Bernard Boller, Gottschalk d'Orbais de Fulda à Hautvillers

Gottschalk d’Orbais
de Fulda à Hautvillers :
une dissidence
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II. le gyrovague
du Frioul. C’est à partir de cette indication de
Porphyrogénète que de nombreux auteurs croates assimilent
Martin 116 à Gottschalk 117 . l’homme, poursuit Porphyrogénète,
était très rigoureux et très pieux, ne prenait pas soin de sa
personne, ne se baignait jamais, ne se lavait même pas la
figure et les mains. enfin il était très laid 118 .
Martin, toujours d’après Porphyrogénète, se présentait
comme un médiateur de paix chez les Croates ; et il ajoute
qu’il fut mutilé 119 . la médiation de Martin dont parle
Constantin VII ne tient-elle pas aussi au fait que Gottschalk,
grand voyageur, connaissait en plus du latin, langue incontournable
des lettrés, bon nombre de langues vernaculaires ?
Il devient alors l’intercesseur idéal entre les Francs, les
Croates, les Bulgares et les Byzantins. on prête également à
Gottschalk d’avoir laissé derrière lui, en haute Italie, un petit
groupe de religieux qui continua de développer ses thèses
sur la prédestination. les influences et les débats engendrés
par notre moine gyrovague dépassèrent donc largement l’aire
des provinces de reims, de Mayence et de lyon.
Conclusion II
(116) In Code du roi Tomislav, Klaic, p. 213,
Zagreb, (1925).
(117) In Histoire croate, S. Sakac, contrat du
pape agaton contre la guerre (Croatie sacrée)
p. 433/434, Zagreb, (1925).
(118) on retrouve là le portrait physique de
Gottschalk fait par Hincmar dans une lettre
adressée à egilon : «sed postquam in eamdem
mansionem intrauit, non solum corpus lauare
noluit, uerum nec manus, nec faciem…»
(119) Porphyrogénète a donc eu connaissance
de la condamnation de Gottschalk à Quierzy
ainsi que des sévices qu’il y avait subis.
(120) après sa mort, les moines d’Hautvillers
chantèrent sa réhabilitation et insérèrent dans
leur martyrologe, sous la rubrique du 30
octobre, après avoir commémoré quatre autres
religieux, le texte suivant : Commemoratio
domnorum Marci, Hermeri, Witerbi et Petri
hujus monasterii monachorum. Et piae memo-
riae Gothescalci natione Germani, a praelaris
ingenii dotibus cognomento Fulgentii. … Ubi
falso criminatus, praecipitanter iudicatus, et
iniuste damnatus… per annos nihilominus fere
uiginti demorari compulsus… anno salutis
octogentesimo sexagesimo octauo aetatis sexa
gesimo secundo.
Mémoire des frères Marc, Hermeric,
Viterbe et Pierre, moines de ce monastère,
et aussi du pieux souvenir de
Gothescalc, germain d’origine, surnommé
Fulgence pour l’éclat de son génie. …
Faussement accusé, jugé sans examen,
injustement condamné ; pendant 20 ans
environ, il fut forcé de vivre en ce lieu.
l’an de notre salut, le 868 e ; de son âge, le
62 e , ce texte nous donne une autre indication
sur la naissance de Gottschalk. In
abbé Manceaux, Histoire de l’abbaye
d’Hautvillers, p. 253.