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Bernard Boller, Gottschalk d'Orbais de Fulda à Hautvillers

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prend plus <strong>de</strong> recul, mais l’agrémente <strong>de</strong> commentaires<br />

mettant en cause l’authenticité <strong>de</strong> la sentence 326 . Quelle<br />

qu’ait été la date <strong>de</strong> rédaction <strong>de</strong> ce jugement, plusieurs<br />

faits <strong>de</strong>meurent intangibles :<br />

- le procès <strong>de</strong> Mayence en 829 délia <strong>Gottschalk</strong> <strong>de</strong> ses vœux<br />

malgré les vives protestations <strong>de</strong> son abbé raban Maur.<br />

- la première condamnation <strong>de</strong> <strong>Gottschalk</strong> au syno<strong>de</strong> <strong>de</strong><br />

Mayence en 848 <strong>de</strong>vant le roi louis le Germanique fut très<br />

sévère. les annales <strong>de</strong> Xanten nous informent qu’après<br />

avoir été battu avec plusieurs <strong>de</strong> ses complices dans la doctrine<br />

sur la pré<strong>de</strong>stination, le moine vagabond fut avec eux<br />

envoyé dans les Gaules. les annales <strong>de</strong> <strong>Fulda</strong> <strong>de</strong> 848 sont<br />

plus nuancées : «<strong>Gottschalk</strong>, que l’on disait hérétique, fut<br />

confondu <strong>de</strong> manière raisonnable, selon la plupart <strong>de</strong>s gens<br />

(326) «Frère Gotescalc, sache que la très haute<br />

dignité du ministère sacerdotal, que tu t’es<br />

arrogée au mépris <strong>de</strong>s règles et dont tu as<br />

abusé par tes mœurs, tes mauvaises actions et<br />

tes doctrines corrompues, t’est maintenant<br />

enlevée <strong>de</strong> par la sentence du Saint-esprit,<br />

dont provient, comme un pur présent, la dignité<br />

sacerdotale, et par la vertu du sang du<br />

Christ, si tant est que tu aies reçu cette dignité,<br />

et, quoi qu’il en soit, tu ne <strong>de</strong>vras en aucune<br />

manière te permettre d’en exercer <strong>de</strong> nouveau<br />

les fonctions. en outre, comme au mépris <strong>de</strong>s<br />

lois <strong>de</strong> l’église, tu cherches <strong>à</strong> jeter le désordre<br />

dans l’église et dans l’état, sans tenir plus <strong>de</strong><br />

compte <strong>de</strong> tes vœux et <strong>de</strong> ton état <strong>de</strong> moine,<br />

nous avons décidé, en vertu <strong>de</strong> l’autorité épiscopale,<br />

que tu serais très durement battu et<br />

ensuite, conformément aux règles <strong>de</strong> l’église,<br />

mis en prison. enfin, pour que tu ne puisses<br />

plus te permettre d’enseigner, nous te condamnons,<br />

par la vertu du Verbe éternel, <strong>à</strong> gar<strong>de</strong>r un<br />

éternel silence.»<br />

Jusqu’ici personne, <strong>à</strong> notre connaissance, n’a<br />

mis en doute l’authenticité <strong>de</strong> cette sentence ;<br />

il nous semble cependant qu’il y aurait <strong>de</strong><br />

bonnes raisons pour le faire. n’est-il pas surprenant<br />

que nul n’ait connu l’existence <strong>de</strong><br />

cette pièce avant que le P. Sirmond la découvrît,<br />

vers l’an 1600, dans un ancien manuscrit<br />

<strong>de</strong> nicolas Camuzat ? on n’en a jamais trouvé<br />

V. la condamnation<br />

un second exemplaire. a cette première observation,<br />

digne <strong>de</strong> remarque, vont se joindre <strong>de</strong>s<br />

arguments plus importants.<br />

a) Hincmar dit que les abbés et les moines présents<br />

avaient ordonné la peine du fouet, tandis<br />

que les évêques avaient simplement prononcé la<br />

damnatio ; or dans la sentence, nous voyons la<br />

flagellatio ordonnée par les évêques. Ce qui prouve<br />

qu’Hincmar dit vrai, c’est la manière dont<br />

remy <strong>de</strong> lyon a blâmé toute cette procédure.<br />

b) la sentence motive doublement la condamnation<br />

<strong>de</strong> Gotescalc : c’est d’abord la prêtrise<br />

reçue d’une manière illégale, ensuite le<br />

désordre introduit dans les « negotia ciuilia et<br />

ecclesiastica ». Pour la première faute,<br />

Gotescalc est, d’après la sentence, dégradé <strong>de</strong><br />

la prêtrise ; pour la secon<strong>de</strong>, il est fouetté.<br />

Mais ne voit-on pas que la sentence est muette<br />

sur le motif principal, l’affaire du pré<strong>de</strong>stinatianisme<br />

? a peine y fait-elle une vague allusion,<br />

quand elle dit que Gotescalc a mésusé <strong>de</strong><br />

son sacerdoce par sa mauvaise conduite et ses<br />

doctrines corrompues.<br />

c) la sentence présente comme douteuse l’ordination<br />

<strong>de</strong> Gotescalc. or, non seulement ce<br />

doute est en opposition avec le dogme, mais il<br />

est en contradiciton avec l’opinion d’Hincmar,<br />

qui croyait <strong>à</strong> la validité <strong>de</strong> cette ordination.<br />

d) le style ampoulé <strong>de</strong> cette sentence doit<br />

faire naître <strong>de</strong>s doutes sur son (suite page 146)<br />

<strong>Gottschalk</strong> d’Orbais<br />

<strong>de</strong> <strong>Fulda</strong> <strong>à</strong> <strong>Hautvillers</strong> :<br />

une dissi<strong>de</strong>nce<br />

145

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