Bernard Boller, Gottschalk d'Orbais de Fulda à Hautvillers

Gottschalk d’Orbais
de Fulda à Hautvillers :
une dissidence
12
avant-propos
G. l. Perugi 16 , enfin l’anglais e.a. Walpole 17 . Cette liste
n’est pas exhaustive mais elle montre combien ce personnage
singulier appartient à la communauté historique,
philosophique et culturelle européenne 18 . Ce moine
d’orbais déchaîna la controverse sur la prédestination
vers le milieu du IX e siècle. Malgré la destruction d’une
grande partie de ses écrits, son œuvre fut considérable. Il
n’était pas seulement, comme le voulurent ses adversaires
contemporains, un blasphémateur et un hérétique, mais
avant tout un poète d’une sensibilité aiguë, un subtil
grammairien, un enseignant lettré, un théologien et un
philosophe.
Voyageur infatigable jusqu’à sa condamnation devant
Charles le Chauve au synode de Quierzy de 849, il poursuivit
son activité littéraire durant sa réclusion à l’abbaye
d’Hautvillers où il mourut en 869. Inflexible, il tint tête à
l’archevêque de reims Hincmar qui lui demanda à
maintes reprises de renier ses doctrines. les mauvais traitements
qu’il eut à subir émurent plusieurs abbés et
évêques. Malgré sa flagellation et ses mutilations 19 ,
Gottschalk maintint autour de lui un cercle d’amis qui
continuèrent à soutenir ses thèses 20 . la neutralisation et les
mécanismes d’exclusion de cette « pensée forte» sont au
centre de notre recherche. l’environnement politique, économique
et culturel n’est pas étranger à l’anéantissement
de Gottschalk d’orbais. Sa résistance à la nomenclature
ecclésiastique, à la pensée dominante de son temps, éclaire
combien le pouvoir absolu nourrit la destruction de ses
plus parfaits produits. Sa lutte se situe à l’apogée finissante
de la puissance carolingienne. les petits-fils de
(16) Gottschalc
(17) Early latin hymns
(18) C’est J. Usher qui publia, pour la première fois
à dublin en 1631, deux confessions de Gottschalk.
(19) Perpetuum silentium ori tuo virtute aeterni
verbi imponimus ; ( par la vertu du verbe
éternel nous imposons à votre bouche un perpétuel
silence). extrait de la sentence de
Quierzy voir : actes de la province de reims,
tome I, page 203.
(20) le clergé lyonnais avec Florus fut parmi
ses plus forts soutiens.