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Bernard Boller, Gottschalk d'Orbais de Fulda à Hautvillers

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<strong>Gottschalk</strong> d’Orbais<br />

<strong>de</strong> <strong>Fulda</strong> <strong>à</strong> <strong>Hautvillers</strong> :<br />

une dissi<strong>de</strong>nce<br />

80<br />

III. l’œuvre<br />

Ses connaissances profon<strong>de</strong>s en matière grammaticale lui<br />

permettront <strong>de</strong> soutenir son raisonnement théologique.<br />

C’est sur la distinction du nombre que porteront le plus<br />

souvent ses remarques :<br />

«dum sub numero singulari dicitur <strong>de</strong>itas trina licet non sit<br />

dicta subintellegitur tamen simul et una» 181 . autrement dit<br />

l’expression «<strong>de</strong>itas trina», si on l’interprète correctement<br />

renferme <strong>de</strong>ux idées : d’abord par la signification <strong>de</strong> l’adjectif<br />

«trinus», elle pose une idée <strong>de</strong> trinité, ensuite par sa<br />

flexion grammaticale elle implique, «licet non sit dicta»,<br />

une singularité. <strong>Gottschalk</strong> tire parti non seulement du sens<br />

<strong>de</strong>s mots, mais encore <strong>de</strong>s circonstances <strong>de</strong> leur emploi et,<br />

ce qui est pertinent ici chez lui, c’est le dépassement <strong>de</strong><br />

l’abstraction du vocable isolé vers le rôle syntaxique indiqué<br />

par la morphologie. en tout état <strong>de</strong> cause, on voit que<br />

la grammaire offre <strong>à</strong> <strong>Gottschalk</strong> un moyen d’exposition<br />

précis. dans sa recherche théologique sur la trinité en <strong>de</strong>rnière<br />

analyse, seule la formule «una et trina <strong>de</strong>itas» respecte<br />

la totalité <strong>de</strong> la révélation en faisant la synthèse <strong>de</strong>s<br />

thèmes que les hérésies adoptent séparément. C’est un<br />

principe <strong>de</strong> composition que l’on retrouvera <strong>à</strong> d’autres<br />

moments <strong>de</strong> l’histoire <strong>de</strong>s idées 182 , l’absorption synthétique<br />

<strong>de</strong>s doctrines opposées est considérée comme une garantie<br />

<strong>de</strong> vérité. <strong>Gottschalk</strong> a posé la déité comme <strong>à</strong> la fois une et<br />

trine. le débat sera loin d’être clos et rebondira sous<br />

d’autres formes avec autant <strong>de</strong> vigueur au cours du XII e<br />

siècle. abélard dans ses «Theologia» verra également ses<br />

théories sur la trinité vivement controversées et condamnées.<br />

abélard ne faisant que réinterpréter le «De tribus diebus»<br />

d’Hugues <strong>de</strong> Saint-Victor († 1141).<br />

les hardiesses <strong>de</strong> pensée <strong>de</strong> <strong>Gottschalk</strong> ne se limitèrent<br />

point au seul problème trinitaire mais surtout <strong>à</strong> la théologie<br />

(181) d.C. lambot, p. 22. l. 2, 3, 4. (182) Pensons simplement <strong>à</strong> Pascal entre<br />

epictète et Montaigne.

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