Bernard Boller, Gottschalk d'Orbais de Fulda à Hautvillers
Bernard Boller, Gottschalk d'Orbais de Fulda à Hautvillers
Bernard Boller, Gottschalk d'Orbais de Fulda à Hautvillers
Create successful ePaper yourself
Turn your PDF publications into a flip-book with our unique Google optimized e-Paper software.
morphes, le port d’amulettes et les cultes panthéïstes.<br />
a l’époque <strong>de</strong> <strong>Gottschalk</strong>, le chrétien instruit et le paysan<br />
illettré partageaient-ils les mêmes croyances <strong>de</strong> base sur le<br />
mon<strong>de</strong> où ils vivaient ?<br />
Boniface dès 742 condamnait les para<strong>de</strong>s annuelles, les<br />
tables chargées <strong>de</strong> victuailles, les phylactères aux formules<br />
d’exorcismes vendus comme talismans autour <strong>de</strong>s églises.<br />
Un contemporain <strong>de</strong> <strong>Gottschalk</strong>, l’évêque agobard <strong>de</strong><br />
lyon († 840), rédigea un traité intitulé : « Livre contre<br />
l’obscure croyance du vulgaire <strong>à</strong> propos <strong>de</strong> la grêle et <strong>de</strong>s<br />
coups <strong>de</strong> tonnerre ».<br />
Cet érudit commence ainsi son ouvrage : «dans ces<br />
régions ”presque tous les hommes, nobles et non nobles,<br />
gens <strong>de</strong> la ”ville et <strong>de</strong> la campagne, vieux et jeunes, pensent<br />
que la ”grêle et le tonnerre peuvent être déclenchés <strong>à</strong> volonté».<br />
agobard dénonce les «tempestorii» ou faiseurs <strong>de</strong> mauvais<br />
temps, venant d’un pays céleste appelé nogania et naviguant<br />
sur les navires célestes. «C’est pure folie et parfaite-”ment<br />
stupi<strong>de</strong>», conclut l’évêque. et la plus gran<strong>de</strong> stupidité<br />
<strong>à</strong> laquelle il lui fut donné d’assister sera l’exhibition<br />
<strong>de</strong> quatre personnes ligotées et prisonnières qui, soi-disant<br />
étaient tombées par <strong>de</strong>ssus bord 54 . agobard cite également<br />
une explication aussi sotte concernant les maladies du<br />
bétail et dans une argumentation <strong>de</strong> plusieurs pages, avec<br />
force références <strong>à</strong> l’écriture, explique que : «la vérité vient<br />
(57) «Il y a d’autres maux pernicieux qui sont<br />
assurément <strong>de</strong>s restes <strong>de</strong> paganismes, tels que<br />
sont la magie, l’astrologie judiciaire, le sortilège,<br />
le maléfique ou l’empoisonnement, la divination,<br />
les charmes et les conjectures qui se<br />
tirent <strong>de</strong>s songes. Ces maux doivent être très<br />
sévèrement punis selon la loi <strong>de</strong> dieu. Car il<br />
est hors <strong>de</strong> doute, et plusieurs en ont connaissance,<br />
qu’il y a <strong>de</strong>s gens qui, par les prestiges<br />
et les illusions du démon, gâtent tellement les<br />
esprits <strong>de</strong>s hommes par les philtres <strong>de</strong>s<br />
vian<strong>de</strong>s et <strong>de</strong>s phylactères, qu’ils semblent les<br />
I. le regnum Francorum<br />
rendre stupi<strong>de</strong>s et insensibles aux maux qui les<br />
font souffrir. on dit aussi qu’ils peuvent troubler<br />
l’air par leurs maléfices, envoyer la grêle, prévoir<br />
les choses <strong>à</strong> venir, ôter aux uns leurs fruits<br />
et leur lait pour les donner aux autres et faire une<br />
infinité <strong>de</strong> choses semblables. Si l’on découvre<br />
quelques-uns <strong>de</strong> ces gens-l<strong>à</strong>, hommes ou<br />
femmes, on doit les punir d’autant plus rigoureusement,<br />
qu’ils ont la malice et la témérité <strong>de</strong><br />
ne point appréhen<strong>de</strong>r <strong>de</strong> servir publiquement le<br />
diable» : in Capitularia Regnum Francorum,<br />
t. II, p. 44/45.<br />
<strong>Gottschalk</strong> d’Orbais<br />
<strong>de</strong> <strong>Fulda</strong> <strong>à</strong> <strong>Hautvillers</strong> :<br />
une dissi<strong>de</strong>nce<br />
29