Bernard Boller, Gottschalk d'Orbais de Fulda à Hautvillers

Cette dispute s’impose à l’attention par le nombre de théologiens
qui y furent impliqués. elle poussa Charlemagne à
convoquer un concile à Francfort en 794 et valut à Félix
d’Urgel, un des protagonistes de l’affaire, auteur de nombreux
traités, deux condamnations et l’exil à lyon jusqu’à
sa mort en 816. Une autre querelle trinitaire naît en 808,
car le pape léon III (795 - 816) affirme l’orthodoxie de
l’addition du mot «filioque» à la formule «ex patre procedentem».
Toute conception de la Trinité pose que le Père
est principal et que le Fils et le Saint-esprit en procèdent.
Mais il est d’autres thèmes à controverse, notamment ceux
qui feront l’objet des questions et réflexions de Gottschalk.
Quel est le rapport des personnes à l’unité divine ? Faut-il
faire porter l’accent sur le Père, le Fils, l’esprit, ou sur
dieu ? Faut-il poser trois personnes référées à une divinité
commune, ou une divinité qui se déploie en trois personnes
? Gottschalk, et son adversaire Hincmar, ne se querelleront
pas pour le détail de cette problématique, mais
davantage pour une question liturgique et sur les procédés
de preuve utilisés par l’un et par l’autre.
l’expression qui revient constamment chez Gottschalk,
dès qu’il est question de dieu, est le couple d’adjectifs
«unus et trinus». on les trouve dans ses textes poétiques :
«deus trine, deus une» 164 ou encore «trinum unumque
deum», dans sa lettre en vers à ratramne 165 . on retrouve
aussi très souvent la distinction des personnes dans ses
textes en prose 166 . Il n’est pas question d’entreprendre une
énumération des passages où l’on trouve le «unus et tri-
(164) Godescalci carmina, VI, 8, 3, éd.
Traube, M.G.M., Poeta latini aevi karolini, III,
p. 732.
(165) Ibid., p. 734.
(166) «Et quia scis eum germanissimum mihi
liberes eum id est liberum facia funditus gatis
a seruitute peccati, quin et effectum uas misericordiae
et filium promissionis atque disruptis
omnibus uinculis suis gratuitis misericor-
III. l’œuvre
diis et miserationibus tuis, commendes eum
patri tuo et tibi et spiritui sancto communi uestro
amori, quatinus magis ac magis deinceps
adoliscentem tam pulchrum delectet in dies
propter uos trinam et unam solam merito semper
adorandam colendam tremendam et utinam
gratis praesentialiter et perpetualiter possessuram
pariter et possidendam potiendam
perfruendam pulchritudinem (suite page 76)
Gottschalk d’Orbais
de Fulda à Hautvillers :
une dissidence
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