Bernard Boller, Gottschalk d'Orbais de Fulda à Hautvillers

veut sauver tous les hommes sans exception, de tous les
lieux, de toute race, de toute époque, mais il n’affirme pas
moins que le cas des hérétiques, des païens et des juifs 307 ne
le préoccupe pas. Il faut être dans l’église pour être sauvé.
le rémois dans son passage sur le «De uocatione gentium»
308 voyait plus loin et posait le problème de la valeur
des actes des païens devant dieu. Sur le fond rien ici ne
sépare Hincmar de Gottschalk. l’argumentaire hincmarien
paraît très spécieux, mais est-ce vraiment surprenant pour
une question si vaste, qui comportait au IX e siècle bien des
risques d’erreurs ? Gottschalk avait senti intuitivement
toute l’irréductibilité du temps et de l’espace. Sa logique,
appuyée sur un augustinisme absolu et rigide, explique ses
prises de positions initiales et, dégagé de toute responsabilité
sacerdotale, il pouvait, contrairement à son archevêque,
considérer la liberté de choix des hommes comme parfaitement
négligeable. Sa psychologie est là, sur plus d’un
point, comparable à celle de saint augustin. n’a-t-il pas pu
se sentir contraint par la grâce ?
Malgré tout, reims, avec Hincmar, devient la métropole la
plus influente de l’empire franc de l’ouest. les écrits politiques
occupent une place centrale dans l’œuvre littéraire
d’Hincmar. Il tient les annales royales de 861 à 882 309 , il
devient le théoricien du pouvoir royal dans son «De ordine
palatii» ; se fondant sur l’organisation du palais de
Charlemagne, il dresse un tableau de l’ancienne conception
carolingienne du gouvernement et devient certainement
malgré lui le premier conseiller à la cour de Charles
le Chauve. avec son mémoire «De iure metropolitarum» 310 ,
il remonte, comme d’habitude, au déluge afin de prouver
qu’aucun pouvoir, fût-il royal, donc de droit divin, ne
(309) Annales de Saint-Bertin, F. Grat, J. Vielliard
et S. Clemencet, Paris (1964).
(310) T. Gross et r. Schieffer traduction du
manuscrit de Bâle, bibliothèque universitaire,
o, II, 29, Hannovre (1980).
IV. le conflit
(311) 872/882.
(312) Le Palanquin de Salomon in Zahlenzymbolik
bei Hraben, bei Hincmar, par B. Täeger,
Munich (1970).
(313) P. l., CXXV et CXXVI.
Gottschalk d’Orbais
de Fulda à Hautvillers :
une dissidence
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