Bernard Boller, Gottschalk d'Orbais de Fulda à Hautvillers

interventions dans les querelles théologiques. Son audience
était immense, ses facultés lui permirent de rendre une telle
production au fait qu’il fut l’un des plus grands compilateurs
de son époque. Il apparaît comme le lettré qui collecte une
foule d’informations et, malgré la multiplicité des sujets
qu’il traita, ses efforts portèrent avant tout sur le clergé et sa
formation : cela lui valut le titre de «praeceptor germaniae»
et entretint le souvenir de son action pastorale, missionnaire
et pédagogique. C’est ce dernier élément qui pèsera de tout
son poids contre l’enseignement de Gottschalk.
l’autre contradicteur majeur, qui jouera un rôle moteur
dans la querelle de la prédestination, fut Hincmar : fin procédurier,
il a produit bon nombre de textes juridiques qui
s’appuyaient sur une extraordinaire culture en matière de
littérature patristique.
Parmi les attitudes formelles d’Hincmar, celle qui nous
semble avoir le plus de signification est le troisième texte
adressé à egilon concernant les clercs ordonnés par ebon,
son prédecesseur. l’archevêque a constitué un véritable
dossier et entend y déjouer un complot 301 . Pour lui, son collègue
egilon doit avoir une connaissance parfaite de ses
arguments 302 . Il joint à son dossier tous les courriers que le
pape nicolas 1 er lui a envoyés ainsi que celui que le pontife
a fait remettre au roi Charles. Mais l’archevêque de
reims n’y joint pas les divergences apparues entre les
membres du synode de douzy sur l’affaire Wulfade, par
crainte que le pape n’en tire argument 303 . Ce cas révèle
combien étroite est la marge entre le calculateur fourbe et
le prélat intransigeant. C’est là un Hincmar peu sympa-
(301) M.G.H., 193.
(302) Il justifie ses recommandations de la
sorte : «S’il se trouvait dans la position de messager
d’egilon, il aimerait recevoir des instructions
très précises…» M.G.H., III, p. 192.
(303) l. levillain dans l’introduction de l’édi-
IV. le conflit
tion des annales de Saint-Bertin par Félix Grat,
ne ménage pas ses critiques envers l’archevêque
rémois. en parlant de la «Gesta
Hincmari», il écrit : «elle nous permet d’atteindre
l’âme de son auteur, ambitieuse, autoritaire,
vaniteuse et rancunière». p. XIV.
Gottschalk d’Orbais
de Fulda à Hautvillers :
une dissidence
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