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LES MÉTAMORPHOSES

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la brebis par sa toison : ainsi la barbe sied à l'homme, et un poil<br />

épais est pour son corps un ornement.<br />

‘Je n'ai qu'un œil au milieu du front ; mais il égale un bouclier<br />

en grandeur. Eh quoi ! le soleil ne voit-il pas, du haut des<br />

cieux, ce vaste univers ? Et cependant il n'a qu'un œil comme<br />

moi. Ajoute que Neptune, à qui je dois le jour, règne dans l'empire<br />

que tu habites : je te donne Neptune pour beau-père. Sois<br />

sensible à mes maux, exauce les vœux de celui qui t'implore. Toi<br />

seule as dompté Polyphème : et moi, qui méprise Jupiter, et le<br />

ciel, et la foudre brûlante, ô fille de Nérée, je tremble en ta présence<br />

; et ta colère est pour moi plus terrible que la foudre.<br />

‘Je souffrirais plus patiemment tes mépris, si tu rejetais les<br />

vœux de tous tes amants. Mais pourquoi, méprisant ma flamme,<br />

es-tu sensible à celle d'Acis ? Pourquoi, aux baisers de Polyphème,<br />

préfères-tu les baisers d'Acis ? Qu'il soit, je le veux, fier<br />

de sa beauté, et, ce que je ne voudrais pas, qu'il te plaise aussi,<br />

Galatée, pourvu qu'il tombe entre mes mains : il sentira quelle<br />

force enferme un si grand corps. J'arracherai ses entrailles, je<br />

disperserai dans les champs ses membres palpitants, je les jetterai<br />

dans les flots où tu fais ton séjour ! et qu'il puisse ainsi s'unir<br />

à toi ! Car enfin, je brûle, et mes feux toujours méprisés deviennent<br />

plus ardents. Tous ceux de l'Etna me semblent transportés<br />

dans mon sein avec leur violence ; et toi, Galatée, tu n'es pas<br />

touchée de ma douleur !’<br />

« Après ces inutiles plaintes, il se lève, je l'observais : et, tel<br />

qu'un taureau furieux à qui on enlève sa génisse, il ne veut plus<br />

rester sur son rocher ; il erre dans les forêts, et sur la montagne,<br />

dont il connaît tous les détours. Enfin, il m'aperçoit avec Acis.<br />

Trop imprudents, nous étions loin de craindre ce malheur : – Je<br />

vous vois, s'écria-t-il, mais c'est pour la dernière fois que<br />

l'amour vous rassemble !’ Sa voix, aussi effroyable que peut<br />

l'être celle d'un cyclope en fureur, fait mentir l'Etna. Saisie<br />

d'épouvante, je me plonge dans la mer. Le fils de Syméthus avait<br />

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