Bernard Boller, Gottschalk d'Orbais de Fulda à Hautvillers
Bernard Boller, Gottschalk d'Orbais de Fulda à Hautvillers
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<strong>Gottschalk</strong> d’Orbais<br />
<strong>de</strong> <strong>Fulda</strong> <strong>à</strong> <strong>Hautvillers</strong> :<br />
une dissi<strong>de</strong>nce<br />
20<br />
I. le regnum Francorum<br />
son père, le comte Berno ou Bernus, comme moine oblat <strong>à</strong><br />
l’abbaye <strong>de</strong> <strong>Fulda</strong>, en Hesse. en quittant le milieu au sein<br />
duquel il a vécu, le jeune oblat affronte désormais une réalité<br />
nouvelle 27 . Malgré la clôture <strong>de</strong> l’école latine <strong>de</strong> <strong>Fulda</strong>,<br />
<strong>à</strong> tout moment il s’offre <strong>à</strong> <strong>de</strong>s aspects nouveaux, entre en<br />
relation avec <strong>de</strong>s inconnus, constate, hors <strong>de</strong> sa <strong>de</strong>meure<br />
parentale, cadre stable et sécurisant, <strong>de</strong>s espaces <strong>de</strong> vie<br />
organisés différemment, et découvre la discipline <strong>de</strong>s<br />
classes et <strong>de</strong>s dortoirs. Un être aussi sensible, on le verra<br />
ultérieurement dans sa poésie, n’étant plus au centre du<br />
«domus» familial, vit sa première marginalité. Tout jeune<br />
oblat, <strong>Gottschalk</strong> ne pouvait adhérer <strong>à</strong> l’«Oblatio puerorum»<br />
28 , et n’était pas sans se rappeler la tradition saxonne<br />
familiale 29 . Certes les familles nobles offrantes du point <strong>de</strong><br />
vue <strong>de</strong> la liturgie, participaient ainsi activement <strong>à</strong> leur<br />
<strong>de</strong>man<strong>de</strong> d’intercession auprès <strong>de</strong>s moines. Mais chez les<br />
Saxons fraîchement convertis au christianisme, cette éducation<br />
rencontrait <strong>de</strong>s résistances et l’engagement, que les<br />
parents prenaient pour un fils, ne respectait pas le<br />
droit coutumier. la noblesse saxonne rejetait sans concession<br />
les vœux solennels <strong>de</strong>s oblats et proclamait : «qu’un<br />
homme libre ne pouvait faire <strong>de</strong> son fils un esclave» 30 . Se<br />
mesure ici le <strong>de</strong>gré d’adhésion <strong>de</strong>s peuples convertis <strong>de</strong><br />
(27) dans une lettre <strong>de</strong> son ami Walafrid<br />
Strabon, on peut lire : « atque in paupere,<br />
passa est quam nostra iuventus » rappelant<br />
ainsi les privations <strong>de</strong> leur jeunesse. Cf.<br />
dümmler : in Poet. aevi Carolini, t. II, p. 363.<br />
(28) dans son dictionnaire d’archéologie chrétienne<br />
et <strong>de</strong> liturgie, Paris, (1936), H. leclerc<br />
considère que l’oblation ne pouvait se faire avant<br />
l’âge <strong>de</strong> 10 ans. Il est <strong>à</strong> noter cependant que la<br />
règle instituée par saint Basile, inspirateur avec<br />
Sturm <strong>de</strong> <strong>Fulda</strong>, limitait <strong>à</strong> 15 ans l’état d’oblat.<br />
(29) dans une lettre attribuée <strong>à</strong> loup <strong>de</strong><br />
Ferrière datée <strong>de</strong> février 842 : «est autem,<br />
quem benignitati uestrae plurimum commendat,<br />
propinquus ejus Bernus, a beatae memoria<br />
glorioso imperatore hl(udouico) tenere<br />
educatus et claris ornatus honoribus» (or il en<br />
est un qu’il recomman<strong>de</strong> beaucoup <strong>à</strong> votre<br />
bienveillance, son parent Bernus, élevé tendrement<br />
et revêtu d’illustres charges par le glorieux<br />
empereur louis). Cf. l. levillain : in<br />
Correspondance <strong>de</strong> loup <strong>de</strong> Ferrière, t. I,<br />
p. 126, éd. les Belles lettres , (1964) . Sur ce<br />
personnage, candidat au siège d’autun, on ne<br />
sait rien d’autre. la parentèle du comte<br />
Bernus, père <strong>de</strong> <strong>Gottschalk</strong>, reste <strong>à</strong> établir. Il<br />
est intérressant <strong>de</strong> signaler l’homonymie <strong>de</strong><br />
cet évêque d’autun. Mais dès 843 on trouve<br />
sur ce siège, alteus.<br />
(30) Cf. K. Vielhaber : in <strong>Gottschalk</strong> <strong>de</strong>r<br />
Sachse, p. 15, éd. ludwig röhrscheid Verlag,<br />
Bonn, (1956).