Bernard Boller, Gottschalk d'Orbais de Fulda à Hautvillers
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<strong>Gottschalk</strong> d’Orbais<br />
<strong>de</strong> <strong>Fulda</strong> <strong>à</strong> <strong>Hautvillers</strong> :<br />
une dissi<strong>de</strong>nce<br />
84<br />
III. l’œuvre<br />
<strong>de</strong> l’enseignement pélagien 194 avaient entraîné, suite aux<br />
condamnations <strong>de</strong> saint augustin d’autres positions, ce<br />
<strong>de</strong>rnier les déclarant toutes suspectes <strong>de</strong> fatalisme. le<br />
concile d’orange <strong>de</strong> 529 avait adopté une position moyenne,<br />
proche <strong>de</strong>s formules <strong>de</strong> Prosper d’aquitaine († 455) :<br />
«l’homme est responsable <strong>de</strong> sa damnation par refus<br />
<strong>de</strong> ”s’amen<strong>de</strong>r, s’il n’est pour rien dans son salut éternel».<br />
ainsi sans trancher nettement la question <strong>de</strong> savoir si la<br />
pré<strong>de</strong>stination était double comme l’avait dit Prosper, les<br />
damnés n’étaient condamnés que «post preuisa <strong>de</strong>merita»<br />
195 . les choses en seraient restées l<strong>à</strong> si les hommes du<br />
IX e siècle ne s’étaient emparés <strong>de</strong>s «Sentences d’Isidore <strong>de</strong><br />
Seville» où l’auteur fait allusion <strong>à</strong> une : «prae<strong>de</strong>stinatio<br />
gemina». le débat, mal formulé et, surtout mal compris,<br />
entre foi, morale et leurs applications aux œuvres <strong>de</strong><br />
l’homme, fut certainement un <strong>de</strong>s problèmes sociologiques<br />
du haut-Moyen-âge les plus mal appréhendés.<br />
Ce n’est donc pas sans motif que les lecteurs <strong>de</strong>s textes <strong>de</strong><br />
<strong>Gottschalk</strong> y trouvèrent la résurgence <strong>de</strong>s tendances fatalistes<br />
et dangereuses pour une société instable.<br />
Cependant, <strong>à</strong> l’examen attentif <strong>de</strong> sa «Confessio breuior»<br />
196 <strong>Gottschalk</strong> d’orbais expose que le mon<strong>de</strong> est divisé en<br />
<strong>de</strong>ux parts : l’une, celle <strong>de</strong>s élus, a le Christ pour tête,<br />
l’autre, celle <strong>de</strong>s réprouvés, suit le diable. Pour lui, dans<br />
les <strong>de</strong>ux cas, la répartition <strong>de</strong>s hommes a été faite par dieu<br />
avant la création. Il a décidé <strong>de</strong> sauver certains hommes<br />
par sa grâce et ayant prévu les péchés <strong>de</strong>s autres, il les a<br />
pré<strong>de</strong>stinés <strong>à</strong> la mort. Sous cette forme excessivement cursive,<br />
(195) Par prévision <strong>de</strong> leurs démérites (réprobation<br />
positive).<br />
(196) Credo et confiteor <strong>de</strong>um omnipotentem<br />
et incommutabilem praescisse et prae<strong>de</strong>stinasse<br />
angelos santos et homines electos ad<br />
uitam gratis aeternam, et ipsum diabolum<br />
caput omnium daemoniorum cum omnibus<br />
reprobis membris in<strong>de</strong>licet suis propter praescita<br />
certissime ipsorum propria futura mala<br />
merita prae<strong>de</strong>stinasse pariter per iustissimum<br />
iudicium suum in mortem merito sempiternam,<br />
quia sic ait ipse dominus in euangelio :…<br />
d.C. lambot, p. 52.