Bernard Boller, Gottschalk d'Orbais de Fulda à Hautvillers

énormité ”qu’aucun catholique n’a jamais soutenue 272 . le
Christ ”nous a guéris et libérés en nous arrachant à la servitude
du ”péché» 273 .
les auteurs de ce traité passent au crible les thèses
hincmariennes et blâment sévèrement les rigueurs dont
on a usées envers Gottschalk. Pour eux, il n’appartenait
pas à des moines mais aux évêques seuls de le condamner.
Il était à demi-mort 274 quand on le força à jeter ses
écrits au feu. et les rédacteurs du «Liber» de s’interroger :
«Pourquoi avoir agi autrement qu’avec les autres héré-
“tiques qu’on s’efforce de persuader ? Il faut réprimer les
“excès de langage tout en respectant la vérité divine, et,
“sauf la doctrine exprimée sur le libre arbitre, les doctrines
“formulées ne sont pas des opinions hasardeuses 275 mais
“des enseignements reçus.» les auteurs lyonnais écrivent
qu’il faudrait adoucir la détention de Gottschalk, voire y
mettre fin, et ajoutent : «Tant de rigueurs et de si longues, ne
“sont bonnes qu’à la désespérance» 276 .
Hincmar ayant formulé la doctrine qu’il opposait comme
vérité catholique, le texte du «Liber» contredit l’archevêque
en ces termes : «Hincmar de reims veut absolument
”que le Christ soit mort pour tous, alors que l’ecriture
dit ”simplement plusieurs ou beaucoup. Il ne veut pas
entendre ”parler d’une double prédestination, cependant il
est ”constant que dieu prédestine les méchants à la mort
sans ”les contraindre au mal. la logique veut qu’il confesse
la ”prédestination corrélative des méchants à la
peine» 277 .
Gottschalk a raison contre Hincmar dans l’interprétation
de nombreux passages de l’écriture et le clergé lyonnais le
(276) Il est fait preuve ici d’une fine psychologie
et cette approche semble bien connaître
les ressorts du prisonnier d’Hautvillers.
(277) P. l. CXXX, c. 1037.
(278) P. l. CXXXVI, c. 1067.
(279) Nullatenus credendum est quod, in primo
IV. le conflit
homine, murtu anima per peccatum, non fuerit
uoluntas mortua eodem peccato.
(280) Bonum itaque nostrum dei est, quia
totum ex deo est ; et nihil boni nostrum est
quia nihil boni nostri ex nobis est.
(281) le cœur endurci de Pharaon.
Gottschalk d’Orbais
de Fulda à Hautvillers :
une dissidence
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