Bernard Boller, Gottschalk d'Orbais de Fulda à Hautvillers

Gottschalk d’Orbais
de Fulda à Hautvillers :
une dissidence
134
IV. le conflit
ment «De uniuerso» 294 . C’est un travail savant et littéraire,
allié à la science et à la persévérance ; l’ouvrage est une des
grandes encyclopédies du Moyen-âge. Il puise ses sources
dans une littérature vieille de plusieurs siècles. C’est une
des plus importantes productions de l’époque carolingienne
qui confirme l’érudition de son auteur 295 . Parmi les nombreux
petits ouvrages de circonstances, signalons plus particulièrement
le «De oblatione puerorum», justifiant le vœu
monastique des parents pour l’engagement de leurs propres
enfants : il y soutenait l’idée que même le vœu émis par les
seuls parents obligeait l’enfant et que l’entrée d’un homme
libre dans l’état monastique n’était pas une déchéance, mais
une promotion. Cette thèse fut fermement contestée par
Gottschalk, qui avait été libéré de l’engagement parental
par l’abbé eigil.
Pour la rédaction de son ouvrage sur l’âme : «De anima»,
raban emprunta mot à mot la plus grande partie à
Cassiodore, qui avait également titré son traité «De
anima». Il dédia ce court écrit au roi lothaire II. Il existe
également sous le nom de raban deux pénitentiels, l’un
dédié à otgar de Mayence 296 , l’autre à Héribald
d’auxerre 297 . docte aux multiples facettes, raban fut également
prolifique en hagiographie 298 . Il a composé un martyrologue,
peu historique, mais innovant dans le genre littéraire
299 . en son temps, la poésie était incontournable, tous
ses vers sont composés en distiques et exceptionnellement
en hexamètres 300 .
Cette rapide approche littéraire permet de mieux cerner la
fécondité de l’archevêque raban Maur et le poids de ses
(296) en 842, P. l., CXII, c. 1397-1424.
(297) Vers 853, P. l., CX, c. 467-494.
(298) notons que la : «Vita sanctae Mariae
Magdalenae» dont on lui assure la paternité
est contestée.
(299) P. l., CX, c. 1121-1188.
(300) Quand aux vingt-quatre hymnes et
poèmes spirituels qui lui sont attribués soulignons
que l’hymne pour la Pentecôte, «Veni
creator spiritus», reste en usage encore
aujourd’hui dans la liturgie catholique. (voir,
e. dümmler, et M.G.H., Poetae II, p. 154-258,
(1884) et H. lausberg, Der Hymnus : «Veni
creator spiritus», opladen (1979).