrent dans leurs bras. Et toi aussi, Médée, tu voudrais<br />

embrasser le vainqueur ; la pudeur te retient. Le vainqueur<br />

t'eût embrassée lui-même. Mais si le soin de ta renommée<br />

t'arrête, tu te réjouis du moins en secret, et ce sentiment t'est<br />

permis. Tu t'applaudis de tes enchantements, tu rends grâces<br />

aux dieux qui les ont fait naître à ta voix.<br />

Jason devait encore, par les herbes enchantées, assoupir le<br />

dragon vigilant, à la tête écaillée, aux dents de fer, à la langue<br />

aux triples dards, monstre horrible qui garde la toison. Le héros<br />

verse sur lui des sucs qui ont la même vertu que les eaux du Léthé.<br />

Trois fois il prononce des mots assoupissants, qui pourraient<br />

apaiser les flots tumultueux des mers, et suspendre les<br />

fleuves dans leur cours. Un sommeil jusqu'alors inconnu charge<br />

les yeux du monstre, et le héros enlève la toison. Fier de sa<br />

conquête, et plus encore de celle dont elle est le bienfait, il remonte<br />

sur son vaisseau, et arrive avec son épouse dans les ports<br />

d'Iolchos.<br />

Les mères des Argonautes, les vieillards dont ils sont les<br />

enfants, s'empressent aux autels des dieux pour célébrer leur<br />

retour. L'encens fume sur les feux sacrés. On immole les victimes<br />

aux cornes dorées ; mais, courbé, sous le fardeau des ans, et<br />

déjà penché vers le tombeau, Éson seul ne peut prendre part à<br />

la joie publique :<br />

« Ô vous, dit Jason, chère épouse, à qui je dois la vie ;<br />

quoique vous ayez tout fait pour moi, quoique vos bienfaits surpassent<br />

tout ce que les mortels peuvent croire, daignez encore,<br />

s'il est au pouvoir de votre art, et que ne peut votre art ! daignez<br />

retrancher quelques ans de ma vie, et les ajouter aux ans de<br />

mon père. »<br />

À ces mots, des larmes coulent de ses yeux. Témoin de sa<br />

piété filiale, Médée en est émue. Elle se rappelle le vieil Aiétès,<br />

– 166 –

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