Bernard Boller, Gottschalk d'Orbais de Fulda à Hautvillers
Bernard Boller, Gottschalk d'Orbais de Fulda à Hautvillers
Bernard Boller, Gottschalk d'Orbais de Fulda à Hautvillers
You also want an ePaper? Increase the reach of your titles
YUMPU automatically turns print PDFs into web optimized ePapers that Google loves.
<strong>Gottschalk</strong> d’Orbais<br />
<strong>de</strong> <strong>Fulda</strong> <strong>à</strong> <strong>Hautvillers</strong> :<br />
une dissi<strong>de</strong>nce<br />
24<br />
I. le regnum Francorum<br />
taient la clôture sans avoir la vocation et, imposer coûte<br />
que coûte la validité <strong>de</strong> l’engagement parental, n’était pas<br />
sans nuire <strong>à</strong> la vie monastique. <strong>Gottschalk</strong> parmi bien<br />
d’autres en fut l’incarnation. Certaines situations entraînaient<br />
<strong>de</strong>s désordres moraux : les moines <strong>de</strong> l’abbaye <strong>de</strong><br />
<strong>Fulda</strong> en avaient averti l’empereur dès 812 dans une supplique<br />
<strong>à</strong> Charlemagne : «Que personne», <strong>de</strong>mandaient-ils,<br />
«ne soit ”fait moine <strong>de</strong> force ou tondu comme clerc, qu’il<br />
soit libre ”ou serf, car tel homme reçu sous la contrainte au<br />
monas- ”tère s’y manifeste par <strong>de</strong>s crimes et <strong>de</strong>s vices» 42 .<br />
l’entrée en religion pour <strong>de</strong>s raisons politiques ou économiques<br />
<strong>de</strong>meure monnaie courante tout au long du IX e<br />
siècle. les ambitions politiques <strong>de</strong>s grands laïcs, conjuguées<br />
aux besoins économiques <strong>de</strong>s monastères, condamnent<br />
<strong>de</strong>s centaines d’enfants <strong>à</strong> la vie religieuse forcée.<br />
Cette pratique <strong>de</strong> l’oblation, <strong>de</strong> la tonsure par calcul familial,<br />
introduisit dans les monastères carolingiens <strong>de</strong>s éléments<br />
<strong>de</strong> troubles et <strong>de</strong> désordres graves. Mais les canons<br />
maintinrent la légitimité <strong>de</strong> ces pratiques et le concile <strong>de</strong><br />
Worms en 868 conclut <strong>à</strong> la prohibition du mariage <strong>de</strong>s<br />
oblats <strong>de</strong>venus pubères, même s’ils ne souhaitaient pas<br />
ratifier le don <strong>de</strong> leurs parents 43 . Cette contrainte cœxistait<br />
avec l’obligation du célibat et la pratique régulière <strong>de</strong> la<br />
continence n’était pas sans susciter <strong>de</strong>s déséquilibres psychologiques<br />
ouvrant la porte aux excès et aux violences.<br />
les religieuses aussi n’étaient pas épargnées par l’exigence<br />
<strong>de</strong>s renoncements. rudolf, rédacteur <strong>de</strong>s annales <strong>de</strong><br />
<strong>Fulda</strong> vers 836, nous apprend que le monastère <strong>de</strong><br />
Bischofsheim, aujourd’hui Frauenberg, et dont lioba 44 ,<br />
parente <strong>de</strong> Boniface, fut abbesse, recevait <strong>de</strong>s oblatures <strong>à</strong><br />
un âge où l’âme ne mesure par toutes les contraintes, ce qui<br />
alimentait le monastère en sujets instables.<br />
(42) In, M.G.H. Epistolae IV, 549.<br />
(43) C. <strong>de</strong> Clercq : in Revue <strong>de</strong> droit canonique,<br />
p.116, VII 2, (1957).<br />
(44) Cf. rudolfe Ful<strong>de</strong>nsi. «Vita Leobae abbatissae<br />
biscofesheimensis» : in M.G.H. S.S. XV,<br />
I, 129.