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Dictionnaire des auteurs - Librairie Compagnie

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scandale et lui avait valu d’être accusé de blasphème, de pornographie, de satanismeu Ce malentendu avec son<br />

siècle n’est pas tout à fait pour lui déplaire. Il ne sera même pas constant, puisque après la Première guerre mondiale,<br />

il connaît un triomphe au théâtre avec Der blaue Zircus [Le Cirque bleu] (1924). Et puis vient l’horreur annoncée,<br />

sinon attendue. La jeune Tchécoslovaquie, libre d’hier, passe sous la botte allemande ; son fils est assassiné par les<br />

nazis, lui-même se terre et n’écrit plus, rongé par une vieille syphilis contractée dans les bordels de sa jeunesse.<br />

Quand il meurt en 1945, il est déjà oublié. Seul Max Brod, dans son autobiographie (1964), saura rappeler la dette<br />

que notre temps à envers lui : « Leppin avait été littéralement élu pour chanter le vieux Prague qui s’éteignait alors<br />

dans les douleurs, avec ses ruelles mal famées, ses nuits de beuverie, ses vagabonds, ses saints pompeusement<br />

baroques à la religiosité suspecteu » Le même Brod soulignait que cet imaginaire ne s’était jamais donné aussi libre<br />

cours que dans les pages de Marche dans les ténèbres — les premières surtout, « écrites à la manière simple et vraie<br />

de Kafka ». Et de conclure : « Il fut une sorte de Baudelaire germano-tchèque. Mais privé de tout espoir de<br />

rédemption. » (Présentation de l’éditeur)<br />

LIVRES (traductions françaises)<br />

― Marche dans les ténèbres (Severins Gang in die Finsternis, Munich, Delphin-Verlag, 1914), roman, traduit de<br />

l’allemand par Corinna Gepner. [Paris], Éditions Phébus, « D’aujourd’hui. Étranger », 2001, 152 pages, épuisé.<br />

Un homme – Severin – erre dans Prague à la recherche de quelque lumière : lumière sur sa vie, sur le monde, sur luimême.<br />

Il n’a pas beaucoup plus de vingt ans mais la mort déjà loge en lui, ou en tout cas un bizarre fantôme qui<br />

l’empêche de vivre au même diapason que les gens dits normaux. Le quotidien (une tâche routinière dans un bureau)<br />

l’accable, et l’amour même de la blonde Zdenka, abordée un an plus tôt dans la rue, ne parvient pas à l’apaiser.<br />

Pour dire le vrai, il cherche en vain l’Amour majuscule auprès de toutes les femmes : auprès de Suzanne, la fille d’un<br />

bouquiniste expert en ouvrages licencieux, auprès de Karla, une chanteuse qui a perdu la voix – et sans doute aussi<br />

auprès de maintes créatures que la moralité bourgeoise condamne de son haut. Dégoûté par le monde et par les<br />

êtres qui le peuplent, il balance au gré <strong>des</strong> rencontres entre le désir de meurtre et la tentation du suicide. Un temps<br />

l’humble Zdenka, un ange de patience, l’aide à croire qu’une consolation existe ici-bas, mais il déchante bientôtu et<br />

s’en va noyer son chagrin, de plus en plus violemment, parmi la clientèle bizarre qui hante la taverne de l’Araignée –<br />

dont le patron collectionne les bombes et rêve d’anéantir l’humanité. Ironie du sort, alors que Séverin s’apprête luimême<br />

à faire sauter le bouge et ses clients, il gagne le gros lot à la loterie qu’organise le maître <strong>des</strong> lieux. Le gros lot<br />

en question est une femme, Mylada : une beauté fatale dont tous les hommes sont fousu Abasourdi par ce coup du<br />

<strong>des</strong>tin qui le ramène au seul rôle qu’il ait jamais su jouer sans tricher – celui de pantin grotesque –, il renonce à son<br />

crime et décide de vivre sa vie ainsi qu’il convient à un citoyen respectable : dans la niaiserie et la lâcheté. Roman<br />

exemplaire de la haine de soi, Marche dans les ténèbres, dans sa brièveté, frappe vite et fort. (Présentation de<br />

l’éditeur)<br />

9782859409739 ― Au-<strong>des</strong>sous de tout (Blaugast, ein Roman aus dem alten Prag, composé vers 1930-32 ;<br />

posthume, Munich, Erstausgabe, 1984), traduit de l’allemand par Corinna Gepner. [Paris], Éditions Phébus,<br />

« D’aujourd’hui. Étranger », 2004, 138 pages.<br />

De Paul Leppin, citoyen de Prague comme Kafka, Max Brod n’hésite pas à proclamer que certains de ses romans<br />

peuvent être sans honte comparés à ceux de l’auteur du Château : « Il fut une sorte de Baudelaire germano-tchèque.<br />

Mais privé de tout espoir de rédemption ». Récemment redécouvert en Allemagne après un long purgatoire, Leppin<br />

commence aujourd’hui seulement à être traduit. Achevé au début <strong>des</strong> années trente (probablement en 1932), d’abord<br />

intitulé Der Untergang – titre qui évoque la chute, le cheminement dans quelque sous-sol dostoïevskien – et d’ailleurs<br />

sous-titré (provisoirement) « Roman d’un possédé », le présent récit ne sera publié qu’en 1984 et la critique saluera<br />

sa violente modernité.<br />

Un homme livré à la nuit se laisse dévoyer par un ancien condisciple qui prétend étudier la science de la dégradation,<br />

la « biologie du dépérissement ». Ce dernier le confie à une femme qui, non contente de vendre ses charmes,<br />

s’ingénie à maintenir ses amants dans un état de complet asservissement érotique. La victime, cette fois, débordée<br />

par ses propres souvenirs (une adolescence pervertie par la honte), finira - ou manquera de finir - dans la plus basse<br />

abjection : celle de l’exhibitionniste payé quatre sous pour simuler dans <strong>des</strong> bouges les gestes d’un désir réduit à la<br />

pue (ou la pire) obscénité. (Présentation de l’éditeur)<br />

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LIEHM, Antonin Jaroslav<br />

[RÉPUBLIQUE TCHÈQUE] (Prague, 1924). Antonín Jaroslav Liehm. Journaliste, critique de cinéma et traducteur du<br />

français (Louis Aragon, Simone de Beauvoir, etc.). Il a travaillé pour Literární noviny, un hebdomadaire culturel qui a<br />

joué un rôle important avant et pendant le Printemps de Prague. Exil à partir de 1969, d’abord aux États-Unis, ensuite<br />

à Paris, où il publie la revue Lettre internationale.<br />

LIVRES (traductions françaises)<br />

— Trois générations. Entretiens sur le phénomène culturel tchécoslovaque, traduit du tchèque par Marcel<br />

Aymonin, préface de Jean-Paul Sartre, illustrations d’Adolf Hoffmeister. [Paris], Éditions Gallimard, « Témoins »,<br />

1970, XXXII-336 pages, épuisé.<br />

— Le Passé présent. Le socialisme oriental face au monde moderne (édition originale), traduit du tchèque par<br />

Michel Oldry. [Paris], Éditions Jean-Claude Lattès, 1974, 306 pages, épuisé.

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