Bernard Boller, Gottschalk d'Orbais de Fulda à Hautvillers
Bernard Boller, Gottschalk d'Orbais de Fulda à Hautvillers
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puis amené <strong>de</strong> force au syno<strong>de</strong> <strong>de</strong> Quierzy, afin qu’on le fit<br />
s’expliquer et en espérant qu’il s’y renierait. la contrainte<br />
du fouet et la mutilation <strong>de</strong> sa langue : «perpetuum silentium<br />
ori» 331 ne le firent pas plier, bien au contraire.<br />
<strong>Gottschalk</strong> dut également jeter au feu ses écrits avant<br />
d’avoir été laissé pour mort 332 . la violence relatée par les<br />
prélats fut exceptionnelle pour son temps. les châtiments<br />
corporels étaient monnaie courante <strong>à</strong> cette époque et l’offuscation<br />
attestée par un grand nombre <strong>de</strong> religieux nous<br />
incite <strong>à</strong> penser qu’ils sortaient <strong>de</strong> la norme et <strong>de</strong>s usages<br />
habituels envers les moines.<br />
la sanction n’eut pas l’effet escompté par Hincmar.<br />
l’engagement royal ne fut pas davantage efficace. l’eglise<br />
franque s’est un temps fracturée au point que remy, archevêque<br />
<strong>de</strong> lyon, s’est exaspéré <strong>de</strong> voir le malheureux torturé<br />
avec une «irreligiositas» et une cruauté inouïes.<br />
l’excommunication et le lynchage déchirèrent la communauté<br />
<strong>de</strong>s évêques 333 . le désordre enfla et la victimisation<br />
<strong>de</strong> <strong>Gottschalk</strong> n’instaura pas un ordre nouveau. l’acte <strong>de</strong><br />
Quierzy <strong>de</strong>vint le référent <strong>à</strong> qui l’on s’en remet pour déci<strong>de</strong>r<br />
<strong>de</strong> ce qu’il faut dire et ne pas dire, il réaffirma que l’infraction<br />
débouche sur la vengeance plutôt que sur <strong>de</strong>s rivalités.<br />
Il démontra que les juges religieux travaillaient<br />
d’abord <strong>à</strong> l’efficacité <strong>de</strong>s règles, instaurant l<strong>à</strong> qu’aucune<br />
trace <strong>de</strong> compromis avec la métaphysique du sacré ne puisse<br />
être possible. C’est en cela que le sacré fut complètement<br />
réduit <strong>à</strong> <strong>de</strong>s rapports purement humains.<br />
(331) l’archevêque <strong>de</strong> lyon remy confirme<br />
dans ses écrits l’horreur <strong>de</strong> la punition : « on<br />
dit qu’il a été déchiré «atrocissime» et sans<br />
miséricor<strong>de</strong>…»<br />
C.J. Hefele, Histoire <strong>de</strong>s conciles, livre XXII,<br />
p. 155 (1911).<br />
(332) Pru<strong>de</strong>nce <strong>de</strong> Troyes, qui prit parti après<br />
Quierzy pour la double pré<strong>de</strong>stination au<br />
concile <strong>de</strong> Paris <strong>à</strong> l’automne 849, ne laisse<br />
aucun doute sur le caractère politique <strong>de</strong> la<br />
condamnation et les violences faites : «Quem<br />
V. la condamnation<br />
rex christianae fi<strong>de</strong>i strennuissimus cultor<br />
Karollus aduocato sanctorum memoratae dioceseos<br />
episcorum conuentu, suis aspectibus<br />
praesentari <strong>de</strong>creuit» et <strong>de</strong> conclure sur<br />
<strong>Gottschalk</strong> : «Quo perductus, publice flagellatus<br />
librosque suarum adsertionum igni cremare<br />
compulsus est».<br />
Annales <strong>de</strong> Saint-Bertin, F. Grat, J. Vielliart et<br />
S. Clémencet. Paris (1964).<br />
(333) Liber <strong>de</strong> tribus epistolis.<br />
P.l. CXXI, col. 1028, 1030.<br />
<strong>Gottschalk</strong> d’Orbais<br />
<strong>de</strong> <strong>Fulda</strong> <strong>à</strong> <strong>Hautvillers</strong> :<br />
une dissi<strong>de</strong>nce<br />
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